Israël / Gaza : cette guerre de désinformation qui fait rage en ligne comme jamais auparavant<!-- --> | Atlantico.fr
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Des bâtiments dévastés en Palestine -- Photo MAHMUD HAMS / AFP
Des bâtiments dévastés en Palestine -- Photo MAHMUD HAMS / AFP
©MAHMUD HAMS / AFP

Montrer l'horreur

La guerre entre Israël et le Hamas fait rage. Elle se déroule également sur les réseaux sociaux, où certains terroristes n’ont pas hésité à publier pratiquement en live leurs exactions. Attention, toutefois, à ne pas tomber dans les griffes de la désinformation…

David Amsellem

David Amsellem

Spécialiste des questions énergétiques du Proche et du Moyen-Orient, David Amsellem est l’auteur de "La guerre de l’énergie, la face cachée du conflit israélo-palestinien," publié aux éditions Vendémiaire. Il est également docteur en géopolitique.

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Atlantico : Depuis le début des attaques du Hamas sur Israël, les réseaux sociaux sont pris d’assauts. De multiples vidéos ont circulé par exemple sur les otages israéliens emportés vers Gaza par les militants et combattants du Hamas. Est-ce qu’elles sont authentiques ? ou Doit-on se méfier car il y a aussi beaucoup de désinformation ?

David Amsellem : Nous sommes encore dans ce que j’appelle « le brouillard de guerre » pour paraphraser Clausewitz. Il faut faire très attention car beaucoup de vidéos n’ont pas encore été authentifiées, et des doutes sérieux existent pour certaines d’entre elles.  

Prenons le cas de cette vieille dame qui a été enlevée par les Palestiniens en voiture. Les israéliens l’ont reconnu. Cette femme s’appelle Yafa, a 85 ans et serait une  rescapée de l’holocauste. J’ai vu passer des images nous expliquant qu’elle avait été libérée mais d’autres informations disent qu’elle est toujours retenue en otage. Autre exemple, les images atroces de ces enfants (supposément à Gaza) enfermés dans des cages à poule. Est-ce que ce sont des enfants israéliens enlevés ? ou est-ce une vidéo qui existait déjà sur Internet et qui a été postée avant le début du conflit ? Les informations sont contradictoires. A ce stade il faut rester prudent. Ce qui est certain, c’est qu’il y a une surenchère pour montrer l’horreur. Il n’est pas impossible que l’on voit prochainement des images de massacres ou de charniers, et certaines pourraient n’avoir absolument aucun lien avec ce conflit. 

Dans ce type de conflit, l’information est un élément crucial qu’il faut absolument maîtriser ? 

C’est un élément fondamental. Pour le Hamas, il y a un enjeu de terreur affiché en direction de la population israélienne. Leur objectif est de les terroriser en envoyant un maximum d’informations et en inondant les réseaux sociaux de ces images parfois traumatisantes. Le Hamas a également besoin de communiquer et de montrer ses capacités, pour les autorités israéliennes et certainement aussi pour son mentor iranien. C’est pourquoi ils ont diffusé énormément de vidéos d’entraînements et de simulations pour montrer qu’ils étaient prêts, sur-armés et formés. Le Hamas est dans une logique d’exposition médiatique sur les réseaux sociaux.

En face, les israéliens essaient de faire de même mais avec évidemment d’autres objectifs. L’armée israélienne explique ainsi qu’elle reprend le contrôle du territoire, qu’elle sécurise la zone, qu’elle élimine aussi les terroristes entrés sur son territoire et que la riposte se prépare. Tsahal, par exemple, a diffusé une vidéo d’interception de navires palestiniens qui ont été éliminés. Au niveau politique aussi, le gouvernement israélien veut se montrer uni et déterminé. Pour les deux camps, il y a un enjeu politique extrêmement fort de montrer qu’ils sont en capacité. Pour l’un de rentrer et de terroriser. Pour l’autre de contenir, de répondre et de riposter.

Quel est le rôle des réseaux sociaux par rapport aux médias traditionnels ? Comment le Hamas les utilise-t-il ?

Sur les réseaux sociaux, l’information est sans filtre et brutal car n’importe qui peut poster ; et le Hamas ne s’en prive pas. Certains terroristes ont publié presque en direct sur des plateformes comme Facebook leurs exactions. Il existe cependant des différences dans le contenu qui est diffusé selon la politique de la plate-forme. 

J’ai l’impression que sur Facebook et Instagram, c’est-à-dire les réseaux du groupe Meta, nous voyons moins de contenus violents. Sur X (ex-Twitter), où le flux d’information publié est gigantesque, on peut voir des images et vidéos heurtantes, mais cela n’inonde pas la plateforme. En revanche, c’est parfois très violent sur les boucles privées Telegram ou certains comptes Tik Tok ; deux réseaux qui ne sont pas américains et qui ne sont pas astreints aux mêmes règles et contraintes — Telegram est russe et Tik Tok est chinois. Si X reste une plateforme centrale pour communiquer et s’informer, ce conflit confirme la montée en puissance d’autres plateformes où la politique sur les contenus est beaucoup plus permissive.  

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