Entrepreneurs « Zemmoureux » du programme économique du candidat ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Eric Zemmour, lors de son meeting de Villepinte, a présenté plusieurs mesures pour l'économie et pour les entreprises.
Eric Zemmour, lors de son meeting de Villepinte, a présenté plusieurs mesures pour l'économie et pour les entreprises.
©JULIEN DE ROSA / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Lors de son discours de dimanche à Villepinte, Eric Zemmour a présenté plusieurs mesures de son programme, notamment sur l'économie et pour les entreprises. Les entrepreneurs vont-ils être séduits par ces propositions ?

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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La France toute entière, et même nous, français de l’étranger, étaient à l’écoute du seul candidat (qu’on l’aime ou non), à parler un langage qui échappe aux codes éculés de la politique, de cette politique qui a conduit élections après élections, les français à rester chez eux plutôt que d’aller voter depuis quelques années.

Adhésion ou non, nous n’avons pas été « déçus ». Il a abordé les problèmes en face, notamment en listant les qualificatifs dont nombre d’échoppes d’extrême gauche et de médias aux ordres l’affublent pour mieux tenter de se débarrasser de tout ce qui échappe au sérail et au convenu. C’était courageux, ce qui est plutôt bon signe. Et assez réjouissant je dois l’avouer, pour moi qui avait, comme beaucoup encore, nombre de doutes sur ce candidat issu, finalement, des médias qu’il dénonce aujourd’hui.

Il a commencé à élargir son spectre, afin d’échapper à la tentative généralisée de le faire tourner en rond, sur le même thème, guettant son moindre écart, comme un poisson rouge dans son bocal idéologique, afin de montrer que l’économie, l’international, les territoires, et au final, la vie des français, étaient au centre de sa vision d’une France retrouvant ses fondamentaux, non par nostalgie, mais comme d’un capital à faire fructifier. Là aussi, rassurant de voir que malgré le flou sur le contenu exact de ses mesures à venir et leur financement, il semble avoir sur des sujets de fonds, économiques notamment, un début de vision, qu’il entend bien, si j’ai bien entendu, développer.

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De quoi tomber Zemmoureux ? En pamoison, les entrepreneurs ? Pas encore, mais une base potentiellement intéressante s’est exprimée ce 5 décembre, qui donne une idée de ce qui anime ceux, assez brillants et de plus en plus organisés, qui l’entourent et travaillent.

Tout d’abord, insister sur les PME et TPE.

C’est forcément doux aux oreilles de ceux qui savent à quel point la survie de notre modèle, de nos territoires, de nos emplois, du maintien d’une classe moyenne colonne vertébrale de la société, dépend de ces entreprises de moins de 250 salariés, qui composent plus de 60% de nos entreprises. Plus occupées à déchiffrer les normes « pondues » par les nationaux et comprendre les lois punitives décrétées par l’Europe, qu’à faire du chiffre d’affaire, qu’à investir, qu’à se transformer digitalement, qu’à conquérir l’international, notre point faible. De ce côté, Zemmour a tapé juste.

Mais la baisse de l’impôt sur les sociétés, est non seulement déjà en cours depuis Macron, mais reste le problème le moins prégnant pour les PME, dont la majorité ne font pas de bénéfices ou trop peu.

De ce côté, Zemmour choisit le bon combat, mais pas la bonne mesure.

En revanche, supprimer les impôts de production, ce dont on parlait déjà sous Chirac, mais qui n’arriva jamais, ni sous la gauche, ni sous la droite, est une nécessité. Nous sommes un des rares pays à penser qu’en punissant les sociétés qui produisent et réussissent, nous pourrions nous doter et surtout, motiver, des champions potentiels. Donc oui, bien vu !

Second axe, les achats publics. Il y est presque notre ami Zemmour, mais il faudra travailler avec plus de précision. Il est proche de la vérité en disant que nous sommes les seuls assez « débiles et ouverts aux 4 vents » pour donner nos marchés aux entreprises étrangères. C’est un peu caricatural, même si en partie vrai. Sur les sujets essentiels, jamais un Allemand ou un Italien, ne donnera ses marchés à un « étranger ». Nous, oui. Mais le problème essentiel est ailleurs.

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Le problème, c’est de ne pas se servir des achats publics pour doper l’innovation de nos start-up et PME innovantes justement. Il faut enfin changer ou interpréter le code des marchés publics afin que des sociétés innovantes, mais sans bilans, puissent enfin profiter des 100 milliards des achats publics, pour nous donner des licornes à foison. C’est facile à faire, et j’ai eu l’honneur de le faire avec une des principales centrales d’achat de l’État, donnant ainsi un élan fantastique à plus de 250 PME innovantes que nous avons ainsi propulsé vers le succès.

L’autre mesure, consiste (même Montebourg le sait, car il a milité brillamment sur ce sujet) à passer les achats du Budget aux Finances, afin de prendre en compte non plus le prix comme seul critère d’achat public, mais le bénéfice à long terme de ses décisions d’achats. Étouffés par la règle du moins disant destinée à faire plaisir à l’annualisation des dépenses, les achats publics se transforment en machine à gagner petit à l’année, plutôt qu’économiser gros, à terme.

Dernier Axe. Le salaire net. Là, j’avoue, c’était brillant. Fin du dogme du salaire plus haut, qui tue notre compétitivité. Fin des charges sociales hautes, reflet d’un État mal géré et de systèmes sociaux hors de contrôle. On augmente le « net », ce qui signifie que l’on pourrait privatiser ou individualiser un peu plus les cotisations, moins les « socialiser », mais qui signifie surtout qu’il faudra enfin se pencher sur la cause de charges si élevées. Avant, nous pouvions le comprendre. Une éducation et un système de santé qui faisait la jalousie du monde entier, pouvaient servir à justifier notre fiscalité confiscatoire. Mais depuis 30 ans, l’éducation sombre et le Covid a mis à jour l’incapacité d’un système à prendre en charge plus de 6000 malades à la fois, dans un pays de 67M d’habitants. Dès lors la lourdeur des charges ne se justifie que par la médiocrité des organismes qui les gèrent. État, syndicats, administrations, collectivités.

La notion du salaire net est essentielle, et rejoint des propositions que nous, entrepreneurs avons proposé 100 fois d’explorer, à la droite comme à la gauche. En vain. Un salarié n’a aucune raison valide pour ne toucher que moins de 80% de son salaire brut et l’entreprise aucune raison, que le salaire net d’un employé lui coûte le double. C’est cela qui nous tue, à petit feu. Très bel argument, bien vu !

Donc, pas de pamoison, pas d’état « Zemmoureux » béat, mais un satisfecit. Peux mieux faire, mais clairement sur la bonne voie. Bien entendu, c’est sur l’aspect sociétal et sécuritaire, culturel, que le public entourant Zemmour a le plus donné de la voix et du clairon. Mais on a bien senti que les territoires, les PME, les salariés les plus modestes, la classe moyenne, étaient enfin au centre d’un programme politique dans ce pays. C’est encourageant, et permet, après un sondage rapide chez une centaine d’entrepreneurs amis, plutôt centristes ou de droite, de constater que la flamme potentielle, qu’aucun d’entre eux (elles) ne feraient brûler pour Le Pen, est prête à porter main forte à Zemmour. A suivre…

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