Médecins sans Frontières, complices du Hamas ? Un ancien secrétaire général de l’ONG dénonce<!-- --> | Atlantico.fr
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La façade de Médecins Sans Frontières est photographiée à Delmas, une commune de Port-au-Prince.
La façade de Médecins Sans Frontières est photographiée à Delmas, une commune de Port-au-Prince.
©VALERIE BAERISWYL / AFP

Rôle des ONG

Alain Destexhe, ancien secrétaire général de Médecins sans Frontières, met en doute l’impartialité et l’indépendance de cette organisation internationale.

Alain  Destexhe

Alain Destexhe

Alain Destexhe est député belge,  ex sénateur, initiateur de la commission d'enquête du Sénat belge sur le génocide du Rwanda. Il a également été secrétaire général de Médecins Sans Frontières et est l'auteur de Le mouvement flamand expliqué aux francophones (ed. La Renaissance du livre).

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Atlantico : Vous publiez un rapport de 47 pages dans lequel vous mettez en cause la neutralité et l'indépendance de Médecins Sans Frontières. Selon vous, une partie importante du personnel de MSF à Gaza partage les combats et a soutenu les attaques du 7 octobre. Comment en êtes-vous arrivé à cette conclusion ? Quels sont les éléments qui vous permettent de l'affirmer ? 

Alain Destexhe : Le rapport est basé sur deux éléments : d'abord, les tweets officiels de l'organisation de Médecins Sans Frontières (MSF) et ensuite l'analyse d'une centaine de comptes Facebook d'employés de MSF à Gaza. En recoupant ces deux sources, on voit plusieurs choses. 

On voit d'abord qu'une partie tout à fait significative des employés de MSF à Gaza se sont réjouis ouvertement de l'attaque du 7 octobre. Depuis le début, MSF a choisi de cibler Israël en ne condamnant pas les attaques du Hamas - donc les atrocités du 7 octobre - l'utilisation des hôpitaux comme boucliers humains par le Hamas, etc. Or MSF est présent avec 300 personnes à Gaza. Il est un acteur de premier plan. Il ne peut pas ignorer ce que fait le Hamas à Gaza. Ils ont d’ailleurs repris la fake news de l'attaque israélienne sur l'hôpital Ahli Arab. Ils ont affirmé à ce moment-là que des centaines de personnes avaient été tuées, en se contentant de répéter les chiffres des « autorités locales » , ont-ils dit. Or, il s’agit des chiffres du Hamas. Mais ils ne l’ont pas dit. Et par la suite, ils n'ont jamais reconnu leur responsabilité dans cette fake news. MSF avait repris les mots d’un médecin qui a affirmé que le plafond leur était tombé sur la tête. 

Ce même médecin, le lendemain, alors qu’on sait qu’il s’agissait d’une fake news, écrit sur son Facebook cette fois-ci : « Nous savons maintenant que le nombre de tués dépasse 500. Ce nombre va augmenter. C'était le crime le plus annoncé de l'histoire. » Il perd dès lors toute crédibilité, mais ses propos sont repris sur la BBC et dans plusieurs médias internationaux. 

En revanche, quand il faut dénoncer les actes de l’armée israélienne, MSF est toujours là pour en parler. 

Il y a aussi des accusations qui sont lancées, non prouvées. À un moment, MSF parle d'un sniper qui aurait tué trois personnes dans l'hôpital. Voilà, ce n'est pas nécessairement quelque chose de prouvé. Il y a le fait que des responsables du siège de MSF, le premier jour, font un tweet où ils disent qu'il y a des roquettes qui partent de Gaza. Puis MSF poste le tweet en anglais. MSF affirme qu'il y a une riposte israélienne et s’ensuit une escalade. Mais dans le tweet de MSF en arabe, on ne parle pas de la première frappe du Hamas et on ne parle pas d'escalade. Cela donne l'impression que c'est Israël qui a commencé à attaquer.

Alors, vous dénoncez, si j'ai bien compris, la partialité de MSF, mais ça va même plus loin, puisque si on prend l'exemple de l'hôpital Al-Shifa, soupçonné par Tsahal d'être aussi une structure militaire du Hamas. Pour vous, il est impossible que MSF n'ait rien su ou vu des violations du droit humanitaire dans l'hôpital par le Hamas. Ça les rend complices du Hamas ?

D'abord, je vous corrige légèrement. Ce n'est pas « soupçonné ». « Soupçonné », c'était avant qu'on ait eu la preuve que l'hôpital Al-Shifa était tenu par le Hamas. Maintenant, ce ne sont plus des soupçons, ce sont des preuves, puisqu'on a tous vu ces vidéos d’otages dans l’hôpital. On a vu les armes et les tunnels qui commencent juste au pied de l'hôpital Al-Shifa. Or MSF travaille à l'hôpital Al-Shifa depuis très longtemps.

Quand l'armée israélienne attaquait Al-Shifa, MSF a donné des descriptions très précises de la situation.  Ils ont beaucoup communiqué sur ça. On peut légitimement se demander ce que savaient les employés de MSF à Al-Shifa, à la fois sur l'utilisation de l'hôpital comme caserne ou entrepôt d'armes de la part du Hamas, mais aussi sur la présence éventuelle d'otages.

Étant donné qu'il y a des otages français, j’estime que la justice française devrait enquêter sur les points soulevés.

Avec ce rapport, que voulez-vous montrer ? Le but est d’alerter les autorités françaises ?

D'abord, alerter la presse, si vous voulez. Vu la notoriété de MSF détenteur du prix Nobel de la paix et comme il n'y a pas beaucoup de témoins présents à Gaza, la parole de MSF est prise pour argent comptant. Je vous ai donné l'exemple de ce médecin à l'hôpital Ahli Arab.  Son témoignage n’est pas crédible. Autrement dit, la première chose que je veux faire avec ce rapport, c'est alerter sur le fait qu'il faut arrêter de prendre comme parole d'Evangile, si je puis dire, ce que dit MSF. Il faut vérifier ses sources et les recouper, faire un travail de journaliste en somme. 

Le deuxième élément, c'est de reconnaître que MSF n'est pas neutre dans ce conflit et viole sa charte, elle viole sa neutralité, elle viole son impartialité, elle viole son indépendance. MSF est censée être neutre, impartiale et indépendante. Il peut y avoir une forme de complicité avec le Hamas si on prend en compte la communication de MSF depuis le 7 octobre.

Enfin, dernière chose, il serait intéressant et même indispensable concernant le sort des otages de savoir ce que le personnel de MSF à Al-Shifa savait exactement, à la fois de l'utilisation de l'hôpital comme structure militaire par le Hamas avant la guerre et pendant le conflit en lien avec la détention des otages.

Ce sont ces trois points majeurs sur lesquels je souhaite insister.

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