Les promesses de croissance de François Hollande lourdement rattrapées par la réalité<!-- --> | Atlantico.fr
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Malgré un climat économique européen plutôt favorable au cours des derniers mois, la France n’est pas parvenue à en profiter.
Malgré un climat économique européen plutôt favorable au cours des derniers mois, la France n’est pas parvenue à en profiter.
©Reuters

Poker menteur

Pendant que François Hollande proclame une nouvelle fois que "la reprise est là", les chiffres continuent de lui donner tort, révélant l’incapacité structurelle du Président à anticiper et appréhender la situation économique du pays.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Le 14 juillet dernier, François Hollande le répétait une nouvelle fois : "La croissance, elle est là", "tout doit être fait pour l’amplifier". Pourtant, du côté de la réalité, la situation semble différente. C’est ainsi que le cabinet Markit, qui mesure le niveau de confiance des acteurs économiques à travers son indice des directeurs d’achat, déclarait ce 3 septembre :

"L’essoufflement de la croissance en France est toutefois une source majeure d’inquiétude (pour la zone euro). L’Indice PMI (indice des directeurs d’achat) final se replie en effet en-dessous de son estimation flash et s’établit à un niveau indicatif d’une quasi-stagnation de l’économie française au troisième trimestre."

Malgré un climat économique européen plutôt favorable au cours des derniers mois, la France n’est pas parvenue à en profiter. Après un premier trimestre effectivement positif, à 0.7% de croissance, la stagnation française refaisait surface au second trimestre, avec un chiffre de 0%. Et c’est un nouveau chiffre de 0% qui paraît tendre les bras au pays pour ce troisième trimestre 2015. La réalisation de la prévision de croissance du gouvernement, fixée à 1% pour l’année 2015, ne pourra être réalisée qu’avec une amélioration de la conjoncture en fin d’année.

Or, et c’est là une nouvelle déception, la Banque centrale européenne vient de livrer ses dernières prévisions économiques concernant l’ensemble de la zone euro, pour les deux années à venir. Pour l’année 2015, cette croissance européenne est aujourd’hui attendue à 1.4%, en baisse par rapport aux prévisions initiales du mois de juin, qui prévoyaient 1.5%. Pour les années 2016 et 2017, les anticipations sont également revues à la baisse, 1.7% au lieu de 1.9% en 2016, et 1.8% au lieu de 2% en 2017. De la même façon, et en raison de la très forte chute des matières premières, les anticipations d’inflation sont également dégradées : 0.1% en 2015, 1.1% en 2016, et 1.7% en 2017, alors qu’elles étaient fixées à 0.3% pour 2015, 1.5% en 2016 et 1.8% pour 2017. Au total, et en considérant que croissance et inflation sont les deux faces de la même pièce, c’est-à-dire la "demande", la conclusion est claire ; la reprise européenne est en cours d’affaiblissement. Et pourtant, les premières estimations étaient déjà insuffisantes pour faire face au taux de chômage européen de 10.9%.

Afin de justifier cette dégradation, l’autorité monétaire européenne pointe le ralentissement économique des pays émergents et notamment du premier d’entre eux, la Chine, comme l’indique Mario Draghi :

"Dans l’ensemble, nous attendons que la reprise économique se poursuive, quoiqu’à un rythme plus modéré qu’initialement prévu, ce qui est le reflet du ralentissement des économies des pays émergents, qui pèse sur la croissance globale et la demande étrangère pour les exportations de la zone euro".

C’est donc bien le ralentissement chinois qui pèse sur la croissance européenne, une situation que le gouvernement avait tenté de minimiser au cours des derniers jours. Notamment lorsque Manuel Valls indiquait, très légèrement, que l’impact n’irait "pas au-delà de quelques dixièmes de point sur le PIB à ce stade". En semblant oublier que la croissance française n’a pas dépassé "quelques dixièmes de point" par an depuis que François Hollande est au pouvoir. 0.3% en 2012, 0.3% en 2013, et 0.3% en 2014.

La problématique actuelle est ainsi double. D’une part, la France reste le mauvais élève de la reprise européenne, et d’autre part, cette croissance est aujourd’hui fragilisée par les développements internationaux. Le vœu de reprise de François Hollande s’éloigne encore un peu plus.

Face à cet échec, François Hollande peut cependant se féliciter de l’activisme de la Banque centrale européenne et de son Président, Mario Draghi. En effet, et malgré une politique du frein à main menée depuis plusieurs années, la BCE a tenté de rassurer les acteurs économiques sur la situation actuelle. Ainsi, en annonçant que le plan d’assouplissement quantitatif (programme de rachat d’actifs) mis en place en janvier dernier serait susceptible d‘être poursuivi et amplifié au-delà du terme prévu, la BCE donne un signal positif au marché, qui peut se résumer ainsi ; si les objectifs de croissance ne sont pas atteints en raison de la crise des pays émergents, la BCE complètera le programme prévu afin de satisfaire aux objectifs. Mario Draghi indique en ce sens :

"Nous allons mettre en place l’intégralité de notre plan mensuel de rachat d’actifs de 60 milliards d’euros. Ces achats ont un impact favorable sur le coût et la disponibilité du crédit pour les entreprises et les ménages. Ils  seront poursuivis jusqu’à la fin du mois de septembre 2016, ou au-delà, si cela est nécessaire, et, dans tous les cas, jusqu’à ce que nous observions un ajustement significatif de l’inflation, en conformité avec notre objectif d’atteindre une inflation en dessous, mais proche de 2%, sur le moyen terme".

Suite à cette déclaration, la monnaie européenne se détendait en revenant à 1.11 dollars, et les bourses européennes reprenaient le chemin de la hausse. C’est bien Mario Draghi qui est dans la place du pilote de l’économie européenne. Une situation qui marque surtout, une énième fois, l’incapacité de l’Elysée à appréhender et à anticiper le contexte macroéconomique du pays.

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