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Menaces de guerre : Xi Jinping, Donald Trump et Theresa May sombrent dans le chantage.  Les européens en sont restés au stade des bisounours...
©Reuters

Atlantico Business

En moins d ‘une semaine, les relations mondiales se sont mises en mode "chantage". Ça promet.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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En 24 heures, le Chinois Xi Jinping à Davos, Donald Trump à New-York, et Theresa May à Londres ont multiplié les menaces sur l’équilibre de la planète. Jusqu‘alors, les relations internationales se sont construites sur des accords bi latéraux, puis multilatéraux. L’OMC avait réussi à fixer des règles globales pour gérer les échanges. Alors l’OMC, na pas toujours pu les faire respecter, mais l’OMC à ouvert la voie à la globalisation permettant à des pays émergents comme la Chine d’amorcer un processus de développement et de trouver les portes de sortie de la misère où ils étaient enfermés depuis des siècles. La Chine, l’Inde, l’Amérique du sud sont passés du statut de pays sous-développés à celui d’émergents sur les grands marchés internationaux. L‘Afrique vient d’arriver sur la même route. Et c’est tant mieux. Ce schéma d’une mondialisation certes très fragile est désormais menacé par des réactions de protectionnisme venant des grands pays développés. Aux USA comme en Europe, les classes moyennes qui ont payé cher, en perdant des emplois, l’enrichissement des émergents, se rebellent et réclament autre chose qu’une mondialisation brutale sur le plan social.

Les réactions politiques passent par une offre de repliement et de chantage. Donald Trump, avant même d’entrer la maison Blanche a lancé les premières notes de musique dissonante. Il a, pêle-mêle sommé les constructeurs automobiles de transférer leurs investissements de production sur le territoire américain. Idem pour beaucoup d’industrie.

A la clef, il menace de mettre des droits de douanes dissuasifs à l’entrée des produits fabriqués à l’extérieur, au Mexique et en Chine dont on sait que les produits représentent l’essentiel de la consommation courante en Amérique. Parallèlement il envoie quelques scuds ou quelques tweets à l'adresse des autorités chinoises, et il bombarde de sms assassins l’Allemagne d’Angela Merkel, histoire de semer la zizanie en Europe.

Theresa May, première ministre de la Grande Bretagne a prouvé dans le même temps qu‘elle n’était pas la petite sœur de Mère Theresa, mais bien la fille cachée de Mme Thatcher et de M Trump. Elle a tout compris. Son discours a donc été bref. L’Angleterre d’abord, ça c’est le coté Thatcher, mais si les autres peuvent continuer à payer les factures, ça c’est le coté Trump.

Le Brexit se fera donc, un Brexit dur, puisque, la Grande Bretagne va donner un coup d’arrêt à la liberté de circulation des hommes, (donc plus de migrations, au passage il y a 300 000 français à Londres) on devrait fermer le tunnel. Et parallèlement, la Grande Bretagne va quitter l’union européenne et négocier des accords commerciaux qui pourraient être les mêmes qu’avant. Si les européens ne le veulent pas, elle menace de transformer la Grande Bretagne en paradis fiscal pour attirer le monde entier qui investit et ensuite dealer avec l’Amérique de Trump. Et réanimer les anciens comptoirs du Commonwealth. Pour un peu, on nous ramènerait à la guerre des Malouines.

Le président Chinois Xi jinping a donc trouvé en arrivant a Davos où il venait pour la première fois, un climat d’hostilité. Ca lui a plu ! Lui qui était habitué aux négociations feutrées et compassées de l’OMC, il a attaqué bille en tête l’Amérique de Trump. Il n’accepte pas les leçons de politique de Donald Trump, et il vient se plaindre de l’Etat déprimé dans lequel se trouve le capitalisme mondial. Ce système est malade et la chine se propose donc de le sauver en réanimant la mondialisation. « Par conséquent, dit-il, à Mr Trump, arrêtez de faire croire que Taiwan n’est pas la Chine, arrêtez d’attaquer la Chine, arrêtez de vouloir bouder les produits chinois, on doit pouvoir s’arranger. C’est dans l’intérêt du capitalisme mondial que nous chinois nous l’avons adopté comme système de progrès et que nous voulons le défendre »

Si le président Chinois s’était arrêté à cette leçon de capitalisme c’eut été assez cocasse, mais il est allé beaucoup plus loin, en menaçant l’occident de représailles en cas de protectionnisme. Représailles, à commencer par une dévaluation de la monnaie, une guerre des changes et des fiscalités pour, là encore, attirer l’épargne. Sans parler de la surenchère que les chinois peuvent faire sur les salaires qu’ils peuvent donner, aux stars occidentales, aux footeux, aux ingénieurs, aux meilleurs des occidentaux dans tous les domaines.

Le président Chinois n ‘est donc pas passé inaperçu. Il a tapé fort en espérant être entendu. La Chine a besoin des pays occidentaux pour écouler ses produits. Elle souffre d’ailleurs du fléchissement de la croissance mondiale. Le président de la Chine, dans son One man Show à Davos, ne manifestait aucune hostilité particulière, Il défendait ses intérêts, comme quand Donald Trump défend ceux de ses électeurs et Theresa May aussi.

En attendant que les esprits de calment et se mettent autour d’une table pour bien mesurer l impact de telle changement, on est entré cette semaine au cœur d’une guerre de chantage, qui peut prendre la forme au départ d’une guerre des changes. La livre sterling a commencé à baisser, le dollar aussi. Mais qu’en sera-t-il quand les Chinois fractureront leur monnaie pour franchir les murs de protections.

Tous les économistes savent à quoi mène une guerre des changes ... elle conduit à creuser des foyers de misère, dans les pays occidentaux (à cause de d’inflation) elle conduit aussi à des délocalisations en masse et dans toutes les directions. Bref, une guerre des changes est ingérable sur le long terme, elle débouche sur une guerre économique et sociale.

Le plus curieux, le plus étonnant et le plus inquiétant dans cette affaire, c’est le silence assourdissant des européens. En toute logique, ils ne peuvent pas accepter de se faire traiter de voyous par Donald Trump, ils ne peuvent pas être menacés d’un chantage fiscal par Theresa May. Les européens sont obligés de réagir.

Soit de menacer à leur tour de s’enfermer dans l’espace Schengen. Apres tout, cet espace Schengen est le seul espace du monde qui pourrait parfaitement vivre en autarcie. Nous n’aurions besoin de personne d’autre, pas même de la Chine. Ou bien si l'Europe ne fait rien et reste en stage au pays des bisounours, elle va éclater. La bombe Brexit pourrait être une bombe à fragmentation. Gare aux éclats !!! 

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