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Les plans sociaux, les liquidations judiciaires et les douches froides de la rentrée
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

L'impact économique du Covid-19 fait redouter de nombreux plans sociaux et des licenciements massifs lors de la rentrée prochaine. Denis Jacquet évoque les perspectives pour les TPE et les PME dans ce contexte difficile.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Dans une voiture, les amortisseurs ont une fonction importante : Ils amortissent ! Cela évite de ressentir les bosses, les chocs, ou à minima de les adoucir. Dans la vie de l’automobiliste, c’est plutôt un avantage, même si au temps béni de Citroën, mes souvenirs d’enfance maudissent encore ces suspensions trop souples, qui donnaient au trajet en voiture, un air de trajet en bateau sur eaux agitées. Dans la vie économique, c’est épouvantable. De la supercherie. Le choc semble amorti, on crie « ouf », on pense même que, finalement, rien ne va si mal, et tout à coup, au moment où l’on commence à s’habituer à cette normalité retrouvée, l’onde de choc retenue artificiellement, vient frapper sournoisement. Tapie dans l’ombre, retenue par des mesures artificielles, elle attend de reprendre la fonction attendue d’une onde de choc depuis que la physique existe, à savoir de « choquer ». C’est ce qui va arriver à la France en Octobre prochain. Elle sera frappée violemment, par « surprise », ce qui amplifiera le mal ressenti. Comme la température. 1° officiel, -10° en ressentit !

Nous sommes les champions du monde des amortisseurs, d’ailleurs Valéo est une entreprise à succès en France. Nous les utilisons à chaque crise, et malgré les leçons que nous aurions pu en tirer en 2009, nous avons reproduit le même schéma en 2020. Difficile de critiquer un Gouvernement qui souhaitait bien faire. Sauver des géants de l’industrie française qu’un confinement intégral, quasi djihadiste puisqu’il a « voilé » notre économie, condamnait à leur propre perte, distribuer des chèques de 2000€, pouvant passer à 5000€ juste avant l’asphyxie finale de petits commerçants établis sur des territoires pourtant épargnés par le virus. Verser 84% de leur salaire à des salariés qu’on aurait pu laisser simplement travailler pour l’éviter. Et leur accorder un droit de retrait au cas où ils auraient été pris d’un irrépressible envie de travailler. Faire passer l’endettement à 120% du PIB, souscrire à un plan de 3 trilliards de la BCE (quelqu’un en train de lire cet article sait-il combien de zéro ornent un trilliard?), proposer 500Mds de relance au moyen d’une magnifique planche à billet toute neuve, qui avait perdu un peu d’activité depuis les règles de disettes budgétaires imposées à tous ceux qui voulaient se faire offrir une belle médaille par la commission Européenne. Elle en est encore toute étourdie, et du coup, imprime jour et nuit, merveilleuse petite abeille travailleuse, afin de transformer des courbes en U en courbes en V.

Malheureusement, l’effet retard sera amplifié, par ce refus de passer l’obstacle que nous nous sommes fabriqués seuls, une fois de plus, sans l’aide de personne. Nous aimons l’histoire du garagiste qui casse la voiture, pour avoir à la réparer. 

Tout d’abord, plus on tombe de haut, plus cela fait mal. Nous avons été retenus à bonne hauteur, si l’on considère l’état de notre économie à l’arrêt en tous cas. Du coup, je vous l’annonce, il y aura de plus gros bobos à prévoir. Préparez les pansements. Pardon ? On me dit qu’on les a déjà utilisés ? Dommage, dommage. Les Français auront passé un bel été, il y aura de la rumba dans l’air pépère, comme dirait Souchon, belle île en mer et Marie Galante seront ré-ouverts, l’ambiance sera à la boule à facette, car tout le monde consommera les économies énormes faites pendant le confinement, tellement surpris que le norin soit aussi plein et de dépenser sans compter au camping des flots. Le nirvana, un extase inhabituel.

