Intouchable !
Mais pourquoi François Bayrou est-il encore haut-commissaire au plan ?
Seul Macron a la réponse à cette question.
Benoît Rayski
Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.
Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.
Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.
La police vient de rendre un rapport accablant sur le fonctionnement des assistants parlementaires du MoDem au Parlement européen. Des emplois fictifs ? Même pas : ils travaillaient en réalité pour le MoDem.
Selon Le Monde, des millions ont été ainsi détournés : les salaires des assistants parlementaires étaient de fait payés par le Parlement européen et non pas par le parti de François Bayrou. C'est une pratique à laquelle il n'est certes pas le seul à s’adonner. Marine Le Pen est dans le même cas que lui. Mais elle n'est pas, que l'on sache, haut-commissaire au plan.
Bayrou a été mis en examen pour cette affaire en 2019. Prévoyant, Macron l'avait déjà contraint à quitter le gouvernement dès 2017. En compensation, le patron du MoDem a obtenu le poste, moins exposé, de haut-commissaire au plan. Une breloque nécessaire. Car sinon...
Sinon quoi ? Sinon, Bayrou aurait pu se fâcher. Tout au long de sa longue, trop longue, carrière politique, il a montré son redoutable savoir-faire. C'est un centriste et en tant que centriste il sait ce que le mot « milieu » veut dire.
Il a pour habitude de se donner, de se louer, au plus offrant. Et il en attend le retour sur investissement qui lui est dû. Un coup à gauche, un coup à droite, mais toujours centriste, toujours du « milieu ».
En 2007, il avait entamé un flirt très poussé avec Ségolène Royal. Puis il se ravisa. « Il se comporta comme un amant qui a une panne », déclara malicieusement la candidate socialiste à la présidentielle. Et Bayrou contribua à faire élire Sarkozy.
En 2017, c'est avec son soutien que Macron devint président de la République. A intervalle régulier et avec constance, il se rappelle à son bon souvenir. Des fois, il parle avec insistance de sa promesse non-tenue d'instaurer le scrutin proportionnel.
D'autres fois, les députés MoDem à l'Assemblée s'abstiennent de voter des textes gouvernementaux. Une façon évidente d'indiquer à Macron leur incontestable capacité de nuisance. Voilà pourquoi Bayrou est toujours haut-commissaire au plan. Vu l'échéance de 2022, il tient Macron par les c.... !
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