Gestion de la crise du Covid : et si on faisait autrement ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Des vaccins pour lutter contre la Covid-19.
Des vaccins pour lutter contre la Covid-19.
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

Bonnes feuilles

Denis Jacquet publie « Covid : le début de la peur, la fin d'une démocratie » aux éditions Eyrolles. Depuis l'arrivée de la Covid-19, la gestion de la crise en Europe, et particulièrement en France, est chaotique. Denis Jacquet, à contre-courant du politiquement correct, brosse le portrait sans concession d'une France agonisant sous les effets du confinement et du couvre-feu. Extrait 2/2.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Pour faire autrement, il faut accepter la vision et l’expérience des autres, et leur attribuer une valeur. Cela demande réalisme et humilité. Aucune de ces qualités n’est présente chez nos enflés de l’ego. En quelques mots, les grandes règles étaient les suivantes, et que l’on ne vienne pas me dire qu’il est facile d’écrire la guerre après la bataille, nous avons été nombreux à le dire depuis avril 2020 !

Règle 1 – Prendre exemple. La gestion asiatique, Taïwan, Vietnam, Chine, Hong Kong, Japon, montrait un exemple parfait. Peu de morts. La première action consistait donc à s’inspirer d’eux, à échanger ensemble et à adapter leur méthode à notre pays, qui a comme tout pays, ses particularismes. L’exception française !

Règle 2 – Décider fermement. Application obligatoire. Traçage sans faille. Test pour tout ce qui est essentiel, ce qui aurait permis de laisser rapidement reprendre les voyages et conférences notamment. Ne pas abandonner au compromis les ouvertures ou fermetures, les masques, les mesures de distanciation. Protéger les plus faibles. Mettre à l’écart les malades, y compris dans la sphère familiale. Etc. Pas de tergiversations. Une discipline de fer comme en Chine, et du réalisme. Ne pas fermer ceux qui ne le méritent pas. Fermer les régions atteintes, pas les autres. Comme partout ailleurs. Laisser ainsi l’économie fonctionner. Assurer que le travail ne devienne pas l’exception.

Règle 3 – Décider ensemble. Ne pas laisser au seul Conseil scientifique les décisions et encore moins aux ARS. Il fallait un comité incluant la société civile. Pas «tiré au sort». Des intellectuels (il en reste), des entrepreneurs (il en restait), des sociologues et anthropologues (très bons en France). Que leur avis ne soit pas que consultatif, avec une règle simple : si la perte l’emporte sur le bénéfice global, le court terme sur le long terme, alors on choisit le bénéfice général et le long terme. Ainsi, nous aurions pu laisser nos économies tourner et éviter toutes ces règles stupides qui ne servent à rien, dont le couvre-feu à 18 heures, ces stupidités réservées aux désespérés du court terme.

Règle 4 – Interdire Salomon au journal de 20 heures. La peur n’est pas bonne conseillère, pas plus que le travestissement de l’information, ou sa présentation tronquée pour créer une société de la peur au service du pouvoir. Renoncer à la politique de la peur, qui traumatise une France qui a déjà peur de tout, ce qui a permis au principe de précaution de s’imposer sans remise en cause.

Règle 5 – Laisser nos frontières ouvertes, en exigeant un test à l’entrée, un test en cours de séjour et à la sortie. Cela aurait permis de laisser les concerts, festivals, cinémas, conférences et autres activités ouvertes. Laisser nos restaurants ouverts là où la situation était acceptable, notamment dans les 70% de départements où nous n’avons jamais eu plus de 15 patients pour 100 000 habitants dans un lit de réa.

Règle 6 – Laisser le pouvoir aux régions et aux maires. Il fallait laisser les dirigeants de région, en accord avec leurs maires, décider par eux-mêmes. À quel moment avons-nous eu l’impression qu’il existait une once de compétence au niveau central? Nous pouvions laisser un pouvoir de coordination à l’État, oui. Un pouvoir de réparation (subvention, prêts, chômage partiel…) à l’État, oui. Tout ce qui concernait l’amortissement de la crise, oui, mais pas sa gestion quotidienne.

Règle 7 – Privilégier le « petit sur le gros». Il fallait à chaque instant donner l’avantage aux «petits» et renoncer à cette qualification arrogante, de « non essentiel». Les petits commerces devaient être privilégiés et il fallait laisser les restaurants ouverts, selon un protocole strict, dans les villes plus atteintes. Privilégier l’ouverture sur la fermeture. Laisser se réaliser les activités de plein air et laisser les régions peu touchées totalement ouvertes, en limitant éventuellement les inter-régions.

