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Un manifestant lors d'un rassemblement à Toulouse, le 5 juillet 2023, à la suite du décès de Nahel.
Un manifestant lors d'un rassemblement à Toulouse, le 5 juillet 2023, à la suite du décès de Nahel.
©Charly TRIBALLEAU / AFP

Rapport du CNCDH

C’est a minima l’impression que donne la lecture de la présentation par la Commission nationale consultative des droits de l’homme pour le lancement du rapport 2022 sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier est docteur en histoire, enseignant, formateur et consultant. Ancien membre du groupe de réflexion sur la laïcité auprès du Haut conseil à l’intégration. Dernier ouvrage : Laïcité, émancipation et travail social, L’Harmattan, sous la direction de Guylain Chevrier, juillet 2017, 270 pages.  

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Sabrina Medjebeur

Sabrina Medjebeur

Sabrina Medjebeur est essayiste et sociologue. 

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Atlantico : La présentation par la commission nationale consultative des droits de l’homme pour le lancement du rapport 2022 sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie a eu lieu. Que nous apprend ce rapport sur l’évolution du racisme en France ? A quel point la tolérance progresse-t-elle ? 

Guylain Chevrier : D’un point de vue général, la tolérance en France vis-à-vis de populations d’origine, de couleur ou de religion différentes, progresse de façon continue depuis plusieurs année, et particulièrement depuis 2013, plus 13 % selon le rapport. La plateforme PHAROS (plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation) créée en 2009, qui permet de signaler des contenus ou des comportements illicites sur internet a reçu 175.924 signalements en 2022 contre 265.825 en 2021, et 289.590 en 2020. Seuls 7,2 % de ces signalements concernaient le domaine des « discriminations ». Même concernant les discours de haine sur YouTube, l’enquête conclut à « un discours de haine rare mais extrêmement diversifié. »

Ayons à l’esprit que nous venons de passer les 500.000 réfugiés en France et que notre pays est second derrière l’Allemagne pour l’accueil dans ce domaine en Europe. Ce recul n’est donc pas dû à une baisse de l’immigration, puisque celle-ci continue de progresser, ce qui est aussi vrai de l’immigration régulière voire irrégulière.

Sabrina Medjebeur : De tout temps, les peuples ont eu à défendre leurs groupes et leurs pratiques en adoptant des conduites d’ethnocentrisme. Ce concept évoqué par William Graham Summer, sociologue américain a été le premier à le définir bien que Montaigne avait évoqué au XVIe siècle qui estimait que les individus considèrent comme barbare ce qui n’est pas de leur usage. L’ethnocentrisme, qui dans les sociétés contemporaines s’incarne notamment dans le patriotisme, s’alimente dans les pratiques de socialisation dans le groupe d’appartenance. Il n‘existe pas de groupes humains qui n’œuvre pour intégrer et fidéliser ses membres en les inscrivant dans des attitudes, des valeurs et des comportements à travers un système représentationnel complexe comme le normatif, le cognitif, l’affectif et l’évaluatif.

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Le racisme, lui est une naturalisation du social de groupes entiers qui sont constitués historiquement ou fictivement. Il s’analyse par une démarche de différenciation qui s’appuie sur l’attribution de traits physiques et mentaux. Plusieurs registres du racisme persistent aujourd’hui comme le racisme intra-communautaire, le racisme anti-blancs jusque là rarement indiqués comme des existants sociaux par la presse. En France, cela se traduit dans le discours quotidien par une exagération des différences entre les cultures ou les systèmes de valeur. Il se traduit d’années en années par une certaine mise à l’écart qui trahit mal le refus de relations égalitaires pour leur substituer des relations de dominations que les institutions ne peuvent pas endiguer au regard de nos dispositions constitutionnelles comme l’indivisibilité et l’universalisme. La République ne reconnaît pas les communautés. Nous assistons cependant, d’années en années à l’importation des névroses américaines sur l’obsession idéative de la race. En France, la race n’existe pas. La contingence citoyenne qui est la pierre cardinale de nos textes constitutionnels est au-dessus des appartenances ethniques et religieuses. Il n’y a pas de racisme d’état ni sytémique en France et il demeure important de promouvoir une éducation à la citoyenneté en se gardant de verser dans la moraline américaine qui verse dans le culte victimaire des « racisés », qualificatif consacrés par les thuriféraires de l’extrême gauche à des fins électoralistes.

