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Comment la gauche est en train de perdre les banlieues
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Tectonique politique

Et si, contrairement aux idées reçues, les jeunes des quartiers portaient en eux des valeurs "de droite"? Loin d'être des supporters de l'égalitarisme et de l'assistanat, ils font preuve d'une grande soif de liberté et de réussite individuelle. Extraits de "Pourquoi les banlieues sont de droite" de Camille Bedin, secrétaire nationale à l'égalité des chances de l'UMP (1/2).

Historiquement, bien sûr, de nombreuses raisons expliquent la forte présence de la gauche dans les quartiers. L’empreinte laissée par les bastions ouvriers, où le parti communiste mais aussi le parti socialiste ont été extrêmement forts pendant des décennies, a forgé ces traditions du vote de gauche et, plus exactement, du vote de classe. Forgée au sein des bastions ouvriers, cette conscience de classe a permis l’émergence d’un communisme, d’un socialisme et d’un engagement syndical forts.

Aujourd’hui, la question sociale reste le socle commun de cet électorat de gauche, notamment auprès des personnes issues de l’immigration et des jeunes. Ainsi, 69 % des Français ayant au moins un ascendant étranger d’Afrique du Nord ou de Turquie votent à gauche, contre seulement 40% des Français sans ascendants étrangers. En 2007, 50 % des Français des quartiers se disent proches des partis de gauche (dont 28 % PS) et ils sont 21 % de la droite (dont 12 % UMP). 45 % pensaient voter à gauche et 19 % à droite lors de la présidentielle25 de 2007. (...)

Les « Français de souche » qui restent pour la plupart dans la cité contre leur gré ont, quant à eux, tendance à être plus proches de la droite. Ils se sentent « prisonniers du ghetto » et ont la conviction d’être victimes d’un racisme anti-Français. Malgré ce fort sentiment, ces électeurs de droite ne l’« avouent » pas vraiment. Dans les quartiers, il reste illégitime de voter à droite.

Malgré cela, progressivement, la gauche perd le terrain des banlieues.

En effet, de la même manière que la droite n’y va pas suffisamment, pensant qu’elles sont perdues d’avance, la gauche n’y va plus – ou uniquement au moment des élections –, croyant qu’elles sont acquises d’avance. Après de nombreuses conversations avec des socialistes, élus ou non, le constat est clair : ceux qui sont le plus investis regrettent cet abandon ; les autres s’en contentent, signifiant clairement que, « de toute façon », jamais la droite n’y sera majoritaire.

Mais d’autres encore sont plus sévères et moins fatalistes : ils expliquent d’eux-mêmes que la gauche ne séduit plus cet électorat populaire. Cette question a été notamment soulevée au sein de la gauche par Terra Nova, think tank du socialisme français: la gauche d’aujourd’hui correspond-elle davantage aux classes moyennes qu’aux classes populaires ?

La gauche s’adresse aux populations des cités comme si elle parlait à une classe ouvrière ou populaire unie, soudée, organisée. Or ce temps-là est révolu. La gauche ne fait que promettre un paradis perdu et saper les repères avec lesquels toutes les populations, notamment les moins favorisées, ont besoin d’évoluer. Elle se trompe dans son discours – inchangé depuis des décennies – et trahit les classes populaires, dans au moins trois domaines. Sa principale erreur fondamentale est de se fourvoyer et de tromper les Français dans une exaltation d’un Etat-providence qui, encore aujourd’hui, aurait tous les pouvoirs, toutes les capacités.

Les trois erreurs de la gauche

Alors que la droite tend progressivement (même si c’est parfois douloureux pour elle) à revenir sur le mythe de l’Etat tatillon et grandissant à travers sa fonction publique et son administration, la gauche continue envers et contre tout à présenter la puissance publique comme l’unique solution aux problèmes de la société française, notamment dans les banlieues. (...)

La deuxième erreur de la gauche a été d’ébranler toutes les valeurs morales des classes moyennes et populaires, comme la sécurité, la justice ou l’autorité. Ainsi, elle a perdu toute crédibilité lorsqu’elle parle des délinquants en les faisant passer pour des victimes ou, simplement, pour des adolescents trop jeunes pour être réellement coupables. Elle continue de perdre cette crédibilité lorsqu’elle s’oppose à la construction de places de prison ou lorsqu’elle refuse d’affronter les problèmes que pose le traitement des mineurs délinquants. Enfin, sur un autre sujet, elle a entraîné la perte des valeurs à l’école, en faisant de l’instituteur une sorte d’animateur de classe, presque à égalité avec les élèves, au lieu d’un être respecté, doté d’autorité. (...)

Enfin, le discours misérabiliste ne séduit plus. Sous-entendre en permanence : « Vous êtes noirs ou arabes, cela doit être forcément dur pour vous», ou, « Mes pauvres, vous vous faites exploiter par le système », ou encore, « C’est la faute de l’Etat ou du gouvernement qui vous laisse sombrer », n’est pas le genre de discours que les populations des quartiers attendent des politiques.

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Extraits dePourquoi les banlieues sont de droite, Plon (9 février 2012)

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