Règle 8 – Préparer plutôt que réagir. L’une des pires démonstrations d’incompétence fut la préparation du déconfinement (œuvre de Castex !) et de la seconde vague. Afin de nous maintenir dans la peur, une seconde vague a été annoncée dès le mois de mai 2020, et pourtant, RIEN n’a été préparé pour l’adoucir. Les hôpitaux de secours préparés à la hâte, mais préparés en avril dans l’est de la France ? Démontés en juillet! Il fallait recruter, préparer et loger, le personnel hospitalier qui s’ennuyait ferme dans la plupart des régions peu touchées. Les malades y étaient terrorisés par le fait d’y aller se faire soigner par peur du Covid et nombre d’hôpitaux étaient vides! Il fallait préparer des salles équipées dans les grandes villes, capables chacune, comme en Israël ou en Chine, d’accueillir plusieurs centaines de patients. Ainsi, la seconde vague venue, nous pouvions accueillir les patients du Covid ou accueillir les malades d’autres maladies, qui n’étaient plus suivis ou peu, ce qui nous prépare d’ailleurs un réveil douloureux, sur lequel les médecins encore lucides (ceux qui ne sont pas sur les plateaux télé) alertent les autorités depuis des mois.

Règle 9 – Laisser l’approvisionnement de masques et gels au privé. L’État a eu une défaillance quasi criminelle, pour tous ceux qui connaissent les dessous du fiasco de la gestion de la commande des masques. La justice fera, j’espère, son œuvre. Mediapart, un média que j’apprécie peu pourtant, a très vite tiré la sonnette d’alarme sur le sujet. Ils sont parfois utiles…

Règle 10 – Nous prendre pour des adultes. Et non pour des imbéciles irresponsables. Garder son calme, et ne pas céder à l’hystérie. Mobiliser l’Europe massivement dès le départ. Je pourrais en ajouter, y compris sur le détail du «tester-isoler-protéger».

Règle 11 – Dire la vérité. Si l’on s’en tient aux statistiques officielles, pas celles des complotistes, nous réalisons quelques réalités simples, qu’il aurait fallu marteler, dans la presse et au gouvernement.

Depuis 2017, la population française a « grossi», s’enflant de plus de 800000 baby-boomers, dont je fais partie. Ainsi, avec davantage d’hommes âgés de plus de 65 ans, on a plus de morts, avec ou sans Covid. Bien plus avec le Covid, qui s’attaque en priorité aux comorbidités de plus de 65 ans et surtout de plus de 84 ans.

Si l’on applique le taux de mortalité de la grippe de 2017 à la population ainsi accrue, on aboutirait à plus de morts que nous n’en avons eu du Covid. En clair, la grippe de 2017 a fait plus de morts que le Covid.

D’ailleurs, si l’on compare la mortalité des quatre dernières années, on voit qu’il n’y a pas de surmortalité, ou très légère, en France, en 2020. On a donc joué sur la peur et l’incapacité des « gens» à faire l’effort de se pencher sur la réalité. À peine 2 000 morts de plus, et principalement par l’effet de l’âge.

Enfin, la légende urbaine sur la non-disponibilité des hôpitaux était, elle aussi, surfaite. Quelques hôpitaux ont été «assaillis», oui. Dans quelques rares régions. Il aurait néanmoins fallu expliquer pourquoi l’on n’a pas voulu utiliser les lits des cliniques lors du premier confinement? Pourquoi l’hôpital américain de Neuilly s’est retrouvé vide, pendant que nos centres publics parisiens étaient en forte tension? Et à quel point la comptabilisation des lits avait un côté «fantaisiste ».

Mais ces informations ont commencé à filtrer. Les peuples au Danemark, Italie et ailleurs, ont commencé à descendre violemment dans la rue. Les restaurateurs ont menacé de rouvrir de force. L’Espagne indiquait mi-janvier qu’elle n’avait pas les moyens de confiner, après avoir ajouté 800 000 chômeurs à ses statistiques et perdu 78% de ses revenus touristiques. Du coup, le troisième confinement annoncé pour le 27 janvier faisait l’objet d’une temporisation. No comment… Et Marine Le Pen commençait à monter dans les sondages, au même moment que Dupont-Aignan publiait, le 19 janvier 2021, le nombre de lits supprimés par le gouvernement en 2020 malgré le manque évoqué de lits !

A lire aussi : Covid-19 : une pandémie accélératrice de la détresse sociale mondiale

Extrait du livre de Denis Jacquet, « Covid : le début de la peur, la fin d'une démocratie : Quand le politique utilise les discours anxiogènes pour voler nos libertés », publié aux éditions Eyrolles.

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