Atlantico rédaction : La Commission nationale consultative des droits de l'homme a publié son 33e rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie. Selon ce nouveau rapport, le nombre de faits recensés à caractère raciste, antisémites et xénophobes se « maintient à un niveau élevé ». En revanche, le baromètre CNCDH révèle le maintien d’un haut niveau de tolérance parmi la population française : « l’évolution de l’indice longitudinal de tolérance que mesure le rapport annuel de la CNCDH tend à montrer une lente progression de la tolérance ».

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Source : CNCDH

Pour autant, on a le sentiment que dans le discours de la CNCDH, on considère que la situation s’aggrave. Comment expliquer la différence entre la rhétorique employée et les chiffres communiqués ?

Guylain Chevrier : Il y a plusieurs raisons à cela. On remarquera qu’à l’inverse des chiffres qui découlent d’une mesure qui s’appuie sur des constantes matérialisables, telle l’étude longitudinale qui révèle une évolution considérée comme positive de la tolérance, on oppose de plus en plus le ressenti. Exemple, ledit « chiffre noir » de l’étude, énorme, avance qu’1,2 millions de personnes selon leur ressenti, « seraient » victimes chaque année d’au moins une atteinte à caractère raciste, antisémite ou xénophobe (injures, menaces, violences ou discriminations), estimation interprétée en lien avec l’Enquête « Cadre de vie et Sécurité » 2019. Ce ressenti est d’ailleurs identifié comme reflétant que chaque année, entre 11% à 15% des personnes de 14 ans ou plus résidant en France métropolitaine se considèrent victimes en attribuant au dernier incident subi un caractère « raciste ». On explique le décalage par le fait qu’une infime partie de ces faits seraient l’objet d’une action officielle, telle une plainte. Le fait même de porter plainte ne veut nullement dire que la caractérisation du fait soit effectivement de cette nature. Il suffit de regarder les chiffres pour se faire une opinion, puisque sur les 7721 affaires dites à caractère raciste orientées par les parquets 50% ont fait l’objet d’un classement sans suite. On voit là une trace de ce ressenti qui ne suffit pas à dire le vrai.

D’ailleurs, si on prend la nouvelle enquête trajectoire et origine basée sur ce ressenti, TeO2, réalisée entre 2019 et 2020, ses premiers résultats livrent parmi les répondants, que le « sentiment de discrimination » a progressé (discriminations liées au sexe, à l’origine, la nationalité et la couleur de peau étant fréquemment citées), soulignant que cela est dû « en partie », en raison « d’une sensibilisation croissante à cette problématique. » Rappelons-nous que des mouvements passent leur temps à déporter sur la question des discriminations des problématiques sociales, en plaquant sur la France le modèle hérité de la ségrégation aux Etats-Unis par l’importation du mouvement Black Lives Matter, dans un but de séparation, de division. Ce que certaines organisations antiracistes reprennent même parfois à leur compte.

Il ne faudrait pas en arriver par cette méthode à mettre une telle pression sur la justice, qu’on pousse par ce discours sur le ressenti à induire une sorte de passe-droit, au titre de se prétendre discriminé. Ce que l’on voit apparaitre dans certains cas bloquants en entreprise sur la question du fait religieux s’opposant à son bon fonctionnement, telle l’accusation de racisme utilisée comme instrument d’intimidation pour tenter de faire céder à des revendications identitaires l’employeur (Rapport de l’Observatoire du Fait religieux en Entreprise 2016).

