Hypnotisés par le mirage d'une embellie économique, les socialistes imaginent déjà comment dépenser leur cagnotte fictive<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande lors de ses voeux aux entrepreneurs.
François Hollande lors de ses voeux aux entrepreneurs.
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

François Hollande et ses amis sont incorrigibles. En présentant ses vœux aux chefs d’entreprises, il les a invité à prendre leurs responsabilités mais a laissé entendre que la conjoncture était favorable. Du coup, certains au PS parlent de marges de manœuvre, donc de cagnotte.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Il est tout de même assez irresponsable de venir dire, dans un pays où les déficits publics ne cessent de s’accroitre, qque les bonnes nouvelles de la sphère économique nous offre des marges de manœuvre. Autant dire des cagnottes. Personne n’a encore prononcé le terme mais tout le monde y pense.

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L’analyse se fonde sur la baisse extraordinaire du prix du pétrole qui devrait nous faire économiser 20 milliards d’euros en 2015. Cette baisse est sans doute durable mais personne n’en a la preuve. Il y a un an, aucun expert n’était capable de nous annoncer une telle dégringolade. Ensuite, les économistes ont calculé que la baisse de l’euro allait nous faire gagner 10% à 15% de compétitivité à l’extérieur de la zone  euro. Là encore,  la cagnotte se remplit grâce aux devises.

Enfin, la baisse des taux d'intérêt nous permet d’emprunter de l'argent à coût nul ou presque. L’Etat, qui est le plus gros emprunteur, peut emprunter. Le coût d’une dette considérable a diminué. Un don du ciel. A quoi bon gérer avec parcimonie les deniers de l’Etat, puisque l’argent nous tombe du ciel et de la BCE. Mario Draghi n’est pas le père Noël mais ce qu'il pourrait faire jeudi prochain ressemble à une distribution de friandises à des enfants qui ne les ont pas mérité.

Quand on met bout à bout les trois phénomènes  (pétrole, euro et taux d'emprunt) l’alignement des planètes fabrique une marge de manœuvre qui n’a échappé à personne. Le président de la République lui-même n’a pas hésité à dire et redire que l’économie avait de la chance en 2015. Il en a alors profité pour appeler les chefs d’entse remtreprise à prendre leurs responsabilités. Il leur demande donc de faire des efforts de productivité et de signer des accords de compétitivité aves les syndicats.

François Hollande a raison. Il aurait eu encore plus raison s’il avait rappelé à l’Etat et aux administrations, au Parlement et aux députes, leur devoir de rigueur. Ne parlons pas de la Commission européenne qui nous a quasiment donné l'autorisation de ne pas respecter les critères de Maastricht compte tenu des évènements extraordinaires que nous traversions. Tout est bon pour se trouver des excuses et ne rien faire.

Ce qui va se passer est catastrophique. La marge de manœuvre sur le pétrole, l’euro  et le prix de l’argent ne va pas être utilisé pour regagner des points de compétitivité et donc pour réinvestir dans l’industrie où la consommation.

Cette marge de manœuvre va surtout servir de prétexte pour ne pas faire les réformes de structures et d’économies de dépenses publiques qui devraient se faire. François Hollande et le PS ont bien compris qu'ils pouvaient utiliser cet argent pour calmer le jeu social et préparer l’année électorale.

C’est une énorme bêtise de croire qu'il existe une cagnotte. Le pétrole peut ré-augmenter l’année prochaine, les taux obligataires peuvent très bien se retourner et l’euro repartir à la hausse si le dollar baissait par exemple.

L’équipe Valls a parfaitement compris le danger. Avec Emmanuel Macron, ils rament pour imposer leur projet de loi pour la croissance et l'activité. Cette dernière n'est d'ailleurs pas révolutionnaire mais pas inutile non plus... et les écolos se sont jurés de la faire capoter. Cécile Duflot n’a toujours pas digéré d’être clouée au pilori pour avoir tué l’industrie de l’immobilier sous respiration artificielle.

L’esprit Charlie est déjà loin et le naturel revient au galop. Après les attentats, les "marches républicaines", les Charlie et les bons sentiments, la politique reprend ses droits. Et la politique politicienne reprend l’espace.

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