Marine le Pen rejetée de la grande marche républicaine : comment le PS s’est tiré une énième balle dans le pied<!-- --> | Atlantico.fr
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Marine le Pen a été rejetée de la grande marche républicaine de dimanche.
Marine le Pen a été rejetée de la grande marche républicaine de dimanche.
©Reuters

Ostracisation

Le parti socialiste a choisi de désigner les bons et les mauvais adversaires du terrorisme, légitimant ainsi le concept d'UMPS face au seul Front National.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Peut-on définir les limites de l'Union Nationale qui, par définition, devrait englober tout le monde ? Faut-il la différencier de l'Arc Républicain ou du Front Républicain qui désigne les partis dits de gouvernement lorsqu'ils s'unissent pour défendre une cause ? La question n'a pas tardé à se poser et à faire polémique à propos de la participation du Front National à la Marche Républicaine de dimanche prochain.

Après le choc provoqué par l'attentat contre Charlie Hebdo, il a fallu dépasser le stade des rassemblements spontanés et passer aux choses concrètes ; car déplacer des centaines de milliers voire des millions de personnes dans les rues de Paris exige une organisation précise et un encadrement adéquat. "L'intendance suivra", disait de Gaulle. En l'occurrence, l'intendance, c'est une coordination mise en place à l'initiative des partis de Gauche - principalement du PS, qui englobe également l'UMP, l'UDI, et Debout la République - qui s'est mise au travail jeudi après midi. Mais quid du Front National ? 

"Il ne faut exclure personne", a osé avancer le député PS de Seine et Marne et par ailleurs porte parole du parti, Olivier Faure. Dans les couloirs de l'Assemblée, au moment de la cérémonie de la minute de silence à la mi-journée, quelques uns partageaient son point de vue. Mais qu'en était-il du FN ? A écouter et lire les réactions des uns et des autres, on comprenait dès mercredi qu'au FN les opinions étaient partagées et qu'il n'y avait pas unanimité sur l'attitude à adopter à la tête du Parti de Marine Le Pen. Celle-ci s'efforçait d'entretenir le suspense jusqu'au moment de sa visite à François Hollande ce vendredi, pour dire si oui ou non le FN serait partie prenante de la manifestation, tout en rappelant que "l'aveuglement et la surdité de nos dirigeants, depuis des années, est en partie responsable de ce genre d'attentats". Si autour d'elle, on se montrait plutôt favorable à l'éventualité d'une participation (Marine Le Pen défilant aux cotés de Nicolas Sarkozy ou Jean-Christophe Cambadélis, quelle image en perspective !), le président d'honneur du FN, Jean Marie-Le Pen affichait ses réserves dès mercredi et donnait en quelque sorte le "la", en déclarant qu'il n'avait "pas envie de soutenir l'action gouvernementale impuissante et incohérente face à un problème qui touche, évidemment de très près, à l'immigration massive subie par notre pays depuis quarante ans"...

A vrai dire on ne lui en demandait pas tant, surtout au PS où Olivier Faure a été prié de remettre sa proposition dans sa poche, tandis que François Lamy, chargé de l'organisation de la marche pour le Parti expliquait que "le FN n'a pas sa place" dans cette manifestation. Arguant que Nicolas Sarkozy avait été formellement convié par le Premier ministre, Marine Le Pen, a pu se poser en victime et a multiplié les déclarations indignées dans les médias : "Nous sommes exclus... Nous envisagions de nous y rendre mais nous n'irons pas". En réalité, cette exclusion a aussi retiré une épine du pied de la présidente du FN qui n'a pas eu à trancher entre un affichage aux cotés de "l'UMPS" tant décriée et la posture du "seul contre tous". Et le PS s'est tiré une balle dans le pied en désignant les bons et les mauvais adversaires du terrorisme, mais en légitimant le concept d'UMPS face au seul Front National.

Il n' y avait dans doute pas de bonne solution, car pour la Gauche de la Gauche la présence officielle du Front National n'était pas envisageable. Mais cette ostracisation a jeté une ombre sur la journée de recueillement à la mémoire des victimes de Charlie Hebdo. "Les électeurs s'en souviendront", a glissé Marine Le Pen dans une de ses déclarations. C'est peut-être en pensant à cela que le premier secrétaire du PS a tenté de calmer la polémique en déclarant que "cette manifestation, elle appartient à la France, aux Français, et ceux qui veulent venir viennent". Au fait, en mars prochain, les électeurs se souviendront-ils que l'UMP s'est prononcée en faveur de la participation du FN à la manif anti-terroriste ou que le PS l'a rejetée ?

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