Israël /Hamas : l’islamisme, cet énorme angle mort de Dominique de Villepin<!-- --> | Atlantico.fr
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Reflet d'une femme passant devant une affiche dans une vitrine montrant un combattant du Hamas posant dans une maquette de drone kamikaze
Reflet d'une femme passant devant une affiche dans une vitrine montrant un combattant du Hamas posant dans une maquette de drone kamikaze
©Photo by AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Aveuglement

L’appel à manifester contre l’antisémitisme ce dimanche devrait emporter une adhésion sans faille, mais il est victime de confusions inquiétantes, alors que la guerre d’Israël contre le Hamas est totale.

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier est docteur en histoire, enseignant, formateur et consultant. Ancien membre du groupe de réflexion sur la laïcité auprès du Haut conseil à l’intégration. Dernier ouvrage : Laïcité, émancipation et travail social, L’Harmattan, sous la direction de Guylain Chevrier, juillet 2017, 270 pages.  

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L’appel à manifester contre l’antisémitisme ce dimanche devrait emporter une adhésion sans faille, mais il est victime de confusions inquiétantes, alors que la guerre d’Israël contre le Hamas est totale. L’interview qu’a donné l’ex-premier ministre Dominique de Villepin, à France info nous en donne un aperçu. De Villepin : « le gouvernement israélien de Benyamin Netanyahou a échoué le 7 octobre. Il a échoué doublement, dans la capacité à assurer la protection du peuple israélien en laissant faire des massacres qui sont une abomination. Le gouvernement israélien porte une responsabilité directe dans ce qui s'est passé le 7 octobre. » Faut-il comprendre que ce serait parce que le gouvernement israélien n’aurait pas bien protégé ses habitants de sa propre volonté que cette attaque a eu lieu ? Gravissime accusation ! France info :« Vous évoquez la responsabilité du gouvernement israélien dans l'attaque du 7 octobre, mais elle a été perpétrée par le Hamas ». Dominique de Villepin : « Il n'y a aucun doute là-dessus (…) Mais le gouvernement israélien a failli. (…) il a failli parce que la force ne permet pas d'assurer la sécurité d'un peuple (…) Or, le choix du gouvernement israélien, depuis le 7 octobre, c'est de surenchérir par la force. » Les massacres de ce jour maudit seraient à considérer comme s’inscrivant dans « un cycle de violences », une violence en quelque sorte en entrainant une autre, et la guerre contre le Hamas qui fait des victimes civiles, à une « politique de vengeance ». Autre mise en accusation redoutable.

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Il ajoute même, sur « la question de la responsabilité » (…) « La faute, nous la laisserons aux historiens. Nous voulons arrêter ces violences, ces massacres. ». Ainsi, il confirme que la responsabilité de ce qui s’est passé pourrait être imputée à d’autres qu’aux terroristes du Hamas. Il parle de « la justice » qu’il oppose à « la force », mais c’est le Hamas qui a pris les Palestiniens de Gaza en otage avec ses abominations du 7 octobre dont il se sert de bouclier humain après avoir provoqué la guerre. Il en instrumentalise les victimes innocentes dans sa propagande, pour entrer dans notre tête, et faire se renverser la charge. Chose inscrite par avance dans le plan des terroristes islamistes, comme le chantage aux otages. Qui ne souhaiterait un « cessez-le-feu » donnant la priorité à l’humanitaire ! Mais est-on seulement dans un cas de figure où les « règles de la guerre » vues par la communauté internationale peuvent être convoquées, alors que le Hamas promet dès qu’il le pourra de recommencer ?

L’abomination, l’expression même de l’islamisme

Derrière l’argument d’un contexte de violences qui se répondent pour tout expliquer, il semble échapper l’essentiel à Dominique de Villepin. C’est le marqueur historique sur l’échelle de l’horreur que représente le 7 octobre, et sa cause, l’islamisme. Totalement absent de son analyse, il ne date pourtant pas d’hier. Le 7 octobre s’inscrit dans le prolongement des horreurs de l’Etat islamique et des attentats que la France a connus, avec des décapitations. On se remémorera l’organisateur des attentats de novembre 2015 à Paris, Abdelhamid Abaaoud, se filmant en plein djihad, fier, sourire aux lèvres, au volant d’une voiture qui tire derrière elle des corps en morceaux