Sabrina Medjebeur : Le discours de la CNCDH montre une lente progression de la tolérance, la lutte contre le racisme et toute forme de haine de l’Autre reste une priorité qui nécessité une attention permanente. À juste titre. qui est une réalité. Après des décennies d’une funeste propagande de victimisation et de mise en accusation de la France et de son peuple, nombre des enfants de l’immigration sont en effet profondément et, sincèrement, convaincus que l’ensemble de leurs difficultés et malheurssont imputables au comportement des Français de culture française à leur égard, lorsque d’autres, par effet d’aubaine exploitent le contenu de cette propagande pour se dresser de manière véhémente contre la France, qu’ils jugent décadente, ses valeurs éloignées de celles que porte leur propre culture. La victimisation qui a été largement encouragée par l’idéologie antiraciste comme idéologie de substitution introduite par François Mitterrand. C’est sous la gauche, et avec son aide, que l’idéologie qui a consisté à scinder le corps social entre victimes et bourreaux, avec tout le ressentiment que cela a fait naître dans le cœur des enfants issus de l’immigration, a pris son envol , puis toute son ampleur. C’est aussi pourquoi, il est à présent aisé si aisé et si rapide, pour les adeptes de la nouvelle guerre sainte ou djihad, de lever des troupes en France et partout dans les pays occidentaux, qui ont tous, sans exception, versé sans exception, versé dans la même idéologie de la victimisation-repentance et fondé des politiques publiques sur la base de cette idéologie. Il y a aujourd’hui en France une affirmation visible et politique d’une rupture avec notre culture, notre histoire et notre civilisation. Les principes républicains, qui sont la synthèse des us, coutumes et traditions hérités de l’histoire politique et culturelle des Français, et qui orientent les règles de conduite au sein de la société, ont été pris comme variables d’ajustement, entraînant irrémédiablement la France vers sa décomposition en communautés. Avec effroi, une part croissante des citoyens ouvre les yeux sur l’impensable. Ils découvrent que l’affaire ne se résume pas à une simple question d’intégration ou d’inclusion comme présentée par leurs élites. Le prix à payer pour le fameux vivre-ensemble, c’est d’accepter de voir leur identité s’effacer.

Comme le rappelle Benjamin Constant : « Tout est moral chez les individus, tout est visible dans les masses ». Des personnalités comme Jean-Pierre Chevènement, Philippe de Villiers, Michel Rocard, Philippe Séguin et Hubert Védrine ont tous été visionnaires.

Peut-on reprocher à un peuple de refuser de disparaître ? Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie mettent en place des politiques pour limiter l’immigration subsaharienne de peur de voir leurs traditions disparaître et l’insécurité s’installer. Tout le monde trouve cela normal. Mais lorsqu’en France, certaines personnalités politiques émettent l’hypothèse de limiter l’immigration par exemple ou de lutter contre le séparatisme, on les accuse de racisme, xénophobie oud’islamophobie.

À quel point y a-t-il, de plus en plus, un discours politique visant à faire croire que les Français sont racistes (et de plus en plus) ? D’où vient-il ? Qui sert-il ?

Guylain Chevrier : Ce rapport donne lieu à un « recalibrage » de la notion de « tolérance », avançant comme argument que « dans une société où les préjugés racistes, antisémites et xénophobes sont en recul constant », il fallait, pour mieux donner du relief aux choses, aller vers une notion plus restrictive. On artificialise la lecture par un marquage plus fort des différences entre les opinions vues comme « tolérantes » et « intolérantes ». Ainsi, « les personnes considérées comme tolérantes » ne seront plus que celles « qui se disent « tout à fait d’accord », avec par exemple « l’idée que « les Français juifs » et « les Français musulmans » sont des Français comme les autres, le moindre bémol risquant de vous entraîner dans la case « intolérance ». Ce qui d’ailleurs, dès cette année avec ce recalibrage, amène à « une baisse générale de la tolérance globale observée », de 2 points. On notera que concernant les juifs, c’est de leur côté que se marque le plus cette baisse, laissant poindre au détour de ce recalibrage, un regain d’antisémitisme.

Autre dimension du problème, ce « recalibrage », a pour effet « une polarisation accrue en fonction de l’orientation politique et de l’âge », favorisant une lecture qui divise la société entre gauche tolérante et droite intolérante, jeunes « millennials » tolérants et anciens intolérants, « boomers » comme cela est dit, non sans un préjugé certain. Ce sont les opinions politiques sur lesquelles ici est porté non simplement une interprétation mais un jugement, ce qui est assez regrettable. Selon une étude Harris Interactive pour l’Institut supérieur du travail (IST), le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et Le Point publiée jeudi 14 octobre, sept salariés sur dix (72 %) se disent « opposés » à « des aménagements de travail formels » en fonction de « la pratique religieuse ». Ils refusent par exemple des « aménagements d’espace comme des salles de prière » (71 % s’y opposent) dans leur entreprise ou établissement. De plus en plus de salariés demandent l’application du principe de laïcité dans l’entreprise face à cette situation. Cela ne relèverait-il que d‘une question d’intolérance ?

On fait appel à « une année électorale marquée par des discours prompts à faire de l’étranger, de l’immigré, ou de leurs descendants, la cause de tous les maux » au risque « d’une instrumentalisation de la haine de l’Autre », dit-on. Mais cette généralité englobante, ne tire-t-elle pas un trait sur un débat concernant l’immigration, et particulièrement l’intégration, qui est au cœur des politiques publiques, avec des problèmes bien réels à prendre en compte ? Ceci, alors que nous traversons une zone de turbulences face à la montée de revendications identitaires, au point d’avoir fait une loi dite contre « le séparatisme », qui indique que cela n’a rien d’un fantasme d’extrême droite.

