La France a besoin d'une relance... mais pas de celle que réclame l'aile gauche du PS <!-- --> | Atlantico.fr
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"Le tournant de la relance". Voilà ce que souhaite la gauche du parti socialiste.
"Le tournant de la relance". Voilà ce que souhaite la gauche du parti socialiste.
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Ce n'était qu'un rêve

"Le tournant de la relance". Voilà ce que souhaite la gauche du parti socialiste. Au menu : hausse des salaires et nationalisations. Des mesures qui permettraient le retour de l'emploi et de la croissance. Ou pas.

Jean-Yves Archer

Jean-Yves Archer

Jean-Yves ARCHER est économiste, membre de la SEP (Société d’Économie Politique), profession libérale depuis 34 ans et ancien de l’ENA

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Moins d'un an après son accession à l'Elysée, le président Hollande voit en effet une double opposition de gauche se consolider et une contestation interne grandissante. Cette dernière est portée par des personnalités socialistes comme Marie-Noëlle Linnemann ou le sénateur Gaëtan Gorce. S'agissant des deux autres contestations, elles viennent du Front de Gauche (Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent ) et des Verts et se font de plus en plus âpres tant au Sénat que dans les meetings ou dans les manifestations devant les usines touchées par des plans sociaux.

L'ultra-gauche est persuadée que le temps de travail peut être réduit : par exemple à 32 heures pour lutter contre le sous-emploi. En deuxième ressort, elle estime qu'une relance budgétaire est possible car le "poids" (sic) de la France lui permettrait de défier ses créanciers et ses engagements européens. Dès lors que ces deux contraintes seraient, par un tour de passe-passe jamais explicité, mises de côté, on en reviendrait à une classique politique d'emplois publics et de relance indifférenciée du pouvoir d'achat.

De quelle relance...

Une économie européenne en croissance peut reposer sur un ou plusieurs grands piliers dont la demande extérieure, la consommation intérieure des ménages, les flux d'investissements générés par les entreprises et aussi par les structures publiques.

Actuellement, les contraintes budgétaires limitent sérieusement la manne publique. De même, les contraintes de trésorerie des entreprises alliées à la sélectivité inouïe du crédit limitent les capacités d'investissements des entreprises. D'autant que, pour prendre un langage keynésien, la propension à investir des firmes est altérée par la faible visibilité de leurs futurs carnets de commandes. Parallèlement, nos principaux clients étrangers enregistrent, comme nous, une croissance atone voire une récession. Dans ce contexte, les hausses d'impôts qualifiables de massives ont attaqué de front la tonicité déjà amoindrie de la consommation intérieure.

Les locomotives de la croissance française sont au dépôt suite à une politique économique pro-cyclique qui aggrave la crise intérieure et notamment le chômage de masse. La rigueur est devenue austérité stérile car il sera démontré que les recettes fiscales seront érodées par la baisse d'activité.

La première mesure prioritaire est de négocier, collectivement et posément, en Europe et de faire décaler de deux ans les engagements de redressement des finances publiques des pays de l'Union. Cela fait trente ans (depuis l'estimé Raymond Barre) que notre pays (pour ne citer que lui) n'est pas budgétairement vertueux, il vaut mieux se donner 24 mois de répit relatif plutôt que de risquer une explosion sociale issue du chômage de masse. La population active métropolitaine est évaluée à 28,3 millions de personnes selon l'Insee. Si l'on considère les travailleurs issus de secteurs non exposés à la pleine violence de la crise (de type salariés de L'Oréal ou LVMH ), les 5 millions de chômeurs (source BIT avec toutes catégories confondues et non les seuls 3 millions de catégorie A), les 5 à 6 millions d'agents publics, il n'est pas illégitime d'atteindre le chiffre de 15 millions. Ce sont parmi ces 15 millions que les 200 à 300 000 chômeurs additionnels (de 2013 au premier semestre 2014) vont être hélas atteints.

Face au détricotage de notre appareil productif (voir étude de la Coface sur les défaillances d'entreprises qui affectent des entreprises de taille intermédiaire), il faut – selon notre approche – une politique de soutien à l'investissement et une politique de soutien de la consommation intérieure.

Le soutien à l'investissement aurait pu venir de grands travaux européens mais la volonté collective a manqué. Quant à la relance de la consommation, nous vous soumettons un calcul qui ne plaît guère mais qui a souvent, chiffres en mains, un vrai fondement. Dans bien des entreprises, le poste achats et autres charges externes représente plus de 50% du C.A H-T. Tandis que les salaires avec charges sociales dépassent rarement plus de 25%. Autrement dit, gagner – par exemple – 5% sur les achats et l'organisation (idée qui figurait dans le rapport Dalle et Bounine de 1987 ) permettrait de réaliser des augmentations de salaires non symboliques sans nuire à notre compétitivité. Cette idée n'est pas applicable "sous la toise" dans tous les secteurs mais elle a sa force dans bien des firmes et éviterait le développement d'une économie d'endettement ("overdraft-economy") pour les ménages : phénomène croissant des travailleurs pauvres.

Le gouvernement...

Les responsables de l'économie gouvernementale croient conduire une politique de rigueur là où ils sont en passe d'asphyxier la sphère productive par-delà le crédit d'impôt compétitivité. L'austérité est dans les chiffres et le 22 février, Paris et Bruxelles doivent tenir une réunion essentielle. Son ordre du jour est la validation (ou non) des 0,8% de croissance du PIB retenu dans la Loi de finances pour 2013. Ce jour-là, tout le monde saura de combien est l'impasse budgétaire nouvelle issue de l'impossible tenue du cap affiché. Chacun a compris que l'on parle certainement de 15 milliards voire plus.

D'ici le 15 mars, la France sera en passe d'écrire une page importante de son avenir économique et sociétal.

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