Puis viendra la rentrée et la nausée. La partie des plans sociaux qui n’auront pas fait la une des journaux en Juillet, car il fallait plutôt parler de la météo des plages, des restes des émeutes raciales et débattre de la construction d’une statue de 30 mètres en honneur à la belle famille Traoré, vont doucher la rentrée. Les Français vont compter avec effroi le nombre d’emplois détruits comme dans un mauvais rêve, qui leur rappellera l’effarement provoqué par le décompte des morts égrené par Salomon pendant la crise du Covid. Les plans sociaux vont ressembler à un tsunami, qui va s’abattre sur nos français qui porteront encore les marques du maillot. Les chiffres des liquidations d’entreprises, les petites, dans les petits et moyens territoires, vont nettoyer des provinces déjà sous tension depuis la vague des gilets couleur jonquille. Ils vont réaliser que dans la plupart des cas, ils vont perdre leur emploi sans que leur département ou leur ville n’ait connu le moindre cas de covid-19 et vont monter sur Paris pour dire leur mécontentement. Ils penseront qu’on a sauvé Paris sur leur dos, sans penser à eux. Les entreprises ont été maintenues en coma artificiel, faute de payer leurs charges ou une partie, de payer leurs salariés ou une partie, mais rien ne remplace le chiffre d’affaire et à moins que les français passent à un régime alimentaire étonnant qui les porterait à manger 9 fois par jour, toute l’industrie du tourisme, de l’hôtellerie, de la restauration va s’effondrer, et nos revenus avec (17% du PIB).

Le moral va sombrer et les bourses vont suivre. L’effet boule de neige que l’on connaît bien, celui qui fait que le fait de dire que cela va mal, fait que cela finit par mal aller effectivement, va produire ses effets et finir par doucher les derniers espoirs d’une reprise. Les investisseurs n’investiront pas, ni les français, ni les étrangers. Les consommateurs ne consommeront pas, car en période de risque, on épargne, et la cigale de l’été qui aura faire reprendre des couleurs à l’économie de la consommation, va redevenir fourmi, se cachant pour qu’on l’oublie en cas de plan social. Les syndicats, qui sont responsables, par leur attitude terrifiante pendant la crise (FO, Sud, CGT), jouant à la fois sur le droit de retrait, et la gestion des achats de produits anti-covid, qu’ils ont « pourri » pour empêcher la reprise avant l’été, vont descendre dans la rue, sans que personne n’y trouve rien à redire. Ainsi en octobre, progressivement, se rejoindront les black-box, les gilets jaunes qui auront repeint leur gilets blanchis par la chaleur de l’été, les militants réclamant qu’une police « pourrie par le racisme », s’excuse d’arrêter des délinquants et demandent que l’on arrête désormais que les « blancs ». On y trouvera l’extrême gauche, qui commencera à se faire les crocs pour la présidentielle de 2022, et réclamera que l’on s’endette un peu plus, et que l’on nationalise les TPE et PME, toute l’industrie française, la culture, le tourisme et les food trucks.

La faillite des PME/TPE, pourtant seules à créer de l’emploi net dans nos pays Européens, depuis les 10 dernières années, permettra peut-être de faire prendre conscience de la maltraitance dont elles font l’objet depuis si longtemps, mais il sera trop tard. Le made in France et la relocalisation vont échouer faute de moyens, mais surtout de clients. Le monde d’après ressemblera à s’y méprendre au monde d’avant, en pire.

A tous ceux qui auraient survécu à cette analyse pessimiste, noire et empreinte d’aigreur, voire de mauvaise foi, et qui ne partageraient pas ce point de vue, je dis, sincèrement, que j’espère qu’ils auront raison. J’espère qu’ils réclameront des produits plus chers dans nos rayons, afin de privilégier le commerce de proximité, et les producteurs Français. Qu’ils continueront à consommer quoi qu’il se passe, même à l’annonce des plans sociaux. Et qu’ils investiront, dans les start-up, TPE et PME qui leurs ouvriraient leur capital. Qu’ils voyageront en France et en Europe, pour aller dépenser dans les compagnies aériennes et les régions qui attendent des touristes. Qu’ils envahiront les salles de cinéma et les spectacles quand ils reprendront en septembre. Alors peut-être, aurais-je tort, et j’en serais TRES heureux. Avoir tort est parfois une victoire contre ce qui semble être une fatalité.

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