Sabrina Medjebeur : Il existe un discours politique manichéen qui nous vient de l’extrême-gauche. Selon eux et dans une continuité idéologique inscrite dans l’histoire de a gauche, il faut des des dominés à défendre et des dominants à haïr. Ces penseurs d’extrême-gauche ont renouvelé l’approche. Selon eux, il existe désormais deux catégories : les racisés (dominés) et les Blancs (dominants). Selon eux, en France, les racisés (personnes paraissant, par leur type physique, avoir une origine africaine, asiatique, ) ne sont pas traités de la même façon que les Blancs (personnes paraissant, par leur type physique, avoir une origine occidentale) pour l’accès au travail ou au logement.

Évidemment, le plus triste réside dans la résurgence sociologique de la notion archaïque de race pour des raisons apparemment idéologiques. Mais on cherche en vain une pensée cohérente derrière tout ce galimatias. En vérité, on n’y trouve que la haine de l’homme occidental, la haine du Blanc. Souvenez-vous des propos de Jean-Luc Mélenchon sur la créolisation qui voulait moins de blancs dans la société française. Le type même du dominant est le mâle blanc occidental. Non seulement, il colporte des relents de colonialisme, d’islamophobie et de racisme, mais également de sexisme. Cette approche étriquée et haineuse de notre société se répand malheureusement dans tous les pans de notre société. De Pap Ndiaye qui souhaite réhabiliter la notion de race à Adèle Haenel qui se demande au New-Yok Times où sont les gens racisés dans le cinéma. Cette extrême-gauche qui encourage les réunions en non mixité ou qui part à la chasse de l’appropriation culturelle, fait tomber le masque du racisme. Lorsque Mathilde Panot dans ses nombreux tweets parle d’« arabe » concernant l’identité de Nahël, elle incarne précisément ce qu’elle est supposée combattre. La généralisation fondée sur la couleur de la peau c’est précisément du racisme. En France, nous sommes français avant tout. Les masques politiques tombent… 

Dans quelle mesure élude-t-on aussi la question du racisme des personnes elles-mêmes issues de minorités, vis-à-vis des blancs comme entre elles ?

Guylain Chevrier : En prenant dans ce rapport pour référence la « tolérance » aux « minorités », à « l’Autre » avec un grand « A », on élude inévitablement certains sujets pourtant prégnants. Le rejet de l‘intégration par exemple, avec le communautarisme qui produit du rejet de « l’Autre », non plus membre de « minorités » mais faisant partie de la population majoritaire, avec son lot de discriminations. Les religions elles-mêmes contiennent des discriminations au regard de l’inégalité entre hommes et femmes par exemple, qu’on ne peut négliger dans ce schéma.

N’y a-t-il pas d’ailleurs contradiction à se référer à une tolérance aux « minorités » dans un pays qui n’en reconnait pas l’existence, puisque nos institutions sont fondées sur les droits et libertés individuels, écartant toute reconnaissance d’un multiculturalisme juridique ? L’égalité favorise pourtant le mélange quand la logique de reconnaissance des minorités pousse à la séparation, en étant contraire à la conception française du « vivre ensemble ». Ne serait-il pas plus pertinent, au regard du but poursuivi, de se référer à « l‘égalité » indépendamment de la couleur, l’origine, le sexe, la religion, l’orientation sexuelle... ? On sait combien la logique communautaire prive le plus souvent l’individu de l’autonomie de ses choix, à la faveur de l’intérêt clientéliste du groupe, brisant aussi l’égalité au sein du corps politique entre les citoyens. Cette référence aux minorités, n’est-ce pas mettre le ver dans le fruit ?

Dans son rapport de 2018 la CNCDH parlait d’un racisme biologique dorénavant « marginal », ainsi, selon le rapport 2022, on passerait à présent à un racisme à fondement « culturel ». La justification dite « la plus commune », consisterait à « invoquer l’incapacité supposée des immigrés et des étrangers à se conformer aux normes et aux valeurs de la société d’accueil. » De quoi parle-t-on ? Sur ce sujet qui fait débat, on est loin qu’il s’agisse toujours d’un alibi au racisme. N’y-a-t-il pas, par exemple, de problèmes d’intégration et de respect des valeurs et principes communs de la République, lorsque l’on pense aux contestations de la loi du 15 mars 2004 d’interdiction des signes religieux dans l’école, par la multiplication des abayas ?

