Les chiffres de l'immobilier sont désastreux sur la France entière et annoncent une catastrophe sociale<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Un chantier de construction à Bordeaux en 2018.
Un chantier de construction à Bordeaux en 2018.
©GEORGES GOBET / AFP

Atlantico Business

Les chiffres publiés hier annoncent la catastrophe : Le nombre de permis de construire aura baissé de plus de 28 % sur l'année, ce qui entraine l'effondrement des mises en chantiers. Comme le marché de la location est bloqué, la France va laisser un tiers de la population sans logement.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

Curieusement, le ministère de la Transition écologique, qui a publié les derniers chiffres désastreux sur les permis de construire en France, n'a pas l'air de s'en inquiéter, comme si les gestionnaires officiels de l'écologie n'étaient pas mécontents de cet effondrement. 

Faut dire que les écologistes radicaux, tendance Sandrine Rousseau, se félicitent en général dès qu'une statistique dessine un profil de décroissance. Moins de logements, c'est moins d'activité, donc moins de croissance et c’est moins de pollution carbone.  Si c’était vrai seulement !

Le problème, c'est que l'immobilier est la poutre maîtresse de la croissance, et si la poutre ne tient pas, il n'y a pas de croissance. Les écologistes sont ravis, mais une forte majorité des Français vont en souffrir. Car ces mauvais chiffres annoncent la tempête sociale.

Le nombre de permis de construire a donc chuté en septembre de plus de 28 % en taux annuel. On aura déposé et accepté cette année 371 300 demandes de permis de construire. Il en aurait fallu le double pour équilibrer le système. L'effondrement du nombre de permis déposés n'annonce rien de positif pour la collectivité. D'abord, si le nombre de permis baisse, les mises en chantiers vont aussi baisser. Déjà que sur les 12 derniers mois, les ouvertures de chantiers se réduisent de 16 % à 315 000. Sérieusement, l'idéal pour l'économie française serait de pouvoir construire plus du double.

Tous les types d'habitats sont affectés : les logements individuels ont perdu 31 % de candidats à la propriété, le logement groupé (la copropriété) en lotissement a perdu 27 % ; idem pour les résidences étudiantes ou seniors, qui souffrent un peu moins mais baissent quand même de 20 %.

À Lire Aussi

Immobilier : la baisse continue sauf pour…

Alors les explications pullulent : la hausse des taux d'intérêt a mis un terme au rêve d'acquérir un premier logement pour un grand nombre de primo-accédants, qui sont, comme les autres salariés, très inquiets pour leur pouvoir d'achat. À la difficulté de trouver un financement s'ajoute la hausse des coûts de la construction. La guerre en Ukraine, comme la pandémie, a fait bondir le prix des matières premières, donc des logements neufs.

Normalement, en de telles circonstances, le prix des logements d'occasion devrait baisser s'il n'y a pas d'acheteurs. Normalement, il devrait y avoir une ruée sur la location. La période que nous traversons n'a rien de normal. Les prix de l'immobilier ne baissent pas parce que les vendeurs se sont retirés. Pour couronner le tout, le marché de la location longue durée est quasiment fermé, puisque la location saisonnière et touristique a capté les appartements liberables  (AirBnb). Les propriétaires ne vendent pas leur bien, ils ne signent plus de baux, car la réglementation est trop compliquée et lourde administrativement.

Donc la situation est bloquée. Les jeunes sont obligés de jouer les Tanguy en restant à la maison, généralement à la campagne ou le plus souvent en périphérie des grandes villes. 

Plus grave encore, la mobilité se ralentit, puisque pour prendre un nouveau travail, il faut accepter de faire des kilomètres. La question de l'immobilier est le principal frein à la croissance, puisqu'elle empêche la constitution de pôles industriels et d'emplois. Les candidats au travail ne peuvent pas déménager.

Dernier point qu'on est bien obligé de prendre en compte, la principale cause de cette crise, c'est évidemment le déficit d'offre de logements neufs et décents. IL y a des idées, des besoins, des projets ,mais il y a aussi tous ceux qui militent contre la croissance au nom de l'idéologie. D'où les difficultés de construire. La filière construction s'est complètement effondrée. Il y a tellement de normes à respecter que les acteurs de la filière jettent l'éponge. Et quand, par hasard, un permis de construire est accepté, il existe une pléiade de recours qui vont pleuvoir sur le projet, le retarder ( environ 9 ans ) ce qui dissuade le maire et l'administration à engager son autorité sur un projet qui va provoquer le désordre politique et social . 

À Lire Aussi

Le gouvernement envisage une nouvelle taxe locale pour financer le logement au mépris de toutes les causes réelles de la pénurie française

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !