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Terrorisme
Les forces de sécurité israéliennes et des civils se rassemblent sur les lieux d'une fusillade le 29 mars 2022 à Bnei Brak.
Les forces de sécurité israéliennes et des civils se rassemblent sur les lieux d'une fusillade le 29 mars 2022 à Bnei Brak.
©JACK GUEZ / AFP

Attaques terroristes

Alors que le monde a les yeux tournés vers la guerre en Ukraine, Israël connaît une vague d’attentats meurtriers extrêmement importante ces derniers jours. C’est très inquiétant pour la suite car il peut y avoir un effet d’entraînement.

Alain Rodier

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Son dernier livre : Face à face Téhéran - Riyad. Vers la guerre ?, Histoire et collections, 2018.

 

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Le dernier en date a eu lieu le 29 mars soir dans la localité de Benei Berak. Selon les autorités, quatre civils et un policier ont été assassinés lors de deux attaques distinctes.

Lors de la première action, le terroriste a tué au fusil d’assaut les civils à proximité d’un magasin. Il s’est ensuite déplacé vers une zone proche et a abattu le policier (chrétien) Amir Khoury, avant d’être neutralisé par l’un de ses collègues.

Selon la presse israélienne, le terroriste identifié comme Dia Hamarsha vivait dans la ville de Jénine. Il aurait été emprisonné plusieurs années pour trafic d’armes et appartenance à une organisation terroriste palestinienne.

Le Hamas et le Jihad Islamique Palestinien (JIP) ont publié une déclaration dans laquelle ils félicitent l’attaquant justifiant son geste  comme une « réponse naturelle » à ce qu’elles considèrent comme des « crimes commis par Israël contre le peuple palestinien ». 

Un autre message des Brigades des Martyrs d’al-Aqsa en Cisjordanie a revendiqué ce dernier attentat. « Nous bénissons l'opération héroïque menée par le martyr immergé au cœur du quartier occupé de Tel al-Rabee / Zia Hamarsha qui vénère le district de Jénine, qui a entraîné la mort de cinq violeurs et des blessés ».

À noter que cette organisation terroriste dépendant du Fatah n’avait plus mené d’opérations spectaculaires depuis 2007. Selon Wassim Nasr, « c’est bien une ‘réactivation’ des brigades des martyrs d’al-Aqsa du Fatah à Ramallah ‘contre l’occupant et pour soutenir la résistance’ ». Pour lui, il convient de suivre la réaction de l’Autorité palestinienne qui n’a toujours pas suspendu sa coopération avec Israël.

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 Le 27 mars, la ville de Hadera avait été la cible d’une attaque terroriste menée par deux Palestiniens de nationalité israélienne. Ils avaient ouvert le feu au pistolet mitrailleur près d’un arrêt de bus tuant deux policiers âgés de 19 ans (Yezen Falah de confession druze et Shirel Aboukrat, une franco-israélienne), et blessant quatorze autres personnes.

Les deux terroristes avaient été neutralisés par des membres de l’unité anti-terroriste de la Police des frontières qui étaient hors service. Le ministre de la défense Benny Gantz les avait félicité tout en présentant ses condoléances aux familles des victimes et souhaitant un prompt rétablissement aux blessés.

Les terroristes seraient deux cousins identifiés comme Ibrahim et Ayman Ighbariya. Ibrahim aurait été arrêté en 2016 en Turquie alors qu’il tentait de rejoindre l’État Islamique en Syrie. Il avait été extradé vers Israël où il avait purgé une peine de prison de seize mois (il était sorti  prison en 2020).

Dans une vidéo tournée avant l’attaque, les deux hommes font allégeance à l’État Islamique  et au nouveau « calife », Abou Hassan al-Hachimi al-Qourachi intronisé le 10 mars 2022 suite à la mort d’Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi.

Cette attaque a été revendiquée par la branche salafiste des brigades al-Nasser Salah al-Din qui regroupe des formations palestiniennes. Le communiqué précise qu’il s’agissait d’« une réponse au sommet de l'axe du mal », en référence au sommet du Néguev qui débutait le 27 mars. Les ministres des Affaires étrangères égyptien, émirati, marocain et du Bahreïn y participaient ainsi que le secrétaire d’État américain Anthony Blinken. La conférence traitait de la sécurité au Moyen-Orient dans le cadre des accords d’Abraham. Le Premier ministre israélien Naftali Bennett s’est absenté pour se rendre sur les lieux de l'attaque à Hadera.

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Le chef du principal parti politique arabe en Israël (Ra’am) Mansour Abbas a condamné cette action terroriste dans les termes suivants ; « ce crime répugnant a été inspiré par l’État Islamique qui ne reflète pas la population arabo-israélienne qui souhaite vivre dans le respect et en accord avec la loi ».

Dès lundi, cinq suspects ont été arrêtés dont trois dans la ville arabe d’Umm el-Fahm, le lieu de résidence des deux terroristes située à une vingtaine de kilomètres de Hadera.

Le 22 mars, l’ancien professeur Mohammed Abu al-Kiyan avait mené une attaque avec une voiture puis au couteau à Beer Sheba, la principale ville du désert du Néguev. Quatre personnes avaient été tuées et deux autres blessées. L’assaillant qui avait purgé une peine de prison de 2016 à 2019 pour apologie de Daech avait été abattu. L’EI avait qualifié ce terroriste d’« inghamasi », c’est-à-dire un activiste d’élite qui combat sans esprit de retour.

Les deux actions revendiquées par Daech sont rares en Israël. En 2017, une cellule palestinienne se réclamant de Daech avait conduit une attaque dans la vieille ville de Jérusalem. Une femme garde-frontière avait été tuée et plusieurs personnes blessées avant que les assaillants ne soient neutralisés. Le Hamas et les Jihad Islamique palestinien (JIP) se sont félicités de ces opérations bien qu’ils ne soient pas affiliés à Daech.

Il n’en reste pas moins que ces trois attentats meurtriers montrent la difficulté à parer à ce type d’attaque alors que l’État hébreu est très sécurisé. Comme d’habitude, les observateurs recherchent les « failles » dans les services de sécurité qui ont laissé passer les terroristes (généralement connus). Des voix en Israël estiment que le Shabak a un vrai travail à effectuer pour améliorer son efficacité au sein de la population arabe israélienne. Pour les professionnels, il est évident qu’il convient de se remettre en question en permanence de manière à coller à une situation qui évolue en permanence.

Généralement, les mouvements palestiniens étaient avant tout nationalistes et antisioniste ? et leur héritage marxiste-léniniste les empêchait de verser dans le fondamentalisme religieux. Cela est vraisemblablement en train de changer.

De plus, des groupuscules et des individus affiliés à la cause de Daech sont présents depuis des années en Israël et dans la bande de Gaza. D’ailleurs, une des plus importante « province de l’État Islamique » est celle du Sinaï qui jouxte la bande de Gaza. Et à l’image de ses homologues sur le continent africain, elle redouble d’activités en ce moment…

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