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Journée sans voiture : bienvenue à Pyongyang-sur-Seine
©Reuters

Kim Jong-Vroum

Dimanche après-midi, Paris ressemblait un peu à Pyongyang/Seine, les rats et la saleté en plus, la mairie ne parvenant décidément pas à éradiquer ces fléaux.

Alain Rodier

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Son dernier livre : Face à face Téhéran - Riyad. Vers la guerre ?, Histoire et collections, 2018.

 

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La "suprême leader" Anne Hidalgo dans son infinie sagesse en avait décidé ainsi. La comparaison est un peu osée car un certain nombre de véhicules ont bravé l’interdiction en continuant à circuler, ce qui bien sûr aurait été impossible dans la capitale nord-coréenne. Les Français restent taquins avec l’autorité ! Mais, tous ceux qui, comme moi, ont connu la splendeur de l’URSS et du Pacte de Varsovie, il est vrai que Paris faisait aussi penser à Berlin-Est à la belle époque des "petits matins qui chantent".

Mais les derniers marxistes-léninistes convaincus ne se trouvent plus dans le berceau du communisme international mais en France (et en Corée du Nord, un peu au Vietnam et au Venezuela). La génération actuellement aux affaires a une excuse : elle a bénéficié de l’héritage de ses parents, anciens combattants de mai 68. Comme Obélix, elle est tombée dans la marmite de la potion magique quand elle était toute petite. "Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes" comme l’écrivait Benoît Rayski dans un de ses derniers ouvrages.

Bien sûr, l’idéologie de départ n’est pas affichée par les tenants du pouvoir. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces derniers ne sont pas qu’aux manettes politiques gouvernementales. Un camarade communiste m’expliquant en 1968 : "peu importe que l’on ne remporte pas les élections, on tient le pays par la capacité de blocage que possèdent les syndicats". Cette idéologie a donc muté pour devenir plus séduisante en mettant en permanence en avant deux slogans imparables destinés à embrigader le bon peuple : Démocratie et écologie.

Ces deux mots sont employés à toutes les sauces. Ils permettent surtout de classer ceux qui émettent des doutes sur la pureté des intentions de ceux qui les emploient à tort et à travers dans la catégorie des « fascistes » (méthode déjà largement employée par la propagande de l’époque par les pays membre du Pacte de Varsovie) ou, mieux encore, dans celle des malades mentaux (ou vieux séniles). Il convient de rééduquer tout ce beau monde dans des camps destinés à chasser les « vipères lubriques ». A ce sujet et pour bien comprendre, il suffit de relire « le manifeste du camp n°1 » de Jean Pouget qui détaille le traitement réservé par les Vietminh aux militaires français faits prisonniers en Indochine. Afin de rejeter toute opinion divergente sans jamais débattre sur le fond, des bataillons de commissaires politiques qui s’ignorent multiplient les attaques ad hominem vers ceux qui dérangent leur idée du "sens de l'Histoire".

Il est vrai que pour la nomenklatura en place dans le monde politique, journalistique et universitaire français, les héros de leur jeunesse restent Mao, Ho Chi Minh, Castro ou Che Guevara. Que ce dernier ait complètement loupé sa révolution en Bolivie en se mettant à dos les populations locales par sa brutalité importe peu. A Cuba, seuls les touristes portent des tee-shirts à son effigie car il n’a pas laissé que de bons souvenirs, surtout quand il présidait un tribunal révolutionnaire. Il reste aujourd'hui l’icône de tout révolté qui se respecte, surtout dans les beaux quartiers.

La nomenklatura actuelle est donc persuadée d’être dans le camp du "bien" car elle a une notion des nuances plus que limitée. Et pour bien encadrer le peuple qu’elle croît connaître, elle lui offre du pain et des jeux  (Panem et circenses) comme dans la Rome antique. Enfin, pour le pain et les JO, le bon peuple va devoir se les payer lui-même, il ne faut tout de même pas exagérer. Et en plus, tout le monde doit montrer la joie intense(1) qui l’habite à cette perspective comme les Nord-coréens qui pleurent de bonheur quand ils sont mis en présence du "cher leader". Avancer des doutes quant à la responsabilité de l'humanité dans le réchauffement climatique ou prétendre que Paris a obtenu les JO parce que personne n'en voulait est passible des tribunaux médiatiques, la nouvelle Sainte Inquisition.

A l'automne de mon existence (je fais partie des « vieux séniles » cités plus avant mais j’assume), j’ai l’impression que l’Histoire se répète et surtout, que personne n’a su en tirer les leçons, soit par ignorance, soit par idéologie. Un ami ibérique, pourtant très marqué à gauche, me confiait en rigolant : "au fond de tout Espagnol, il y a un petit dictateur qui sommeille !". La politique menée dans la ville des lumières ne me convainc pas du contraire. Au fait, elle a fait combien de voix dans l'arrondissement (le 15°) où elle se présentait en 2014 (2)?

1. Que les sportifs se réjouissent de la tenue des jeux en France est tout à fait normal. C’est leur job et plus encore, c’est leur vie…

2. Son adversaire Philippe Goujon (UMP)  a obtenu 63,4% des voix. Par le jeu (normal) électoral, elle a été élue maire de Paris tout en étant battue dans l'arrondissement où elle se présentait.  

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