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La Cour souligne que le nombre de bénéficiaires de minima sociaux est passé de 3,58 millions en 2008 à 4,21 millions en 2013.
La Cour souligne que le nombre de bénéficiaires de minima sociaux est passé de 3,58 millions en 2008 à 4,21 millions en 2013.
©Reuters

Tares

La Cour des Comptes vient de révéler un référé transmis au gouvernement le 21 septembre pointant du doigt les défaillances de la politique française en matière de minima sociaux. Rendue publique le jour même où le chômage franchissait un cap historique et montrait toute la faiblesse des discours officiels sur "l’inversion de la courbe", cette nouvelle donne un nouvel exemple des "tares" liées aux politiques sociales en France.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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De multiples pièges à pauvreté

La Cour souligne très justement que le nombre de bénéficiaires de minima sociaux est passé de 3,58 millions en 2008 à 4,21 millions en 2013. Cette croissance de près de 20% en 5 ans comporte bien entendu un effet ambigu. La prolifération des minima sociaux constitue l’une des conséquences de la crise: la paupérisation progressive du pays, la panne de croissance, expliquent le phénomène. En même temps, le minima social a un effet d’accoutumance et de dépendance: ceux qui y goûtent un jour ont bien du mal à s’en passer le lendemain.

Dans la pratique, l’Etat consacre désormais 25 milliards d’euros annuels, c’est-à-dire la moitié du budget de l’Education, à ces allocations qui sont autant de pièges à pauvreté.

Les minima sociaux et la déresponsabilisation

Officiellement, les minima sociaux procèdent d’une politique de solidarité. Ils sont financés par l’impôt à destination des populations privées d’emploi pour des motifs extérieurs à la volonté: c’est l’allocation adulte handicapé, l’allocation de solidarité pour les personnes âgées, ou ce fameux revenu de solidarité active auquel personne ne comprend rien mais qui doit encourager le retour à l’emploi.

Face à leur forte augmentation, la même question posée depuis toujours revient avec plus d’acuité: dans quelle mesure les minima sociaux déresponsabilisent-ils les individus? Dans quelle mesure font-ils le jeu de la pauvreté?

Mis bout à bout, entre 3,5 millions de chômeurs de catégorie A et 4,2 millions de bénéficiaires de minima sociaux, ce sont désormais plus de 10% de la population française qui vivent en situation d’exclusion de fait. Si l’on se souvient que 25 millions de français sont en emploi, on compte donc, grosso modo, moins de 4 actifs pour un exclu. Cette proportion oblige à se demander: dans quelle mesure l’existence d’un système de solidarité ne constitue-t-elle un élément supplémentaire désincitant à chercher du travail?

Cela ne signifie pas que l’existence des minima sociaux explique le fort taux de chômage. En revanche, on peut se demander si les minima sociaux ne contribuent pas au retard dans l’adaptation de la main-d’oeuvre du disponible aux compétences requises sur le marché du travail.

Une stratégie politique toxique

Ces questions bien connues et assez classiques sont évidemment posées avec une acuité nouvelle depuis 2012. L’augmentation du nombre de bénéficiaires depuis cette date pose un problème particulier.

Depuis 2012 en effet, le discours officiel a largement reposé sur deux piliers: d’une part, l’exaltation de la « solidarité » comme vertu de la société française, d’autre part une prolifération de la fiscalité sur les classes moyennes et supérieures comme mode normal de gestion des finances publiques. Toute dépense publique est bonne et toute augmentation des impôts meilleure.

Sous ce prisme, la prolifération des minima sociaux prend une dimension particulière. Nous devenons aujourd’hui nous demander dans quelle mesure la paupérisation générale de la société n’est pas le résultat d’une stratégie politique assumée par la gauche. Depuis 2012, il est en effet évident que la gauche exprime l’idéologie d’une technostructure publique (largement énarchisée) dont le projet « solidaire » de société repose sur un balancement en deux temps: gouverner pour les pauvres en faisant payer les riches.

La gauche et la stratégie de la pauvreté

Loin d’être un « accident » économique, l’augmentation des minima sociaux de près de 20% en trois ans résulte plutôt d’un choix politique: pour mieux contrôler la société française, la technostructure fait la guerre à ces rebelles que sont les indépendants et les cadres du secteur privé (les riches), et fait alliance avec les bénéficiaires de la solidarité (les exclus). Pour les uns, le bâton, pour les autres, du pain et des jeux.

Jean-Marc Ayrault ne dit pas autre chose lorsqu’il promeut un amendement à l’Assemblée Nationale qui transforme la contribution sociale généralisée en arme de guerre contre les « privilégiés », et en flatterie pour les plus pauvres. L’ambition de cette politique consiste bien, au nom de la « solidarité » à dorer la cage des pauvres pour qu’ils votent bien et soient sous contrôle politique par leur dépendance vis-à-vis des revenus versés par la collectivité, pendant que ceux qui s’assument par leur travail vivent en enfer pour expier leur effronterie politique, leur rêve d’autonomie et d’indépendance.

Le fruit d’une politique implicite mais délibérée

Dans les fantasmes aristocratiques de la gauche, l’explosion des minima sociaux constitue en réalité une politique implicite mais délibérée. La technostructure qui fait François Hollande déteste le secteur privé. Dans sa vision du monde, sa Weltanschauung auraient dit les phénoménologistes allemands, la société idéale se compose d’elle-même, une caste d’aristocrates « scientifiques », et d’une vaste réserve de manants qui oeuvrent pour nourrir l’ensemble du groupe. Que les manants soient entièrement administrés par l’Etat parachève l’édifice en garantissant une mise sous contrôle de l’ensemble.

Sans le dire, ce projet se met en place.

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