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La Chine de demain sera bien plus profitable à l’Europe que celle d’hier
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Avec son nouveau bureau politique et avec le Président Xi Jinping, il semble que la Chine entame une nouvelle ère, avec l’idée cette fois de soutenir la demande interne, avec une hausse de la part de la consommation dans le PIB. Ce qui pourrait être plus profitable à l'Europe.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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En 2012, nous avons eu peur pour la Chine, non pas de la Chine, et moins maintenant. Pourquoi ? Parce qu’en 2012 la Chine a ralenti, ralenti parce qu’elle exportait moins vers les Etats-Unis et l’Europe, du fait de la crise, ralenti parce qu’elle ne savait pas bien gérer sa demande interne, en plein milieu d’un changement dans ses instances dirigeantes. En ralentissant, elle freinait encore l’économie mondiale, dont elle était de loin le principal moteur. Et donc freinait notre propre activité, qui en avait tant besoin. La peur de la Chine (si répandue) a donc laissé place à une peur pour la Chine, autrement dit pour nous…

C’est même à ce moment, en septembre – octobre 2012, que la Chine a fait en sorte que sa monnaie, le Yuan, faiblisse par rapport au dollar ! Ce n’est en effet qu’après que le nouveau Bureau politique est fixé, avec ses membres permanents, et que la pression monte davantage depuis les Etats-Unis, avec le candidat Romney, que le Yuan se remet à monter. Mais surtout, avec ce nouveau bureau politique et avec le Président Xi Jinping, il semble qu’une nouvelle ère se met en place, avec l’idée cette fois de soutenir la demande interne, avec une hausse de la part de la consommation dans le PIB. La croissance par l’export est en effet bloquée, à la fois parce que l’expansion des Etats-Unis est désormais plus réduite et plus autocentrée, parce que la croissance de la zone euro est sévèrement limitée et enfin parce que la région Asie elle-même fait naître de redoutables compétiteurs, avec la Corée notamment (ce qui force le Japon à faire effondrer sa monnaie).

Plus profondément, la Chine se rend compte de trois conditions très importantes pour sa croissance future :

  • d’abord elle ne peut plus investir autant en équipements, usines, travaux publics en tout genre, car elle prend le risque de mal- et surinvestir, ce vieux travers de sa command economy socialiste, ce travers qui explique ces excès passés, avec ces trains qui déraillent, ces routes qui gondolent, ses ponts qui flanchent,
  • ensuite elle doit réduire son taux d’épargne en consolidant ses systèmes de retraite et de soin,
  • enfin elle doit faire monter sa monnaie, si elle ne veut plus importer d’inflation externe et devenir surtout une monnaie crédible dans la région, vraie concurrente du dollar, et faire alors monter les autres monnaies de sa zone d’influence.

Vus de la zone euro, ces choix et ces évolutions doivent être accélérés et mis à propos. D’abord, il faut que la monnaie chinoise continue de monter, couplée avec les hausses de salaire en monnaie locale (on parle de 10 à 15 % par an dans les entreprises exportatrices). Cette double appréciation contribue ainsi à éroder la compétitivité prix de la Chine, allant jusqu’à permettre des relocalisations en zone euro – mais il faudra aussi que l’euro baisse par rapport au dollar ! Ensuite, il faut que nous nous installions davantage en Chine, soit pour y produire, soit pour y exporter. La Chine va consommer plus nos "produits France", par exemple, mais aussi nos produits de santé, nos produits financiers, nos services de logistique, d’organisation... Elle va aussi importer nos savoir-faire en matière de train, d’avion, de nucléaire… Participer à ses efforts nous permettra ainsi d’accompagner la croissance de ce pays tout en améliorant nos propres productions. Les fameuses économies d’échelle qui sont la base de la compétitivité industrielle supposent en effet de la croissance, or elle n’est plus ici. L’innovation suppose toujours du profit, or il est plutôt là-bas. Bien sûr, il ne faut surtout pas être naïf, toujours sur ses gardes, autrement dit réaliste. Mais c’est bien avec une Chine qui va croître différemment que nous pouvons mieux repartir.

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