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La 12e édition se déroulait du 27 novembre au 3 décembre 2023 autour du thème « Avec l’industrie, fabrique ton avenir ».
La 12e édition se déroulait du 27 novembre au 3 décembre 2023 autour du thème « Avec l’industrie, fabrique ton avenir ».
©FRANCOIS GUILLOT / AFP

Communication de bon augure

La 12e édition se déroulait du 27 novembre au 3 décembre 2023 autour du thème « Avec l’industrie, fabrique ton avenir ».

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent est ancien dirigeant de Elf Aquitaine et Gaz de France, et spécialiste des questions d'énergie. Il est président de la branche industrie du mouvement ETHIC.

 

Ingénieur à l'Institut polytechnique de Grenoble, puis directeur de cabinet du ministre de l'Industrie Pierre Dreyfus (1981-1982), il devient successivement PDG de Rhône-Poulenc (1982-1986), de Elf Aquitaine (1989-1993), de Gaz de France (1993-1996), puis de la SNCF avant de se reconvertir en consultant international spécialisé dans les questions d'énergie (1997-2003).

Dernière publication : Il ne faut pas se tromper, aux Editions Elytel.

Son nom est apparu dans l'affaire Elf en 2003. Il est l'auteur de La bataille de l'industrie aux éditions Jacques-Marie Laffont.

En 2017, il a publié Carnets de route d'un africain.

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Une communication de bon augure… Et pourtant, il paraît que la semaine du 27 novembre était la semaine de lindustrie ! On a beau interroger les industriels français, personne ne sen est vraiment rendu compte. Il a bien été question dun investissement du Danemark à Chartres dans le domaine du Médicament (effectivement c'est de lindustrie) mais il sagit de capitaux étrangers et dune annonce, mais pas dune inauguration, cela ne fera peut-être pas long feu et ça ne serait pas la première fois.

Lindustrie en France est composée de chefs d'entreprise qu'on appelle des industriels ; ils se sont installés envers et contre tout en France depuis des dizaines dannées, naviguant entre les normes, les règlementations, les interdits et les contrôles, les bureaucraties tatillonnes plus ou moins malveillantes, pour conserver des marges et des capacités dinvestissements et donc maintenir vaille que vaille leur activité sur le sol national.

La semaine de lIndustrie faisait rêver dun enthousiasme retrouvé et unanime. On aurait pu imaginer comme pour la « Fête des Entreprises » des rencontres, des articles, des portes-ouvertes, des reportages pour sensibiliser ceux qui ont encore peur de lindustrie. Mais cette belle histoire fait partie des contes et légendes. Il est vrai que lactualité a plutôt insisté sur les déchirements du pays alors que loccasion était donnée de parler de ce qui pouvait réunir. Mais le plus grave cest quil na été question nulle part de lessentiel, à savoir la nécessité pour les industriels et tous les chefs dentreprise dobtenir une vision de lavenir de ce secteur. Mais qui a une vision ? Les écologistes qui ne veulent surtout pas dindustrie, la Dreal (Direction Régionale de lEnvironnement, de lAménagement et du Logement) qui cherche lerreur, les collectivités locales qui veulent des usines mais pas près de chez eux, les syndicats hostiles ou le voisinage inquiet.

Une entreprise cest un compte dexploitation, un budget, avec des prévisions de rentrées, des marchés, des achats, des dépenses, et des marges avec des gains et un résultat net qui permet dengager le futur. Par ailleurs le coût de l’énergie pollue les chefs dentreprise depuis deux ans avec des augmentations de tarifs explosifs, multipliés par 3, par 5 et quelquefois plus. Le Père Noël aurait pu apporter une hotte de stabilité et de retenue mais comme chacun sait le Père Noël nexiste pas, on a à la place un gouvernement qui fait certes des cadeaux mais là, qui a simplement établi un accord avec EDF la société dont il est propriétaire, et sur un montant du MWH qui na rien à voir avec ce que les industriels vont finir par payer.

Un compte dexploitation s’équilibre avec des frais fixes et des frais variables selon les cadences de fabrication. Plus on peut stabiliser les coûts de la fabrication et mieux lindustriel peut anticiper. Jusqu’à présent l’énergie avait un coût régulé, désormais on sait quil peut varier du simple au quintuple sur caprice politique. On sait aussi que les contrats gaz ou électricité ne nous protègent pas et même que nous ne pouvons pas les renégocier sans payer une amende colossale en proportion de nos factures. En fait cest effectivement la fête de lindustrie ! avec une nouvelle incertitude et personne sur qui se retourner. Pas de responsable donc pas de coupable.

Il faut donc que les « animateurs » de la semaine fantôme de lindustrie, nous disent dabord vers quel prix STABLE de l’énergie nous allons. Nos Danois (Le laboratoire Novo-Nordisk qui a fait un chiffre daffaires dailleurs supérieur au PIB danois) ont tous les éléments en main (prix leurs médicaments, prix de leur énergie sur 10 ans). Ils ont tous les éléments en mains contrairement à lindustrie française. Nous voulons juste le même traitement que les Danois de Chartres.

A la place de cela, et ce que nont pas les Danois cest le yoyo dincertitudes qui berce nos PME, les innovations grandioses non désirées car non applicables : RSE baladeuse, partage de la Valeur alors quon est en train de la chercher, brillante campagne de pub et appel à la décroissance mais à la réparation des chaussettes ! Ils doivent nous envier les Danois.

Nous sommes par ailleurs abreuvés dune information anxiogène sur le plan international et national tellement que les chefs dentreprise déclarent ne plus écouter les infos; en revanche pas un mot ou si peu sur les chaînes dinfos de ce qui fait le quotidien du socle économique français. Nous avons besoin de récits à succès, de reportages positifs, dexemples dinnovation et pas seulement pour sur Top chef. Les Français aiment leur boîte, les politiques les craignent, et les médias y sont indifférents à moins quil ne sagisse dun micro trottoir sur une grève ou un focus sur les salaires excessifs des PDG, ou sur le manque de pouvoir dachat sur nos pauvres salariés. Haut les cœurs !

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