Le rapport reprend aussi le terme d’« islamophobie », dans son évaluation, dont on sait combien il est utilisé pour amalgamer la discriminations des personnes, qui doit être fermement condamnée, et la critique de la religion, qui s’inscrit dans cette liberté fondamentale qu’est la liberté d’expression. Un terme qui sert à des islamistes à mettre en danger certains personnels visés comme dans l’enseignement, par ce procès en intention, aux conséquences qui peuvent être effroyables, comme on l’a vu avec le meurtre ignoble de Samuel Paty. On sait que, de longue date, on cherche dans certaines fractions radicalisées de notre société, à imposer ce concept comme juridique, pour interdire tout débat sur la place de l’islam en France.

Enfin, apparait dans les relations intercommunautaires des rapports parfois très durs, entre personnes d'origine maghrébine/arabe et d'origine africaine, par exemple. C'est ce qui ressort d’une situation qui a eu lieu à Cergy en juin 2021, avec des insultes proférées par un agresseur qui, après avoir traité « d'esclave » sa victime, un livreur, s'en est pris à une femme noire filmant la scène de sa fenêtre et l'interpellant, pour lui dire sur un ton agressif « Parce qu'il vient de je ne sais pas quel bled espèce de p... Il vient chercher la merde (…) Je suis Algérien et je te n... ta mère", pour en arriver à « Espèce de négresse, espèce de sale Noire (…), pendant 800 ans on vous a vendus comme du bétail. » Le « on vous a vendus », après s'être identifié comme « Algérien » ne laissant que peu de doutesur la référence à la traite arabo-musulmane. Est-ce un fait isolé ? On parle toujours de la traite transatlantique, l’esclavage d’origine occidentale, mais où sont passés la traite et l’esclavage pratiqués pendant des millénaires ailleurs, d’où sont issues bien des migrants qui vivent sur notre sol, avec des préjugés entre immigrés qu’il faudrait prendre en compte ? Il suffit de regarder les conflits ethniques et inter-religieux qui rythment les conflits armés dans le monde pour savoir qu’il y a là une matière certaine à approfondir pour ce rapport.

Afin « d’apaiser le débat sur l’immigration et de mettre un terme à la manipulation des chiffres », la CNCDH recommande « l’organisation d’une convention citoyenne sur les migrations pour animer un débat démocratique sur les questions de migration et de diversité, soutenant ainsi l’appel d’un collectif de plus de 400 scientifiques ». On s’interrogera sur cette recommandation qui s’appuie sur un appel qui oppose aux problèmes de l’immigration la notion même de « mythe », en caricaturant le débat, comme s’il en allait de la simple opposition entre les promoteurs de l’idée de « Grand remplacement », contestable, et les autres, les tolérants. La légitimité de ce type de rapport au regard de la sensibilité d’un tel sujet, tient à la référence à des faits incontestables, à des équilibres, une finesse de l’approche, une prudence, et surtout avec l’indépendance revendiquée à une impartialité politique. Il n’est pas sûr qu’il convainque les Français que la solution au racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, passe par lui. 

Sabrina Medjebeur : Au sein des mutations idéologiques de la gauche, il existe des activistes identitaristes agissant au nom des mémoires indigènes et décoloniales et participent à la fermeture des frontières ethniques et à la racisation des rapports sociaux et politiques. Une partie de cette gauche phagocytée par la pensée indigéniste reprend à son compte un vocabulaire racialiste, raciste et multiculturaliste, celui de la distinction entre « Blancs », « Noirs » et « Musulmans » antinomiques à notre universalisme qui ne reconnaît pas de logique classificatoire des minorités. Ce n’est plus l’égalité liée aux droits mais l’ethno-différentialisme qui triomphe en valorisant son particularisme identitaire au détriment de notre indivisibilité. À l’instar de la période du Front populaire, où les forces de gauche s’étaient rassemblées pour combattre le fascisme, il est temps de se réunir et combattre ces mouvements identitaristes et consacrer notre universalisme égalitariste, émancipateur au service d’individus et de citoyens libres intrinsèquement redistributrice et solidariste. Comme le disait Ernest Renan « La nation est un plébiscite de tous les jours ».

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