Mélenchon, complice consentant des régimes autoritaires sud-américains <!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche à l'élection présidentielle.
Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche à l'élection présidentielle.
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Fidel à lui-même

C’est chez Castro et Chavez que, de son propre aveu, le leader du Front de gauche a trouvé le concept de "révolution citoyenne". S'il est revenu depuis sur son soutien affiché aux controversés dirigeants sud-américains, certains de ses propos restent troublants.

Jacobo Machover

Jacobo Machover

Jacobo Machover est un écrivain cubain exilé en France. Il a publié en 2019 aux éditions Buchet Castel Mon oncle David. D'Auschwitz à Cuba, une famille dans les tourments de l'Histoire. Il est également l'auteur de : La face cachée du Che (Armand Colin), Castro est mort ! Cuba libre !? (Éditions François Bourin) et Cuba de Batista à Castro - Une contre histoire (éditions Buchet - Chastel).

 

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La dictature des frères Castro à Cuba s’est invitée avec fracas dans la campagne électorale française. Le Líder Máximodu Front de gauche, flanqué de ses alliés et troupes de choc du Parti communiste, autrefois moribond, revendique à haute voix sa filiation révolutionnaire avec le castrisme et ses alliés en Amérique latine (Hugo Chávez au Venezuela, Rafael Correa en Équateur, et tous les autres gouvernants populistes du sous-continent). C’est chez eux qu’il est allé puiser, de son propre aveu, le concept de « révolution citoyenne », comme d’autres l’avaient fait auparavant avec l’idée de « démocratie participative ». Cependant, la revendication de Cuba comme autre chose qu’une « dictature » va bien au-delà d’une simple coïncidence d’idées. Elle est le signe d’une convergence d’intérêts et d’objectifs particulièrement dangereux, des deux côtés de l’Atlantique.

« Je félicite Cuba, sa résistance et les contributions qu’elle a faites à la science, à la culture, au sport et à l’histoire universelle », déclarait Jean-Luc Mélenchon dans Le Monde Diplomatique de juillet 2010. Il a d’ailleurs ses entrées et d’importants soutiens dans la revue, devenue l’organe de presse international des altermondialistes. Son ancien directeur, Ignacio Ramonet, a récemment manifesté son soutien à la campagne du candidat. Est-il nécessaire de rappeler que Ramonet est aussi l’un des derniers biographes attitrés et officiels de Fidel Castro, dont il a longuement recueilli, jusqu’en 2006, les confidences, avant le retrait de celui-ci de la vie publique suite à son âge avancé et à son état de santé défaillant ?

Le soutien de Mélenchon aux frères Castro, Fidel et Raúl, ne s’exprime pas que par des déclarations. Ainsi, lorsque, le 15 décembre 2010, le Parlement européen remettait à Strasbourg le prix Sakharov pour les droits de l’homme au dissident cubain Guillermo Fariñas, après une longue grève de la faim de ce courageux militant pour faire libérer les prisonniers politiques, Mélenchon (qui était alors eurodéputé) se leva de son siège avec quelques-uns de ses partisans pour bien montrer son dégoût et mépris. L’opposant au castrisme ne put s’en rendre compte : les autorités lui avaient interdit la sortie du territoire. Le prix lui fut néanmoins remis symboliquement. La chaise vide qu’il devait occuper était recouverte d’un drapeau cubain. Ce drapeau qui, aujourd’hui, flotte dans tous les meetings et manifestations de Mélenchon, mais dans un tout autre sens : pour appuyer la répression sans pitié du régime.

Le 5 janvier 2011, alors que son départ du Parlement de Strasbourg lui était reproché par quelques observateurs (à la suite du journaliste Jean Quatremer, sur son blog), Jean-Luc Mélenchon persistait et signait : « Cuba n’est pas une dictature, pour moi, clairement, non », déclarait-il sur France Inter le 5 janvier 2011. « Qu’est-ce alors, M. Mélenchon ? », lui demandait en substance le 12 avril dernier son interviewer Fabien Namias sur France 2. Ce à quoi il refusa dans un premier temps de répondre (par manque de temps) puis, se ravisant, il s’en tira en dénonçant l’embargo et « l’arrogance » des États-Unis. Même s’il se sent quelque peu gêné aux entournures par l’ampleur prise par les polémiques sur Cuba dans sa campagne, il se sent obligé en permanence d’exprimer son soutien au régime, par exemple en manifestant sa solidarité à l’égard de cinq espions castristes (des « héros » pour le régime) condamnés par la justice américaine, certains d’entre eux pour crimes de sang.

L’appui inconditionnel au castrisme a provoqué le revirement du philosophe Michel Onfray qui, pourtant, se sentait séduit auparavant par son programme de politique intérieure, mais qui n’a pas supporté de l’entendre soutenir ouvertement ni les frères Castro, ni Chávez, lui-même ami d’Ahmadinejad, ni le régime communiste chinois contre les Tibétains, ni d’afficher son inspiration révolutionnaire nationale, puisée chez Robespierre et Saint-Just. Onfray, courageusement, ne cesse de dénoncer aujourd’hui celui qu’il ressent comme un danger, se faisant copieusement insulter par les innombrables admirateurs de l’ex-militant trotskiste, puis socialiste, aujourd’hui simplement mélenchoniste mais aussi compagnon de route des communistes.

La revendication de la Terreur est commune à Mélenchon et à Fidel Castro. Le Commandant en chef écrivait il y a déjà un demi-siècle : « Ce sont des Robespierre qu’il faut à Cuba, beaucoup de Robespierre. » Il en a suffi de quelques-uns (Fidel et Raúl Castro, Che Guevara et leurs subordonnés) pour instaurer un régime qui a fait fusiller des milliers d’opposants, emprisonné des dizaines de milliers de dissidents, poussé à l’exil près de deux millions de Cubains, au nom d’une révolution « humaniste ». Pour tous ceux-là, Jean-Luc Mélenchon n’a jamais fait preuve de la moindre compassion. Il n’a pas daigné non plus appuyer cet homme qui, pendant la récente visite du Pape Benoît XVI, a osé crier avant d’être embarqué manu militari : « A bas le communisme ! » Il préfère s’afficher comme le complice consentant de la dictature.  

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