JO : attention danger dans les transports <!-- --> | Atlantico.fr
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Une vue du logo de Paris 2024, image d'illustration.
Une vue du logo de Paris 2024, image d'illustration.
©FRANCK FIFE / AFP

Paris 2024

Du vendredi 26 juillet au dimanche 11 août 2024, les transports en commun devront permettre aux sept millions de spectateurs attendus d'être acheminés sur les vingt-cinq sites retenus pour les épreuves.

Olivier Babeau

Olivier Babeau

Olivier Babeau est essayiste et professeur à l’université de Bordeaux. Il s'intéresse aux dynamiques concurrentielles liées au numérique. Parmi ses publications:   Le management expliqué par l'art (2013, Ellipses), et La nouvelle ferme des animaux (éd. Les Belles Lettres, 2016), L'horreur politique (éd. Les Belles Lettres, 2017) et Eloge de l'hypocrisie d'Olivier Babeau (éd. du Cerf).

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Dans un an, Paris accueillera les Jeux Olympiques. Cet évènement sportif d’importance mondiale attirera dans notre Capitale près de 13 millions de visiteurs ! C’est un défi énorme pour notre secteur touristique, qui pose des enjeux majeurs de sécurité et devrait apporter une contribution économique débattue mais qu’on nous présente comme inévitablement positive… C’est aussi un challenge extraordinaire pour le secteur des transports, en particulier dans la Région Île-de-France où se déroulera l’essentiel des épreuves.

N’importe quel lecteur de la presse devine que, pour les transports en commun franciliens, l’épreuve sera dans les rames du métro et du RER bien plus que dans les stades ! Alors qu’on lit régulièrement la colère des usagers face aux wagons qui n’arrivent pas, leur joie de profiter à l’occasion de longues attentes sur les quais ou dans les tunnels, l’arrivée de près de 500 000 à 600 000 voyageurs par jour sera certainement la plus sportive des compétitions. Imaginez : le réseau devra faire face à l’équivalent de 50 matches de football par jour. Quand on se souvient de belle gestion de la finale de la Ligue des champions en 2022, cela laisse songeur…

Le rapport que je viens de publier avec l’Institut Sapiens se penche sur cette question très pratique mais extraordinairement importante. C’est le quotidien de millions de Français qui sera impacté et l’image de notre pays qui se jouera à travers notre capacité à acheminer à temps et en sécurité les amateurs venus du monde entier.

Ne nous méprenons pas : nous avons la chance d’avoir des infrastructures de transport denses et en relatif bon état. Mais sommes-nous pour autant à la hauteur de l’évènement ?

Cela ne s’annonce pas si bien.

D’abord, de nombreux chantiers sont en retard. Les autorités ont même acté que certains ne seront pas prêts pour les JO – mais plutôt bien après. C’est bien dommage, alors que la qualité de l’offre d’infrastructures de transports était une clé du dossier de candidature de Paris.

Ensuite, une autre promesse semble difficile à tenir : celle de la qualité de service. En la matière aussi, mon rapport attire l’attention sur deux volets déterminants. En premier lieu, la promesse d’avoir des Jeux entièrement accessibles aux personnes à mobilité réduite est à tout le moins faiblement tenue. Quiconque a déjà accompagné à Paris une personne en fauteuil roulant (ou une personne âgée qui se déplacerait difficilement) sait que le réseau de métro et trains n’est clairement pas fait pour elle. Leur besoin de déplacement n’est pas impossible, il est nié. En second lieu, le système des titres de transport date de Mathusalem : alors que dans d’autres grandes villes mondiales (comme Londres par exemple), il suffit d’avoir son smartphone en poche pour passer les portiques (le déposer sur les bornes suffit à payer, sans ‘app’ spécifique ni carte obligatoire, comme un paiement de carte bancaire), nous en sommes encore à un mécanisme lourd de cartes (pass navigo) ou de dématéralisation mais avec obligation de télécharger des applications spécifiques. Pas très pratique pour le touriste qui débarque. Pas idéal non plus pour avoir un trafic fluide et rapide !

Le pire est que, comme trop souvent en France, ces résultats plutôt décevants nous coûtent une fortune ! IdFM, l’organisme administratif en charge des transports dans la Région Capitale, est victime d’un endettement galopant et endémique, incapable de redresser la barre. Les rapports savants s’accumulent, dont la conclusion essentielle pourrait se résumer à un message simple : « alerte rouge ! ».

Il faut être équitable, les JO ne sont pas la cause de cette dérive financière : elle tient plutôt à une habitude bien nationale consistant à faire financer les grandes ambitions politiques par la dette (c’est notre côté cigales) et à une gouvernance où s’entrecroisent les responsabilités et les niveaux de décision (or, comme on le sait, quand tout le monde est en charge, personne ne l’est).

Les JO seront une épreuve majeure pour les transports franciliens. Si on ne réagit pas vite à ce qui dessine devant nous, Paris 2024 risque de rester au pied du podium.

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