Mais pour quelles raisons le gonflement de la dette publique française n’inquiète pas les milieux d’affaires ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
La France va continuer de s’endetter, au niveau de son administration et de ses entreprises publiques.
La France va continuer de s’endetter, au niveau de son administration et de ses entreprises publiques.
©Ludovic MARIN / POOL / AFP

Atlantico Business

La France va continuer de s’endetter, au niveau de son administration et de ses entreprises publiques, dans des proportions qui ne semblent pas stresser les marchés monétaires, pas même les agences de notation qui sont pourtant d’ordinaire très sévères.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

Alors que lendettement de la dette publique touche les 120% du PIB et que rien sur les tableaux de bord de la maison France nindique une tendance au fléchissement qui pourrait réduire cette menace, les marchés monétaires et financiers n’éprouvent aucune inquiétude. Alors que depuis six mois, le gouvernement multiplie les soutiens à l’économie qui ne sont pas, pour la quasi-totalité, financés, les marchés ne bougent pas dun iota, eux qui dordinaire, traduisent l’évaluation du risque pris par un emprunteur.

Parce que, objectivement : la situation de la maison France nest pas glorieuse.Le projet de budget reste accroché à une prévision de croissance probable en 2023 de 1%(Contre plus de 3 % en 2022). Ce qui ne va pas permettre de réduire le déficit (aux alentours de 5,5 %). Bercy renonce à réduire drastiquement les dépenses de fonctionnement (rémunérations et nombre de fonctionnaires). Bercy maintient les objectifs daugmentation des moyens sur la santé, l’éducation et la sécurité, la justice, la défenseet ajoute de nouvelles aides aux victimes de linflation. Lobjectif de Bercy et de Matignon est d’éviter des accidents sur le terrain social, cest-à-dire des mouvements de colère type gilets jaunes, qui viendraient déséquilibrer la société et aggraver la difficulté de gouverner, qui sont réelles depuis les dernières élections puisque le gouvernement, na plus de majorité absolue. Il est obligé de faire avec des majorités relatives et lusage du 49,3… ce qui ne permet pas damortir la colère sous-jacente.

Du coté de la Banque de France, on reste calé sur les prévisions du budget en laissant entendre que compte tenu de la situation internationale, on aura du mal à rester au niveau de 1%.

À Lire Aussi

Entre l’inflation et la pénurie de main d’œuvre, la politique des salaires va être très compliquée à appliquer en 2023

Curieusement, le président qui reproche à son administration et aux médias d’être trop pessimistes, a très récemment reconnu que selon lui, la performance de croissance en 2023 sera très faible, aux alentours de 0,6%. Ce qui est franchement médiocre.

Tout cela signifie que la France va continuer de vivre à crédit en 2023 et va continuer de sendetter. Cest dautant plus inquiétant que le service de la dette représente plus de 90milliards deuros par an.

Globalement, ladministration française a donc besoin de trouver 400 milliards deuros par ans. Ça représente 7000 euros par seconde, 25 000 euros par ménage français, soit près de 120% de la richesse créé dans lannée, à condition que la machine continue de fonctionner. 

Ces chiffres qui devraient effrayer nimporte quel acteur économique normalement constitué, permettent à certains responsables politiques de crier en annonçant un État proche de la faillite…. Ces chiffres, en réalité, sont accueillis avec beaucoup de calme et même dindifférence par les marchés.

L'agence de notation S&P Ratings par exemple a annoncé le maintien de la note de la dette française, mais elle n'exclut pas de l'abaisser dans les prochains mois. En cause, un ralentissement de l'économie dans l'Hexagone et la dégradation des finances publiques liée aux aides versées aux ménages et aux entreprises pour compenser l'inflation, et notamment la hausse des prix de l’énergie. 

De son côté, l'agence Moody's a maintenu sa note d'émission à long terme en monnaie locale et étrangère du gouvernement français à Aa2. « Les perspectives restent stables », indique Moody's vendredi dernier.

À Lire Aussi

Russie, Chine, Iran : le pouvoir rend fou, mais quoi faire pour les changer ?

Tout va bien, madame la Marquise et tout se passe comme si la France avait les moyens damortir lalourdissement de la dette. Les taux dintérêt augmentent dans le sillage de la banque centrale, mais ces taux ne sont pas encore considérés comme porteurs de risque. Donc la France trouve chaque semaine tout largent dont elle a besoin sur le marché à un taux raisonnable très proche de celui auquel les Allemands, considérés comme exemplaires, empruntent de leur côté.

Pour les marchés, la France ne comporte pas de risque particulier. Et curieusement, beaucoup dhommes politiques dopposition au Macronisme semblent le regretter.

Les agences de notation, qui servent de vigies aux prêteurs, ont bien remarqué que les prévisions de déficit s’étaient aggravées.Elles ont noté que nous allons au-devant de difficultés si, par exemple le monde occidental entrait en récession ou si le président français ne respectait pas son calendrier de réformes structurelles prévues. Mais pour linstant, « ça fonctionne… » disent les acteurs du marché monétaire. 

En fait, les deux agences les plus écoutées, S&P et Moodys, surveillent l’état d’évolution des performances économiques dans le pays mais scrutent aussi l'état d’avancement des réformes structurelles, des gains de productivité, de l’assainissement budgétaire résolu et la croissance économique plus forte que prévu.

Les deux agences rapportent que les marchés ne se font aucune illusion sur la capacité du président Macron à réduire rapidement son endettement public, mais elles considèrent que les réformes lancées sur les retraites et sur la transition énergétique, la restauration du parc nucléaire également, sont des éléments positifs qui permettent de supporter un endettement important sur le long terme. Les actions de réforme sur le système français, ajoutées au maintien dune garantie de l’Union européenne et notamment de la mutualisation assumée par la France et par lAllemagne, autorisent des endettements qui dépassent les normes de lorthodoxie.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !