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Grande-Bretagne : le bâton remplace la carotte chez les buralistes
Grande-Bretagne : le bâton remplace la carotte chez les buralistes
©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Nanny State

Chez nos voisins du dessus, si vous êtes nés avant 2009, vous n’entrerez plus jamais chez un buraliste (ou alors de nuit, avec un pied-de-biche).

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Ça n’a pas encore l’air d’avoir vraiment été repéré de ce côté-ci de la Manche, ou en tout cas beaucoup moins que la légalisation du cannabis en Allemagne il y a trois semaines, mais le parlement britannique vient tout juste de rendre la vente de cigarettes illégale. Oui oui, la bête clope au seul tabac. Finito.

Par 383 voix contre 67, les députés ont ainsi adopté une loi transformant les personnes nées en 2009 en « génération Alpha », soit la toute première cohorte pour laquelle acheter un paquet de Marlboro ne sera jamais autorisé, y compris après avoir soufflé ses dix-huit bougies. Pour les autres, nés en 2008 ou avant, rien ne change. Ils pourront continuer à faire ce qu’ils veulent jusqu’à ce que mort s’ensuive.

La Nouvelle-Zélande, qui envisageait une mesure similaire, avait fini par l’abandonner au nom de la rupture d’égalité entre citoyens majeurs qu’elle finirait inéluctablement par provoquer. Leurs cousins de Westminster se seront donc montrés moins pointilleux sur la question des libertés individuelles.

Sur le papier (Riz la Croix ?), un monde sans tabac est sans doute un objectif louable. Fumer, ça pue, ça donne des cancers mortels, ça coûte un pognon de dingue à la sécu, ça nique le sens du goût et les performances sportives, ça engraisse des multinationales cyniques, et ça peut accessoirement mettre le feu à un appartement si l’on fait ses volutes au lit. Qui refuserait d’interdire une saloperie pareille ?

Dans la réalité, fumer fait tout ça c’est vrai, mais on pourrait aisément dresser la liste de toutes les activités et passions humaines à externalités négatives individuelles ou collectives pour les prohiber les une après les autres. Exit l’équitation, le ski hors piste, le saut à l’élastique, le RER B après 22h00, le beurre, le pinard, le sucre, et j’en passe par manque de place. Ça rappelle surtout la vanne du type auquel son toubib interdit à peu près tout par précaution en lui disant qu’il n’en vivra peut-être pas plus longtemps mais qu’il se dépêchera de mourir par ennui de toute manière. 

Boris Johnson, un ancien Premier ministre british pas toujours bien inspiré lui-même mais ayant le sens de la formule (en plus de celui du droit censément inaliénable de choisir son lifestyle dans une société démocratique), s’agaçant depuis le Canada de voir son successeur Tory approuver la loi, a d’ailleurs parfaitement résumé l’affaire : « When the party of Winston Churchill wants to ban cigars, donnez-moi un break as they say in Quebec, it's just mad » ("Quand le propre parti de Winston Churchill veut interdire les cigares, excusez-moi, c'est juste débile").

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