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maire élection homme politique association des maires de France
maire élection homme politique association des maires de France
©LUDOVIC MARIN / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Denis Jacquet revient sur les élections municipales et sur les enjeux de la vie démocratique pour les entrepreneurs après la crise du coronavirus et les nombreux mois de confinement.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Pour moi, les Maires sont les entrepreneurs de la politique. Des héros contre qui le sort politique s’acharne depuis des années, le pouvoir central leur déléguant toutes les charges possibles, sans jamais leur déléguer les moyens correspondants. Pire. On a, année après année, alourdi leur charge, en faisant pointer sur leur tête des milliers d’ogives nucléaires sous forme de responsabilité pénale croissante. Garant de la seule proximité qui vaille, témoin du passé et chambre d’écho de la vie réelle, loin des miasmes Parisiennes et de l’arrogance capitale, ils sont pour moi des héros. Dans les villes petites et moyennes, en tous cas. 

Au cœur d’une France, qui à l’instar du monde occidental, voit un peu plus chaque jour ses territoires se déliter, incapable de retenir les entrepreneurs et leur activité économique, aspirés par les grandes villes proches, qui ont inventé les métropoles pour anéantir sans pitié, la vie des petits territoires. Le Maire d’une petite ville, ne connaît pas les horaires, ne distingue pas la porte de son domicile et celle de son bureau. Il assume la vie des autres avant la sienne, et rêve la nuit à ce qu’il lui reste à accomplir le jour. Un entrepreneur, une entrepreneuse, comme nous !

Je ne parle pas de ces Maires que l’on exècre et qui ne s’acharnent à conserver le pouvoir qu’à leur profit, souvent parceque le reste de leur vie est tellement vide, que seul le pouvoir, cette drogue légale, celle qui leur permet d’échapper à la réalité, masque la vacuité de leur vie. Comme Martine Aubry, dont la défaite annoncée un temps, faisait pousser un ouf ! de joie, à tant de ceux qui espéraient enfin tourner la page de ces politiques du « monde d’avant ».

Je ne parle pas d’une partie de ces Maires nouveaux, élus par défaut ce soir, dont les dirigeants nationaux défilent sur les plateaux pour se gargariser d’une victoire. Des élus par « contumace » élus par quelques rares électeurs désœuvrés, qui passaient par hasard, ou cherchaient à s’abriter de la pluie dans les régions pluvieuses, ou du soleil dans la plupart des autres régions françaises. EEV, le RN, autant de formations qui ne remportent des élections que lorsqu’il n’y a pas d’électeurs. Quelle gloire ! Des Maires aux petits pieds, au rabais, fruit du désespoir et précurseurs de ce que seront les élections présidentielles à venir. Le prochain Président se rendra certainement à l’Élysée en char à bœuf ou en char militaire.

Nous entrepreneurs, aurions pu rêver à une élection qui marque le triomphe de la proximité. Qui marque à quel point, les régions doivent peser face à Paris. A quel point, la connaissance du terrain au plus près des hommes et des activités, est essentielle afin d’éviter les erreurs que la gestion Parisienne du Covid a une fois de plus révélé. Comprendre que la réalité Parisienne ne doit pas dicter la conduite à tenir en Ardèche ou ailleurs. Comprendre que l’équilibre démocratique dépendra de la revitalisation des territoires, et de l’activité économique que l’on saura y maintenir ou y réinsuffler. Et pourtant, les Français ont refusé le challenge, pour mieux s’en plaindre dans quelques mois, envahissant les rues en jaune ou décorant les meubles en vert.

Il nous faut un réveil. Retrouvons le chemin des urnes, et si les candidats qui nous sont offerts ne nous ressemblent pas, fabriquons-les ! A l’heure du discours sur la relocalisation, il est temps de fabriquer à nouveau, en France, des héros français. Des élus fait de matière et non d’air, d’actes plus que de paroles, toujours les mêmes. Ce qui fatigue les électeurs c’est la médiocrité, la fatuité. Ils s’ennuient. Rares sont les élus qui les passionnent, car ils ressentent leur absence de passion. Et de vision. Il faut que la société civile prenne enfin le pouvoir, afin qu’à l’instar des Maires des petites communes, ces entrepreneurs de la politique, nous puissions nous offrir les élus que notre talent mérite. Des élus réélus une seule fois, animés par une volonté de réussite et prêts à être jugés sur leurs résultats. Alors, peut être que ce jour-là, loin des pitoyables scores de participation de ce soir, qui marquent le déshonneur de notre processus démocratique, le désaveu des électeurs et la perte définitive d’intérêt pour la politique telle qu’elle est pratiquée y compris par ceux qui promettaient de la réformer, nous aurons peut-être à nouveau une participation au profit de ceux qui participeront vraiment.

En attendant, nous entamons notre 100ème jour privés de liberté, toujours interdit de sortir des frontières inventées par l’Europe, qui nous promettait pourtant de nous préserver de ceux qui voulaient nous la voler. C’est peut-être également cela que les électeurs ont sanctionné hier. Ils ne sont peut-être pas si dupes. Ils ont peut-être voulu indiquer qu’ils ne voyaient pas l’intérêt de participer à un processus démocratique, car il suppose que ceux que nous avons élu accroissent nos libertés plutôt que de nous les voler à la moindre occasion. A méditer.

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