Écologistes, islamistes, et insoumis. Cette France qui ne croit plus au progrès<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Les militants d'Extinction Rebellion brandissent une banderole alors qu'ils bloquent l'entrée d'un grand magasin lors d'une manifestation contre le Black Friday à Bordeaux.
Les militants d'Extinction Rebellion brandissent une banderole alors qu'ils bloquent l'entrée d'un grand magasin lors d'une manifestation contre le Black Friday à Bordeaux.
©NICOLAS TUCAT / AFP

Atlantico Business

Au-delà des idéologies, des religions et des rapports sociaux, le nouveau clivage français oppose ceux qui ne croient plus au progrès et ceux qui continuent d’y croire. La loi climat, la pandémie et le terrorisme islamiste illustrent les effets de ce clivage qui impacte le potentiel de développement du pays.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

La difficulté qu’aura l’exécutif à faire accepter son projet de loi sur le climat prouve une fois de plus la force des courants radicaux de l’écologie, qui prônent un arrêt et même un changement de système économique et social, qui a pourtant permis le formidable développement depuis un siècle.

Cette difficulté à trouver un compromis entre des objectifs ambitieux et des contraintes incontournables prouve une fois de plus la force du courant de tous ceux qui préfèrent refuser le progrès plutôt que d’en assumer les risques et d’essayer de les gérer.

On retrouve ce même frein dans la gestion de la pandémie entre ceux qui considèrent que nous sommes face une fatalité naturelle et qui s’opposeront à la fois au confinement et aux vaccins ou traitement.

Même contradiction dans le face à face que la république ou la démocratie doivent affronter à propos de l’islam radical et ses dérives violentes envers la société occidentale, et quotidiennement envers les femmes.

Les courants de ceux qui croient au progrès et de ceux qui n’y croient pas ne sont pas toujours homogènes. Ils sont parfois contradictoires mais il n’empêche qu’ils surfent sur une même lame de fond.

Pendant plus d’un siècle, les grandes démocraties occidentales comme la France ont fonctionné dans une logique de progrès. Progrès dans tous les domaines.

D’abord, progrès scientifique considéré à juste titre comme source de richesses.

Progrès social appliqué à une meilleure répartition.

Progrès sociétal pour s’affranchir des carcans de la morale dans le respect des autres.

Les grands partis de la gauche et des socio-démocrates ont toujours eu l’ambition d’apporter le progrès pour tous. Ils avaient foi dans la science et dans les ingénieurs et rêvaient de partager les fruits de la croissance.

Les grands partis conservateurs ne s’opposaient pas au progrès mais travaillaient à une évolution plus lente et plus régulée de la société pour protéger les chances de développement dans le respect des traditions et des mécanismes de créations de richesse.

Ces grands partis étaient des machines à dégager des compromis et ils participaient à la pérennité du système. Les libéraux comme les libertaires se retrouvaient dans les deux courants.

Les groupes extrémistes de droite comme de gauche s’inscrivaient dans des idéologies très radicales et défendaient, avec violence parfois, des projets antisystèmes.

Depuis vingt ans, cette géographie politique a été assez bouleversée au point de se partager entre un courant qui croit encore au progrès et qui le défend et un courant qui n’y croit plus, au point d’attaquer les outils mêmes du progrès.

Le débat qui va s’animer autour de la future loi climat va voir sortir tous ceux qui, en France, prônent une écologie violente capable de stopper l’ordre des choses. Cette écologie violente passe par un freinage de la croissance économique, d’une diminution de la consommation d’énergie et par moins de transport, moins de voyages ... etc ...

Ce courant anti-progrès regroupe la plupart des Verts et agrège avec lui tous les zadistes de France et de Navarre qui ont trouvé dans l’écologie une justification à leur haine de la modernité. Mais plus important, ces mouvements sont rejoints par les gauches de la France Insoumise ou d’une partie des adhérents du parti socialiste devenus orphelins d’inspirateurs. Cette même gauche qui a été nourrie jadis au « rationnel scientifique » et au productivisme.

Les diagnostics formulés sont souvent justes : le réchauffement climatique représente un danger réel, mais la prescription recommandée ne propose jamais d’exploiter via la science les moyens de l’innovation.

Pour ceux qui ne croient plus au progrès, l’être humain qui produit et qui consomme est coupable d’épuiser les ressources naturelles. Donc il faut l’arrêter par des interdits et des punitions qui, seuls, comptent. Les efforts de régulation, de pédagogie ou d’inventions de solutions alternatives ne tiennent pas.

Ceux qui ne croient plus au progrès technologique ou même digital ne croient pas à la possibilité de croissance durable.

Au grand dam de tous ceux qui croient, eux, en l’humanité, en son intelligence et par conséquent, à la capacité de trouver des solutions durables, génératrices de progrès pour le plus grand nombre et compatibles avec la protection de l’environnement.

Toutes ces solutions ont d’ailleurs plus de chance d’émerger dans le champ capitaliste au sein des entreprises plutôt que dans le champ politique. L’entreprise a un intérêt à répondre aux injonctions de ses clients (qui veulent acheter propre, sain et bio), de ses salariés (qui veulent travailler dans des entreprises ayant la préoccupation d’équilibrer leur compte d’exploitation certes, mais aussi de préserver l’écosystème). Même préoccupation chez l’actionnaire qui veut marier son dividende individuel avec la mission collective de l’entreprise.

L’opposition entre ceux qui croient au progrès et ceux qui n’y croient pas va être très difficile à réduire dans un compromis acceptable. Parce que ceux qui ne croient plus au progrès ne croient pas davantage dans les vertus de la démocratie.

Ils prônent une version populaire de la démocratie dans des formes qui les arrangent. