Karim Benzema Ballon d'Or : c'est l'éminence même !<!-- --> | Atlantico.fr
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L'attaquant français du Real Madrid Karim Benzema reçoit le Ballon d'Or lors de la cérémonie au Théâtre du Châtelet à Paris le 17 octobre 2022.
L'attaquant français du Real Madrid Karim Benzema reçoit le Ballon d'Or lors de la cérémonie au Théâtre du Châtelet à Paris le 17 octobre 2022.
©FRANCK FIFE / AFP

Récompense ultime

Karim Benzema est le lauréat du 66e Ballon d'Or France Football. L'attaquant du Real Madrid est devenu le cinquième joueur français à décrocher la récompense suprême pour un footballeur.

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez est entraîneur de tennis et préparateur physique. Il a coaché des sportifs de haut niveau en tennis. 
 
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Les grands prix et les grands trophées offrent le privilège rare d'isoler ceux qui les reçoivent du reste de leurs concurrents. Ceux-ci méritent alors, et un peu plus que d'autres, l'épithète de champion, en même temps qu'ils voient leur carrière instantanément chargée d'un nouveau prestige. 

C'est ce genre de trophée que vient de recevoir Karim Benzema, sacré Ballon d'Or 2022, à plus d'un titre, et surtout à plus d'un mérite. Un privilège rare qui permet à l'attaquant d'ajouter une branche supplémentaire à un arbre quasi généalogique où les morts, les vivants, et les nouveaux venus, se ramifient pour perpétrer l'histoire du football français. Ainsi, après Raymond Kopa (1958), Michel Platini (1983, 84, 85), Jean-Pierre Papin (1991) et Zinedine Zidane (1998), c'est à lui d'occuper le devant de la scène et de recevoir la plus belle des récompenses individuelles. Et sans suspense. 

Si je dis sans suspense, c'est parce que la lui décerner, c'était l'éminence même. J'en veux pour preuve les chiffres qui ont jalonné sa saison. Des chiffres qui parlent et coupent la parole en même temps qu'ils échappent à toute commune mesure. En voici quelques-uns, en vrac, pour que vous compreniez bien que Karim Benzema, la saison passée, ça donnait ça : 44 buts inscrits et 15 passes décisives en 46 matchs...15 buts en une seule saison de Ligue des champions, soit le troisième total de l'histoire... Ou encore 5 buts et une passe décisive en 7 matchs avec l'équipe de France... Éloquent, non ?

Des statistiques comme ça, il y en aurait d'autres, beaucoup d'autres, pour illustrer la haute moisson récoltée par Karim Benzema, mais l'essentiel est ailleurs tant ce joueur est complet et possède plusieurs cordes à son art. 

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Sachez pour commencer que Karim Benzema est un ouvrier d'élite d'un profil particulier. Pourquoi particulier ? Parce que l'avant-centre moderne, ben... ce n'est pas vraiment lui. Même en l'observant bien, vous ne le verrez jamais effectuer de grandes chevauchées comme Mbappé, dribbler comme Messi ou étaler la puissance physique d'Haaland... Non... Ce que vous verrez à l'œuvre, en revanche, c'est un QI football supérieur à la moyenne, un jeu de tête comme je vous en souhaite et une capacité sidérante à donner LA passe et LA solution, au bon moment. Ceci pour vous expliquer que le truc, le grand truc de Karim Benzema, c'est la connexion. Ça tombe bien, car ce joueur a sur le terrain mille idées... en plus des siennes.... Idées qu'il a le bon goût de mettre au service du collectif et qui ont pour conséquences directes de faire briller et "d'augmenter" ses partenaires. Si vous rajoutez à ce tableau déjà formidable une omniprésence stupéfiante dans les moments cruciaux et un corps quasiment allergique aux blessures, vous obtenez un formidable joueur d'équipe qui semble perpétuellement montrer sa force pour ne pas avoir à s'en servir. 

Au-delà de toutes les qualités qui font de lui un joueur singulier au football pluriel, est-il vraiment nécessaire de rappeler que le prestigieux club du Real Madrid, peut-être le plus grand club du monde, est le cadre de ses exploits ? Faut-il aussi stipuler qu'il a su surpasser la formidable somme d'attentes concentrées sur lui avec une autorité calme qui rajoute à ses compétences ? Non, évidemment. Mais comme chaque rose a ses épines, je soulignerai quand même le destin, ces choix qui n'en sont pas, d'un joueur qui n'a pas toujours fait l'unanimité. Impossible donc de ne pas évoquer "l'affaire Valbuena", quelques amitiés encombrantes et les marécages aux relents racistes dans lesquels il s'est embourbé... Impossible également de ne pas pointer l'excommunication en Bleu dont il a été frappé durant cinq ans (pendant que ses petits camarades soulevaient le Graal) et qui a fait de lui le premier banni par principe de précaution de toute l'histoire de l'équipe de France, puisqu'il a été sacrifié pour ce qu'il aurait pu faire, et non pour ce qu'il a commis. Des choses qui se dépassent facilement avec de grandes quantités d'alcool et de drogues pour des personnes comme vous, et moi, mais que Karim Benzema aura surmontées par une détermination et une obstination sans faille. Le tout révélant en creux un personnage fascinant, mélange curieux de culpabilité et d'innocence, qui aura réussi, par le travail, à forcer la reconnaissance du gotha du football. 

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Le tableau esquisse donc le portrait en clair-obscur d'un joueur paradoxal qui a dû faire toutes les guerres pour être aussi fort aujourd'hui... Un joueur qui aura dû attendre ses trente-cinq ans avant de mettre tout le monde d'accord, pour une fois. 

Alors, pour conclure, que penser de ce qui suivra cette apothéose un tantinet éclairée par les lueurs du crépuscule ? Certainement que la prochaine Coupe du Monde sera le dernier grand défi de celui qui a été lancé par Paul Le Guen, à Lyon, en 2005. Ce qui implique que l'heure de l'arthrite sonnera bientôt et que nous serons sous peu les comptables des émotions que ce grand joueur ne nous donnera plus. 

Alors, bravo à vous, Karim Benzema... Bravo, car votre capacité unique à abolir les hasards, plus souvent que les autres, est enfin récompensée. Gardez en tête que le Ballon d'Or que vous venez de recevoir solde un passé autant qu'il annonce un avenir... Car quand on a été Ballon d'Or, on le reste. À vie.

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