L’épidémie de solitude tue autant que le tabac mais dans l’indifférence générale<!-- --> | Atlantico.fr
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La solitude serait aussi nocive pour la santé que le tabac.
La solitude serait aussi nocive pour la santé que le tabac.
©JOHN THYS / AFP

SOS amitié

Selon un nouveau rapport de l’administrateur de la santé publique américaine (« surgeon general »), les effets de l'isolement social sur la mortalité équivalent à fumer jusqu'à 15 cigarettes par jour.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico : Selon un nouveau rapport de l’administrateur de la santé publique américaine (« surgeon general »), les effets de l'isolement social sur la mortalité équivalent à fumer jusqu'à 15 cigarettes par jour. De quoi parle-t-on quand on évoque l’isolement ? (isolement/solitude) Comment l'isolement affecte-t-il la santé physique et mentale d'une personne ?

Christophe de Jaeger : Le rapport pointe deux choses distinctes, à savoir l’isolement social et la solitude. L’isolement social représente quelque chose que l’on peut objectiver, à travers le nombre d’amis, le niveau de sociabilité, etc., alors que la sensation de solitude est davantage psychologique. Les deux peuvent se renforcer l’un l’autre. Quand on est isolé socialement, la sensation de solitude est majorée. C’est un cercle vicieux qui a des conséquences sur l’ensemble de l’être humain, à la fois au niveau physique, psychologique et social. À travers cette mise en garde de cette autorité, on se rend compte que ce n’est pas quelque chose d’anodin.

Par ailleurs, on sait que le stress va favoriser les maladies cardio-vasculaires, métaboliques ou encore cancéreuses. Tout ceci va aboutir à une augmentation de la mortalité.

Dans le rapport, il est également dit que les Américains n’ont jamais été aussi isolés. La moitié des Américains ont éprouvé des sentiments de solitude. Cela va avoir des conséquences sur la santé de l’individu, comme on l’a dit, mais aussi sur celle de la communauté, qui le vit très mal.

Les effets de l’isolement ont des effets comparables aux autres facteurs de risques, comme l’alcool, le tabac et la sédentarité, ou encore aux facteurs de risques classiques, comme l’obésité, l’élévation du cholestérol et enfin aux facteurs environnementaux, comme la pollution de l’air.

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Quelles sont les conséquences de la solitude ?

Si vous êtes confronté à une situation difficile, vous pouvez avoir la possibilité d’échanger et d’en parler, ce qui va atténuer le stress et améliorer la gestion du stress. En revanche, si vous êtes seul, vous allez ruminer, ce qui va aggraver la sédentarité et tous les risques de maladie.

Le rapport montre que le phénomène s’est aggravé aux États-Unis. Est-ce la même chose en France ?

Aujourd’hui, les autorités américaines considèrent que c’est une épidémie car cela touche 50% de la population. En France, nous savons que la pandémie de Covid a accéléré le phénomène.

Les effets désastreux de l’isolement sont-ils sous-estimés par les pouvoirs publics ?

Cela est bien appréhendé par les médecins, les associations, mais il y a un manque de moyens criant. On est dans une société qui est paradoxale : tout est fait pour que l’on ait des contacts faciles, mais en réalité, le gens s’y perdent. Ce n’est pas parce que l’on peut avoir des contacts faciles (via des applications de rencontre par exemple) que l’on se retrouve. Quand les gens n’ont pas un maillage familial ou social stable, les gens sont très vite isolés et se renferment sur eux-mêmes.

Que peut-on faire pour inverser les choses ?

Revenons sur les recommandations de l’administration américaine. Il faut renforcer les structures sociales (activités sociales, meilleures infrastructures, etc.), développer des politiques publiques de pro-connection (favoriser les relations entre les gens), mobiliser le secteur de la santé pour identifier les gens à risques et favoriser le travail des travailleurs sociaux, et enfin réformer l’environnement vital. 

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