L'année 2023 : de bonnes surprises contrecarrent les discours pessimistes... la dynamique des entreprises a compensé l'immobilisme des politiques<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron et Bruno Le Maire lors d'une cérémonie officielle.
Emmanuel Macron et Bruno Le Maire lors d'une cérémonie officielle.
© Ludovic MARIN / POOL / AFP

Atlantico Business

Contrairement à ce que nous prédisaient les pessimistes, l'année se termine sur quelques bonnes nouvelles qui atténuent un peu l'impact des dysfonctionnements géopolitiques et climatiques. Il va falloir ouvrir les yeux sur la capacité du pays à affronter les difficultés.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La résilience et l'intelligence des entreprises ont compensé, en 2023, l'immobilisme de l'appareil administratif noyé dans les discours contradictoires des politiques qui ont perdu beaucoup de leur autorité et de leur crédibilité.

L'inflation n'a pas étouffé l'activité, la dette publique n'a pas écrasé la croissance, et la lutte contre les émissions de gaz carbonique permet de dire que la France n'a de leçons à recevoir de personne, pas même des écolos.

 À priori, on ne peut évidemment pas dire que la situation politique soit satisfaisante. Le spectacle offert par l'Assemblée nationale a été lamentable et a montré à l'opinion que décidément la classe politique manquait singulièrement d'expertise  ou de maturité, ce qui a fait le jeu des mouvements extrémistes ou radicaux qui promettent en permanence des solutions miracles mais qui n'empruntent que "la bordelisation" pour s'approcher du pouvoir.

À priori, l'exécutif a visiblement géré les risques de désordre au jour le jour, en respectant les règles de base de la démocratie et celles de la Constitution. Le pays a réussi à accoucher aux forceps d'un budget et de quelques commencements de réformes structurelles qui ont rassuré un peu notre environnement : les retraites, l'immigration, notamment.

À priori, l'Education nationale n'est pas sortie de sa paralysie historique, mais semble prendre conscience de ses difficultés. Le système de santé par contre est lui toujours très malade.

Pour l'appareil d'État, c'est-à-dire le président et le gouvernement, il n'y a rien dans le bilan de l'année 2023 qui puisse leur permettre de pavoiser ? Rien qui nous permette de nous rassurer avec une stratégie cohérente pour l'avenir. Faut dire que l'environnement international n'a jamais été aussi perturbé. Entre la guerre en Ukraine, la tragédie au Moyen-Orient, les menaces chinoises, la montée des populistes, le chemin pour s'en sortir se fait de plus en plus étroit.

En dépit de tous ces risques externes, de toutes les faiblesses structurelles et de toutes les erreurs commises dans la gestion du pays depuis 25 ans, le plus souvent par démagogie et laxisme, en dépit de ce climat dominé par la perspective d'un déclin inéluctable, l'année 2023 se termine beaucoup mieux que ce que les pessimistes de toutes les couleurs politiques nous promettaient au départ.

La poussée inflationniste provoquée par un choc d'offre consécutif à la crise de la COVID, amplifiée par les effets de la guerre en Ukraine sur l'énergie et les biens alimentaires, nous préparait  un tsunami mondial. La secousse a été très sévère mais cette inflation a été, pour l'essentiel, amortie. En France ,l'État a bien sûr compensé certains chocs particulièrement brutaux (sur les carburants, par exemple...), le fonctionnement normal des marchés a permis de réguler les mécanismes et de trouver des équilibres supportables entre l'offre et la demande, mais les entreprises dans leur ensemble ont fait leur job. Elles ont évité de rentrer dans cette spirale prix-salaires qui nous aurait conduits en enfer, et elles ont préservé leurs marges, c'est-à-dire leurs moyens d'investir et de se développer.

D'où le maintien de l'emploi. Il reste quelques failles sur le marché de l'emploi avec des secteurs en tensions qui ne trouvent pas de salariés, alors que le taux de chômage reste suspendu à 7 % de la population active, mais cette question relève plus de la question des formations et des mobilités que des chefs d'entreprises eux-mêmes. En bref, cette inflation que l'on pensait mortelle n'a pas tué l'activité.

Le mur de l'endettement public qui devait nous conduire directement dans le gouffre n'a pas été fatal. L'État et les organismes sociaux ont certes éteint beaucoup d'incendies et arrêté bon nombre de crises sociales en sortant le carnet de chèque et en tirant sur le crédit. C'est vrai. Cette accumulation de dettes assortie de taux d'intérêt alourdis laissait présager le pire avec un taux d'endettement supérieur à plus de 120%. Dans les faits, les trois agences de notation ont reconnu que la soutenabilité de la dette était assurée. D'abord, compte tenu de l'activité, le taux d'endettement est descendu à 111%, ensuite la charge de la dette n'a moins gonflé que ce que les analystes craignaient, compte tenu d'une part très importante de la dette conclue à des taux très faibles, avec aujourd'hui une tendance à la baisse sur les taux longs. Enfin, cette soutenabilité a été confortée par les engagements pris par le ministre de l'économie de contenir le déficit budgétaire en 2024. Les promesses d'un ministre s'engagent que ceux qui les entendent, mais l'année prochaine est un autre jour. Ceci étant, les banquiers sont les mieux placés pour savoir que l'épargne disponible des Français est supérieure au montant de la dette de l'État.

La réduction des émissions de gaz à effet de serre est la troisième bonne nouvelle qui vient contredire les avertissements sans cesse répétés des mouvements écologistes français. Selon le Citepa, chargé de mesurer les émissions, la baisse des émissions approchera les 5 % en 2023, après une année 2022 très sage (déjà en baisse de 2,7%). La baisse est le résultat du travail réalisé dans l'industrie, l'énergie et la construction.  Il reste quelques mauvais élèves , ils appartiennent au secteur des transports qui comme par hasard sont très près de l’Etat. Mais passons .

À ce rythme-là, la France peut atteindre les objectifs qu'elle s'est fixés pour 2030. À noter d'ailleurs que le tribunal de commerce vient de débouter l'ONG "l'Affaire du siècle" qui demandait une astreinte financière de 1,1 million d'euros à l'État pour son manque d'effort dans la lutte pour le climat. Le tribunal a indiqué que la France avait démarré très tard mais que depuis deux ans, elle se rattrapait notamment grâce aux entreprises.

Parce que le comble dans cette affaire, c'est que ces performances ne sont pas le résultat d'un hiver que l'on juge plus clément, ni d'un arrêt de l'activité, au contraire. Elles prouvent seulement qu'en étant inventif et en investissant, on réussit à faire reculer la pollution de l'environnement sans étouffer la croissance, ni s'interdire de prendre l'avion ou de chauffer les piscines.

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