Esther Benbassa vous devriez lire François-René de Chateaubriand !

La pétition contre la loi assimilant l'antisionisme à l'antisémitisme a fait un peu de bruit. Pas assez au goût de la sénatrice EELV. C'est pourquoi, par une tribune publiée dans Libération, elle a apporté un gros fagot au bûcher sur lequel doit brûler Israël.

Les signataires de la pétition avaient, pour les besoins de leur cause, convoqué des morts en déclarant qu'à Auschwitz, on avait aussi gazé des « Juifs antisionistes ». Une petite infamie comme ça, en passant... Hitler manquait de discernement : il aurait dû – n'est-ce pas ? – gazer seulement les Juifs sionistes...

Esther Benbassa a trouvé d'autres morts comme munition : les Juifs du Bund qu'elle qualifie d' »antisionistes ». Le Bund était un parti révolutionnaire et marxisant, particulièrement fort dans la Pologne des années 30. Il postulait que le prolétariat juif devait se libérer de ses propres chaînes dans les pays où il résidait. Le Bund ne croyait donc pas à l'établissement d'un foyer juif en Palestine. Les bundistes n'étaient pas antisionistes mais a-sionistes. Ceux d'entre-eux qui échappèrent au génocide partirent dans l'immédiat après-guerre pour bâtir en Palestine des kibboutz socialisants et fortement teintés de rouge.

Mais c'est un point d'histoire qu'Esther Benbassa veut ignorer. Elle enrégimente les bundistes pour sanctifier, pour glorifier les antisionistes d'aujourd'hui. Regardez les photos des bundistes des années 30. Et regardez les images de ceux qui défilent aujourd'hui en criant « Mort aux sionistes ! » (en français) et « Mort aux Juifs ! » (en arabe). Vous trouvez qu'ils ont des têtes de bundistes ? Esther Benbassa doit être très certainement myope.

Et maintenant, lisons Chateaubriand que les amis de Benbassa feront certainement interdire dans les universités françaises pour sionisme. En 1812, il est à Jérusalem où il voit des Juifs. Il écrit ceci.

Quand on voit les Juifs dispersés sur la Terre, selon la parole de Dieu, on est surpris sans doute : mais pour être frappé d'un étonnement surnaturel, il faut les retrouver à Jérusalem ; il faut voir ces légitimes maîtres de la Judée esclaves et étrangers dans leur propre pays ; il faut les voir attendant, sous toutes les oppressions, un roi qui doit les délivrer.

Écrasés par la Croix qui les domine, et qui est plantée sur leur tête, cachés près du Temple dont il ne reste pas pierre sur pierre, ils demeurent dans leur déplorable aveuglement. Les Perses, les Grecs, les Romains ont disparu de la Terre ; et un petit peuple, dont l'origine précéda celle de ces grands peuples, existe encore sans mélange dans les décombres de sa patrie.

C'est sûr que Chateaubriand doit être banni de nos universités ! Esther Benbassa y pourvoira. Rappelons qu'elle est titulaire de trois passeports : le français, le turc et l'israélien. L'un est de trop.