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Le centre ? Quel centre ? Le socialisme gagne les USA et le centre quitte la vie politique mondiale. Pourquoi ?
©Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Denis Jacquet revient cette semaine sur la campagne électorale américaine et le succès de Bernie Sanders, qui vient notamment de remporter la primaire démocrate dans le Nevada.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Et de 3. Sanders va bientôt chanter « I believe I can fly, I believe I can touch the sky » !! Le septuagénaire, caracole de façon implacable devant ses compétiteurs, qui, pour la plupart, démontrent qu’à un âge auquel un CGTiste français serait déjà la retraite depuis 15 ans au moins, on peut encore faire une campagne épuisante à un rythme effréné, sans être rebuté par le dépassement de l’âge pivot. C’est impressionnant quand on connait le rythme d’une campagne, dans un pays tellement plus grand que le nôtre. Ils ont certainement Mick Jagger comme coach, car pour moi, leur énergie, surtout celle de Sanders, dépasse ce que l’imagination humaine est capable de concevoir. Surtout Sanders, car ses débats et discours sont menés à 100km/h, avec un vibrato permanent qui ferait rougir Eric Clapton, avec ou sans « cocaïne ». Quand Biden et encore pire, Bloomberg, tellement décevant, semblent tenus par un corset et animés par des marionnettistes fatigués ou inscrits aux intermittents du spectacle, Sanders, lui envoie du 220V, les 2 doigts dans la prise. Cela laisse pantois !

Cette campagne est le témoin du bouleversement de la politique mondiale, qui fait une victime évidente : Le Centre. On trace une longue droite entre la gauche et les conservateurs, et cette droite, défiant toute notion mathématique, n’a pas de centre. Du jamais vu, de l’incroyable qui renverrait nos grands mathématiciens au placard. Le monde sombre dans les extrêmes, ce qui imposerait d’inventer un hyper centre ?

Le monde ne croit plus à l’avenir, alors il se réfugie dans les marchands de passé ou dans les promesses d’exclusion. Les marchands de passé, de plus en plus nombreux, partout dans le monde, prospèrent sur l’absence de perspectives d’avenir pour les citoyens « ordinaires ». Ceux qui ne croient plus dans l’avenir, n’ont qu’une hâte, celle de retrouver les conditions qui régissaient leur vie passée. C’était mieux avant ! Alors retournons-y, disent-ils. Et bien triste de constater, que faute d’explication plausible et compréhensible au service d’une vision d’avenir, par des politiques dits « normaux », il peut être plus tentant de croire à des balivernes sur le retour du bon « vieux » passé. Celui où l’espoir d’améliorer la situation de la génération précédente était de mise pour 90% de la population. Celui où il y avait 3 personnes en âge de travailler pour 1 personne de plus de 65 ans. Celui où la croissance était encore à portée de mains et le plein emploi de mise, avant la vague des délocalisations vers la Chine.

Le monde ne croit plus à l’avenir, alors il cherche à éliminer la concurrence et vote pour ceux qui lui promettent de chasser l’étranger qui lorgne sur nos ressources et occupe nos (leurs) emplois. Cette frange de l’échiquier était minoritaire dans leur pays, notamment, mais la dynamique de ces parties est désormais impressionnante. 

Le plus déroutant c’est que le réflexe assez logique, qui consiste à se dire qu’entre la baguette des extrêmes, il reste un trou béant pour un candidat « au centre », semblerait avoir perdu toute validité. Aucun candidat « centriste » pour exploiter cet espace béant. De toute part, les journalistes encore lucides, qui commencent à réaliser ou investiguer aboutissent toujours à la même conclusion: l’espace du milieu est…. Vide ! Les extrêmes vident et aspirent tout au passage, et laisse au centre une terre brûlée. C’est Dyson et l’armée Russe réunis. 

Plus incroyable encore, ou aussi étonnant, est la revendication de « socialiste » de certains candidats. Sanders en tête. Il y a peu de temps à l’échelle de l’humanité, aux USA, ce qualificatif vous aurait mené en prison, au minimum. Où vous auriez été retrouvé pendu. Par erreur ! A l’heure où la France n’a plus de PS, les USA, qui pour une fois importent un concept Européen, sont en train de fabriquer une bombe socialiste qui pourrait exploser à proximité du visage de Trump, qui l’emportera néanmoins. Et la pitoyable prestation de Bloomberg qui présage de sa disparition rapide, ne permettra jamais de savoir, si les Américains sont tellement déçus eux-aussi, du capitalisme qu’ils pourraient désormais mener un « gaucho » à l’autel de la « casa-blanca ».

Pour ceux qui pensaient avoir une première historique, le combat entre 2 « entrepreneurs », milliardaires, en seront pour leurs frais. Nous allons hériter de 2 papys de la résistance Américaine, même si l’un, habitué des golfs de Floride et à quelques petits renforts de « botox », cache mieux son âge derrière sa mèche rebelle bien calibrée. Face au désarroi généralisé, partout en occident, l’audience et l’électorat se radicalisent, et font du centre un trou noir, sans matière, ni substance. C’est un élément supplémentaire du bouleversement pour tous ceux qui aiment à se référer au passé pour prévoir l’avenir. Le présent ne se conjugue plus au passé, mais au conditionnel, à l’aléatoire. Façon puzzle dirait Audiard. Pas certain que le résultat soit aussi drôle.

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