Alerte rouge
Les menaces djihadistes sur les centrales nucléaires sont-elles suffisamment prises en compte ?
Les perquisitions survenues après les attentats de Bruxelles ont réactivé la menace d'attaques terroristes ciblant des centrales nucléaires, voire utilisant du matériel nucléaire. Le risque paraît cependant peu élevé au regard du niveau de sécurisation des centrales.
Michel Nesterenko
Directeur de recherche au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R).
Spécialiste du cyberterrorisme et de la sécurité aérienne. Après une carrière passée dans plusieurs grandes entreprises du transport aérien, il devient consultant et expert dans le domaine des infrastructures et de la sécurité.
Atlantico : Dans un entretien accordé à l'AFP, le secrétaire général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a déclaré que la menace de "terrorisme nucléaire" devait être davantage prise en compte par les service de sécurité. "Le terrorisme se répand et la possibilité que des matériaux nucléaires soient employés ne peut pas être exclu" a-t-il ajouté. Quelle est la réalité de ce risque ? Des réseaux terroristes tels que ceux de l'Etat islamique infiltré en Europe pourraient-ils détenir les moyens et les connaissances nécessaires à la confection de bombes nucléaires artisanales ?
Michel Nesterenko : Il n’y a aucune probabilité pour que les terroristes puissent utiliser une bombe nucléaire du style russe ou américaine. La niveau de technologie est beaucoup trop élevé. C’est encore plus utopique de penser qu’un petit malfrat de nos cités, qui n’a même pas son baccalauréat, puisse avoir ce type de connaissances. La bombe nucléaire est l’appanage des Etats disposant de laboratoires de très haute technicité, et du temps.
Suite aux perquisitions réalisées après les attentats de Bruxelles, les enquêteurs ont découvert plusieurs vidéos filmant un haut-responsable de l'industrie nucléaire belge. Quel est le niveau de sécurité réel des centrales nucléaires pour éviter le vol de matériau fissile ?
Qu'en est-il de l'idée de faire exploser une centrale nucléaire ?
Cela est encore plus difficile. Il faudrait avoir à disposition un très gros missile militaire et s’approcher de la centrale sans être repéré ce qui est utopique. L’utilisation d’un avion de ligne serait aussi aléatoire, sachant que les centrales sont protégées par des batteries de missiles anti-aérien. L’utilisation d’un drone ne fera au mieux que des dégâts superficiels car la charge explosive pouvant être emportée est bien trop faible, et la vitesse et le poids de l’engin aussi. Il en est de même si on rentre à pieds sur le site pour déposer des ceintures d’explosifs. Ce sera sans effet.
Il est très difficile d’intercepter des matériaux radioactifs importés qui sont difficiles à transporter sans fuites d'information. Il est beaucoup plus facile et moins coûteux de voler des déchets dans les hôpitaux pour en faire une bombe sale.L'AIEA note que l'an passé, des matériaux fissiles ont été perdus en Irak. Comment les autorités européennes gèrent-elles le risque que ceux-ci soient importés ?
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