Elections pièges à cons
Les parrainages ! Peut-être nécessaires, mais à coup sûr un danger immédiat pour la démocratie
Il n’est peut-être pas trop tard pour y remédier.
Benoît Rayski
Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.
Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.
Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.
Le suffrage universel suppose que tout le monde puisse voter. Il suppose également qu’on puisse voter pour la personne de son choix. Tel n’est pas le cas actuellement.
Le système des parrainages a été instauré pour éviter des candidatures farfelues et grotesques. Une initiative louable mais qui a pour corollaire des effets pervers.
A l’heure qu’ilest, ni Eric Zemmour, ni Marine Le Pen n’ont obtenu les 500 précieuses signatures. D’après les sondages, ils représentent pourtant près de 30% de l’électorat. Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière a les siens : elle pèse un peu plus de 1%. Jean Lassalle a les siens : il ne pèse rien !
Si la situation persistait, elle serait lourde de danger pour la démocratie. Elle obligerait des millions de Français à voter pour des candidats qu’ils n’ont pas choisis ou à s’abstenir.
Jean Castex a bien senti le péril puisqu’il a appelé les élus à donner leurs parrainages sans préférence politique rappelant qu’ils ne valaient pas soutien. François Bayrou est sur la même ligne : il a constitué une banque de 200 parrainages qu’ildistribuera aux candidats qui en auraient besoin. David Lisnard, le maire LR de Cannes, a fait mieux. Dans un geste symbolique, il a accordé son parrainage à Jean-Luc Mélenchon, son adversaire politique.
Un excellent article paru dans Atlantico décortique fort bien le mécanisme des parrainages. Mais l’auteur a tort de se moquer de Marine Le Pen et de sa « dramatisation » quand elle hurle qu’elle n’arrive pas à 500 signatures.
Le même article précise que la réélection probable de Macron même sans que Marine Le Pen et Eric Zemmour puissent faire entendre leur voix sera légitime. C’est juste. Mais quid de la colère dévastatrice de tous ceux qu’on aura privés de vote ?
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