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Un crime contre l'humanité est une incrimination créée en 1945 dans le statut du tribunal militaire de Nuremberg, qui désigne une « violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d'un individu ou d'un groupe d'individus inspirée par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux », dont le « génocide » fait partie.Un crime contre l’humanité, c’est un crime qui concerne toute l’humanité en raison de sa nature. Il y a des limites à l’inhumanité qui ont été posées, fruit de l’évolution de l’Homme, de la conscience de sa condition, et correspondent à la notion de dignité humaine. Elle a été bafouée dans la boue et le sang le 7 octobre, comme le franchissement d’une frontière que l’on pensait bannie après le nazisme. D’une certaine façon, l’usage par les terroristes islamistes des portables des victimes pour montrer en direct à leurs familles les sévices qu’ils leur infligeaient, va même au-delà, en ajoutant par la technologie l’épouvante à l’horreur. Ceci, tel le reflet d’une haine exterminatrice contre une partie du genre humain, les juifs, par des hommes dont l’avilissement les en a fait sortir. Il s’est passé là un basculement à ne pas prendre à la légère.

Le 7 octobre, un battement d’aile où la programmation de l’extermination des juifs

Un manifestant samedi 4 novembre à Montpellier (Hérault), explique devant un groupe de manifestants : « En vérité, l’acte du 7 octobre c’était un battement d’aile de papillon. Ils ont peur de cet effet papillon (…) Ils ont peur qu’on vienne éclairer le phare de la Palestine. Que ce phare éclairé donne un espoir aux peuples du sud, qui se rebellent contre l’Occident, et cette politique néocolonialiste et impérialiste » . Une majorité des présents applaudit avec des cris de soutien. Des propos signalés à la plateforme gouvernementale Pharos, au service de la lutte contre l’apologie du terrorisme. S’ils ont suscité une indignation collective, voit-on bien leur réelle signification ? L’effet papillon, c’est cette théorie selon laquelle un événement dit « insignifiant » va en entrainer d’autres du fait de ce qu’il modifie, et par amplification, en arriver à changer l’histoire du monde. Si on prend l’objectif des islamistes le 7 octobre, de tuer un maximum de juifs et de la façon la plus ignoble, cela résonne comme le commencement d’une extermination à laquelle cet événement appelle partout dans le monde.

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Monsieur de Villepin appelle « le gouvernement de Benyamin Netanyahou à mettre fin à sa "stratégie sécuritaire" qui selon lui "accentue l'antagonisme entre l'Occident et le reste du monde". On peut critiquer beaucoup Israël, les dérives ultraconservatrices du gouvernement Netanyahou, la colonisation jugée insupportable de la Cisjordanie, mais cela ne saurait cacher un enjeu qui couve de longue date, et qui n’a pas grand-chose à voir avec ce pays, c’est la montée de l’islamisme partout, venant du monde musulman. Aucun des pays qui le composentn’a séparé le religieux du politique pour assurer une pleine liberté, où le modèle démocratique est en fait largement identifié à l’Occident et même ainsi parfois rejeté, amalgamé comme dans le discours de ce manifestant avec un postcolonialisme et un impérialisme en chute libre qui n’expliquent rien ici. Un contexte de confusion qui encourage les islamistes dans leur volonté que la religion soumette tout. L’égalité des droits universels, par-delà les sexes, l’origine, la religion, est comme une déclaration de guerre à l’islam pour les islamistes. Le voilà le danger, celui de l’impérialisme islamiste qui devrait être combattu sans merci, à l’unisson ! Cette fameuse « communauté internationale » a fait largement faillite à ce sujet. N’est-ce pas la première cause de ce qui arrive ? Où est passée la coalition internationale anti-Hamas promise au lendemain du 7 octobre par le président de la République, qui ne participera pas à la marche contre l’antisémitisme ?

Le combat contre l’islamisme engage notre destin commun

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Certains osent comparer les terroristes du Hamas aux résistants des années 1940. Mais ces résistants étaient à l’inverse des tortionnaires nazis qu’ils combattaient, porteurs de valeurs humaines qui faisaient leur dignité. Il y a eu ce 7 octobre d’atteint un point de non-retour, l’ombre d’une souillure portée sur le monde qui doit être comme le son du tocsin pour toute l’humanité, si le mot « dignité » inséparable de « la liberté » doit pouvoir encore avoir un sens. Ne pas prendre conscience que l’islamisme est le mal absolu, qui ne sera vaincu qu’au prix d’aucune concession, que ce qui se joue en ce moment en Palestine relève du combat pour le destin de l’humanité, ce serait le commencement d’une véritable fin de l’histoire.

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