En plus, il paraît que Anish Kapoor est juif <!-- --> | Atlantico.fr
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Anish Kapoor doit sa notoriété au "vagin de la reine", structure exposée dans les jardins du château de Versailles.
Anish Kapoor doit sa notoriété au "vagin de la reine", structure exposée dans les jardins du château de Versailles.
©Reuters

"La vérité si je mens !"

On ne nous dit rien et on nous cache tout. Mais d’intrépides Christophe Colomb bien de chez nous ont découvert le pot aux roses.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Anish Kapoor est mondialement connu. Et c’est en France que l’artiste est le plus célèbre. Il doit sa notoriété au « vagin de la reine », structure exposée dans les jardins du château de Versailles. À première vue (mais à deuxième ou troisième vue aussi), ce gigantesque entonnoir n’a rien à faire dans les jardins de Le Nôtre. On l’imagine assez bien dans un terrain vague, dans un campement rom abandonné. Et, dans l’hypothèse la plus charitable, au pied de la tour Eiffel avec laquelle il serait un peu en harmonie.

La présence du « vagin de la reine » est jugée insupportable – et c’est bien normal – par nombre de gens. C’est pourquoi nul n’a été surpris d’apprendre que l’œuvre d’Anish Kapoor avait été taguée. Dans un premier temps, on supposa – enfin, moi je supposai – que les vengeurs du beau y avaient badigeonné des « moche », « laid », « à la décharge ! ». Puis il fallut se rendre à l’évidence : ce n’était pas ça.

Des inscriptions bien plus élaborées. « Le deuxième Viol de la nation par l’activisme JUIF DÉVIANT ». Et aussi un très prometteur : « Sacrifice Sanglant », avec les deux « s » dessinés façon SS. Pourquoi ? Peut-être les tagueurs avaient-ils confondu Kapoor avec Kippour ? Peut-être les avait-on informés que son vrai nom était Kaporstein ou Kaporski ? Eh bien non ! Nos raciologues distingués avaient fouillé dans l’arbre généalogique du sculpteur et avaient découvert que sa mère était une Juive de Bagdad.

Ainsi fut mis au jour l’affreux complot juif visant à déshonorer la reine et à salir la France. Ces inscriptions ont soulevé l’indignation habituelle et prévisible. Pour ma part, je leur trouve un certain charme. Celui que dégagent les très vieilles choses promises à l’oubli. L’antisémitisme du bon vieux temps, l’antisémitisme à l’ancienne, à la française, l’antisémitisme – canal historique.

Prospère du temps de l’affaire Dreyfus et du maréchal Pétain, il s’étiole lamentablement aujourd’hui, étouffé, écrasé par la judéophobie meurtrière qui ravage les âmes de nos banlieues. Un phénomène marginal, résiduel. Une espèce en voie de disparition. Il me semble que les dinosaures et les diplodocus méritent notre sollicitude. Ceux qui ont badigeonné le « vagin de la reine » sont par ailleurs des crétins finis. Ils n’ont pas anticipé le fait qu’Anish Kapoor demanderait que leurs inscriptions soient laissées en l’état. Pour lui, « elles font désormais partie de l’œuvre ». Des centaines de milliers de touristes pourront ainsi contempler un certain visage de la France. En plus, ça risque d’attirer des milliers de jeunes de banlieue. Quoique… Il me semble que l’entrée des jardins de Versailles est payante.

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