Il semblerait qu’il existe un lien entre aliments ultra-transformés et santé mentale <!-- --> | Atlantico.fr
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Des clients dans un supermarché.
Des clients dans un supermarché.
©DAMIEN MEYER / AFP

Alimentation

La consommation de produits issus de l’industrie agroalimentaire tels que les biscuits apéritifs ou les plats cuisinés congelés aurait un impact sur les dépressions, le stress ou même le déclin cognitif.

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal est nutritionniste. Très gourmande, elle ne jette l'opprobre sur aucun aliment et tente de faire partager ses idées de nutrition inspirante. Elle est par ailleurs l'auteur de Ouvrez les yeux avant d’ouvrir la bouche, publié chez Plon, et du blog "MiamMiam".

 

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Atlantico : On en parle souvent, mais qu’appelle-t-on exactement aliments ultra transformés ?

Béatrice de Reynal : La notion d’aliment transformé ou ultra transformé provient de la classification NOVA. Ce système a été mis au point par le Professeur MONTEIRO* aux objectifs de santé publique. Ce système est bien plus simple que notre Nutri-Score, mais il aussi plus simpliste…

La classification NOVA permet de catégoriser les aliments selon 4 groupes, en fonction de leur degré de transformation industrielle (aliments peu ou pas transformés, ingrédients culinaires, aliments transformés, aliments ultra-transformés).

Voici les catégories :

1 : aliment non transformé : un poisson, un verre de lait, une pomme…

2 : ingrédient culinaire : sel, poivre, huile ou beurre…

3 : tout ce que je peux faire avec 1+2 = un steak poêlé avec sel, poivre, persil ou un fromage blanc avec un coulis de fruits

4 : tout le reste : des aliments qui incluent des additifs, des multi-opérations, l’emblème étant le cordon bleu, mais qui peut-être tout simplement un yaourt aux fruits, un biscuit ou un corn flake.

Le groupe des «aliments ultra-transformés» comprend par exemple les pains et brioches industriels, les barres chocolatées, les biscuits apéritifs, les sodas et boissons sucrées aromatisées, les nuggets de volaille et de poisson, les soupes instantanées, les plats cuisinés congelés ou prêts à consommer, et tous produits transformés avec ajout de conservateurs autre que le sel (nitrites par exemple), ainsi que les produits alimentaires principalement ou entièrement constitués de sucre, de matières grasses et d’autres substances non utilisées dans les préparations culinaires telles que les huiles hydrogénées et les amidons modifiés. Les procédés industriels comprennent par exemple l’hydrogénation, l’hydrolyse, l’extrusion, et le prétraitement par friture. Des colorants, émulsifiants, texturants, édulcorants et d’autres additifs sont souvent ajoutés à ces produits.

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Le piège contre-intuitif : les AUT comprennent aussi :

-Les viandes rouges ou blanches salées sont considérées comme des «aliments transformés» alors que les viandes fumées et/ou avec des nitrites et des conservateurs ajoutés, comme les saucisses et le jambon, sont classées comme «aliments ultra-transformés».

-Les conserves de légumes uniquement salées sont considérées comme des «aliments transformés» alors que les légumes industriels cuits ou frits, marinés dans des sauces et/ou avec des arômes ou texturants ajoutés (comme les poêlées industrielles de légumes) sont considérés comme des «aliments ultra-transformés».

-Les compotes de fruits avec seulement du sucre ajouté sont considérées comme des «aliments transformés», tandis que les desserts aux fruits aromatisés avec du sucre ajouté, mais également des agents texturants et des colorants sont considérés comme des «aliments ultra-transformés».

Déjà, une étude associant des chercheurs de l’Inserm, de l’Inra et de l’Université Paris 13 (Centre de recherche épidémiologie et statistique Sorbonne Paris Cité, équipe EREN) suggère une association entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le sur-risque de développer un cancer. Sur un total de104 980 participants sur 8 ans, 2 228 cas de cancers ont été diagnostiqués et validés. Une augmentation de 10% de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire s’est révélée être associée à une augmentation de plus de 10% des risques de développer un cancer au global et un cancer du sein en particulier. Parmi les différentes hypothèses qui pourraient expliquer ces résultats, la moins bonne qualité nutritionnelle globale des aliments ultra-transformés ne serait pas la seule impliquée, suggérant des mécanismes mettant en jeu d’autres composés (additifs, substances formées lors des process industriels, matériaux au contact des aliments, etc.). Ces résultats doivent donc être considérés comme une première piste d’investigation dans ce domaine et doivent être confirmés dans d’autres populations d’étude.

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(Source : étude publiée 15 février 2018 dans le British Medical Journal.)

La consommation de ces produits issus de l’industrie agroalimentaire aurait un impact sur les dépressions, le stress ou même le déclin cognitif. Qu’en savons-nous exactement ?

Une  étude sur 10 359 adultes âgés de 18 ans et plus a montré que les plus gros consommateurs d’AUT étaient significativement plus susceptibles de déclarer au moins une dépression légère, ou une plus mauvaise santé mentale et plus de jours anxieux par mois.

Ces données ajoutent des informations importantes à un nombre croissant de preuves concernant les effets indésirables potentiels de la consommation de FPU sur la santé mentale. C’est un fait.

Comment expliquer ce possible lien entre nourriture ultra transformée et problèmes de santé mentale ?

Le lien n’est pas encore confirmé.

De multiples raisons sont envisagées, et sont sans doute toutes  impliquées : déficit de micronutriments précieux comme minéraux, oligoéléments, vitamines, mais aussi, des éléments d’autodépréciation, ou de détérioration de l’image corporelle.

A suivre…

Comment limiter les aliments ultra transformés dans son alimentation ? 

C’est tout simple à comprendre mais certainement plus compliqué à appliquer. Choisir des aliments simples et les cuisiner soi-même… je vous vois déjà hausser les épaules.

Mais franchement, faire cuire une truite portion en papillote au microondes n’est certainement pas très compliqué pour manger dans les 4 mn de cuisson nécessaire. Ouvrir une boîte de lentilles au naturel, ou faire une grosse salade verte avec un peu de pois chiche et des cubes de fromage… pas une prise de tête. Pomme de terre, crudités, cuidités, légumes, légumineuses, viandes ou moisson, œuf ou fromage… la moitié du marché se prépare si vite !!

Bref : restez au plus près des aliments simples et assemblez-les avec grâce et imagination.

En fait, la nutrition, ce n’est juste qu’une question de variété et .. d’anticipation. Prévoir, en nutrition, c’est le début du paradis nutritionnel.

Celui qui a faim ne peut plus faire de bons choix nutritionnels.

* Monteiro CA, Cannon G, Moubarac JC, Levy RB, Louzada MLC, Jaime PC. The UN Decade of Nutrition, the NOVA food classification and the trouble with ultra-processing. Public Health Nutr 2018;21:5-17. 

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