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"Il devrait être au lit à cette heure-ci !" : pourquoi les parents devraient cesser de culpabiliser s’ils couchent leur bébé très tard (ou le réveillent très tôt)
©Reuters

Oiseau de nuit

Votre nouveau-né ne ferme pas l'oeil avant 22 heures et préfère faire des siestes dans la journée ? Pas de panique, c'est normal. La plupart des nourrissons n’ont pas un rythme de sommeil classique et il faut s'y adapter, sans chercher à leur imposer des horaires d'adultes.

Edwige Antier

Edwige Antier

Pédiatre et mère de famille, ancienne interne des Hôpitaux de Paris, diplômée en psychopathologie, Edwige Antier exerce la pédiatrie depuis trente ans. Connue pour son travail de députée à l'Assemblé nationale pour la protection des enfants, elle a déposé la proposition de loi contre les châtiments corporels et a contribué à l'élaboration de la loi contre la violence faite aux femmes. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages, dont L’Enfant de l’Autre (2003, Robert Laffont) et Sois poli, dis merci (à paraître chez Robert Laffont jeudi 11 septembre 2014), et exerce la pédiatrie à Paris.

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Atlantico : Dans un témoignage (voir ici), une jeune maman raconte qu'elle n'arrive pas à faire dormir sa fille, même à 22h passée. Son bébé fait en revanche de longues siestes dans la journée. Ce cas est-il une exception ? Les nouveau-nés ont-ils tous les mêmes rythmes de sommeil ?

Edwige Antier : La plupart (je dirais 9/10) n’ont aucun rythme. Nous, les pédiatres, appelons cette période, "l’anarchie des 100 premiers jours" (3 mois). Puis la moitié se règle sur 2 réveils, vers 1h et 5h, et petit à petit il n’y a plus qu’un réveil nocturne. Vers 6 mois, 9/10 font une petite nuit de 6h. Quand la maman en visite de maternité nous demande : "Docteur, quand va-t-il faire ses nuits ?", je me dis qu’elle n'est encore pas vraiment maman. Parce que la question importante est : "Docteur, quels sont ses besoins ?". Mais je sais qu’elle va vite s’y mettre…

Toujours selon ce même témoignage, la jeune maman a fini par renoncer et à s'adapter au rythme de sommeil de son bébé. Est-ce une bonne solution ? Faut-il respecter l'horloge biologique de son nouveau-né ou faut-il mieux essayer de la caler sur des horaires classiques ?

Classiques ? Cela veut dire les horaires qui arrangent les adultes ! Et donc que l’on va les laisser pleurer ? Ou mettre un bidule en silicone pour les faire "patienter" alors qu’ils ont besoin de bras et de lait. Bon ! Je dis souvent aux parents : "oui, si vous voulez faire des économies de lait, c’est bien !" Ils comprennent alors l’absurde de cet essai de dressage. Qui se fera au détriment de son épanouissement, de son développement. Car les bébés connaissent leurs besoins…

Quelles solutions existe-t-il pour faire face à un nouveau-né qui a une horloge biologique décalée ?

Réglez votre horloge sur la sienne. Vous coucher tôt, pour ne pas être fatigués par les réveils qui vont suivre. Ainsi, tous les enfants se règlent mieux qu’en se mettant en phobie d’un lit où ils ont tant attendu, tant pleuré…

Selon le même témoignage, le problème a persisté lorsque sa fille a grandi. Malgré les horaires imposés par l'école, elle continue de se coucher vers 22h, parfois même vers minuit, sans sembler souffrir du manque de sommeil. Cette maman doit-elle s'inquiéter pour le sommeil de sa fille ?

Il y a des "petits dormeurs". Dès lors qu’elle se réveille spontanément, à l’heure et en pleine forme, il faut le respecter. Si elle ne parvenait pas à se réveiller le matin, par contre, il faudrait s’allonger près d’elle le soir pour l’aider à s’apaiser au lieu de lutter contre le sommeil. Et de préférence le papa : à cet âge, c’est bien qu’il montre sa présence !

Cette maman dit s'être sentie coupable de ne pas arriver à faire faire ses nuits à sa fille, et revendique le fait de ne plus ressentir ce sentiment depuis que son pédiatre lui a indiqué que "avec les enfants, il n'y a pas normalité. Il n'y a que des moyennes." Cette maman a-t-elle raison de déculpabiliser, selon vous ?

Complètement. Dans le cycle naturel du petit d’homme, il dort sur le dos de sa mère, dans la case, au sein, et s’autonomise très bien petit à petit. C’est notre culture qui veut imposer aux enfants des rythmes inadaptés à leurs besoins ! Cette maman a montré une grande sensibilité, une confiance en ce qu’elle ressentait, et a préféré l’avis de son sage pédiatre à celui de ses copines : un enfant qui "fait ses nuits", ce n’est pas un exploit !

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