MM. Macron, Darmanin et les extrêmes politiques : deux poids, deux mesures<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et le président de la République, Emmanuel Macron, à Paris en novembre
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et le président de la République, Emmanuel Macron, à Paris en novembre
©Ludovic MARIN / AFP

Oeillères

Que la terreur xénophobique soit sanglante, qui en doute ? Juillet 2011, Norvège, Anders Breivik, 77 morts ; mars 2019, Nouvelle-Zélande, Brendon Tarrant, 52 morts ; et bien d'autres. De même, la terreur post-fasciste fomenta jadis en Italie de sanglants attentats, sur lesquels nous avons produit jadis la première étude criminologique détaillée (voir in fine)

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

Voir la bio »

Encore faut-il que le péril d'une "ultra-droite" terroriste (comme disent les médias) soit réel. L'est-il dans l'Union européenne ? Voici le rapport 2022 d'Europol (European union terrorism situation & trend report), portant sur 2021. Que dit-il ? D'abord, que le terrorisme en général décline : 19 pays sur 27 indemnes... Dans toute l'UE (± 450 millions d'habitants) 15 attentats "entrepris" (réussis ou ratés) ; 55 en 2019, 57 en 2020. 11 sur 15, djihadistes. Les extrémistes ? (Sur 2019-2021, pour lisser la donnée) droite radicale, 6 réussis sur 3 ans, 0 en 2021. Gauche radicale, 52 réussis, 1 en 2021 ; 8,5 fois plus pour l'extrême-gauche.

Or voici peu, les écologistes et macronistes s'alarment de la "menace terroriste suprémaciste de l'ultradroite...La plus importante en Europe (???) ... Il faut détailler leur nombre, leurs activistes, formations et séjours... leurs locaux, structures et financements. Pour l'écologiste, "l'actualité, c'est les menaces de groupes d'extrême-droite toujours plus nombreuses" - Et comment, renchérissent Mme Borne et M. Darmanin. Dès 2021, le préfet Nuñez jouait les vigies : "volonté de recourir à la violence, nouvelle et dangereuse... quelques centaines de personnes suivies... assez fragiles psychologiquement, pouvant passer à l'acte de manière imprévisible..."

Dans cet azimut, qu'advient-il, quand la justice traite l'affaire dite des "Barjols" ? Même le libéral Figaro s'étrangle de la bouffonnerie, dénonçant l'"absurde conspiration... (de) déclassés hétéroclites, paumés et mythomanes ; en prime, un simplet (pour la presse, "atteint d'un handicap mental...champ lexical minimaliste") "sur lequel repose une bonne part du dossier". Effaré, le chroniqueur brocarde une "baudruche procédurale gonflée avec entrain par la justice antiterroriste"... les aveux "admirablement concordants" de putschistes-barbecue... Délit de grande gueule... élucubrations d'après-boire... Et des interrogatoires de la DGSI en mode procès de Moscou ; limite, faux en écriture... Conclusion du Figaro "Grands fabulistes, petites peines"... Aucun condamné renvoyé en prison !

Notons que la justice-Macron, ici féroce, frappe tous types d'auto-défense et de manifestation, s'ils émanent du peuple français ou de la droite nationale : manifestations de sans-papiers autorisées, mais de gilets-jaunes interdites... En décembre 2018, après l'incendie d'une barrière de péage d'autoroute à Narbonne, des lampistes subissent les foudres d'une justice, pour une fois expéditive ; dossiers sommaires et magistrats hostiles : 21 peines de prison ferme. 

Rayon autodéfense, même dureté. En Isère, un cafetier déjà cambriolé six fois, tire dans la nuit (après coups de semonce) sur un cambrioleur entré chez lui. Au village voisin, son collègue a été braqué et cambriolé onze fois... Blessé de quelques plombs, le bandit vient de sortir de prison pour trafic de drogue... Le cafetier est arrêté et menotté devant sa famille et tout le village. 

Dix fois par mois, dans les zones hors-contrôle, des émeutiers font dix fois pire que ce patron de l'Isère ou que les gilets-jaunes de Narbonne. Mais là, d'usage, "pas d'interpellation".

Dans ce concert lourdement répressif, M. Darmanin pratique à tour de bras la dissolution pour "appel à la haine". Est-ce justifié ? Est-ce simplement approprié ? Non. 

Pour nous en convaincre, lisons ce jugement de M. François Sureau, professeur, avocat et académicien (Tract-Gallimard, 2019 "Sans la liberté") : "En se fondant sur la notion de haine, qui est un sentiment relevant du for intérieur, la loi introduit désormais la répression pénale à l'intérieur de la conscience. Cette République dont tous les partis se réclament, c'est bien pourtant la "haine des tyrans"qui l'a soutenue dans ses débuts. La haine peut être blâmable, elle ne l'est pas toujours. Elle ne peut, à elle seule, représenter une occasion de condamner. Comme en matière de terrorisme, cette idée simple que penser n'est pas agir, que dire n'est pas faire, qu'avant l'acte criminel il n'y a rien, le cède chaque fois davantage aux nécessités d'un contrôle social de plus en plus rigoureux".

_______________________

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !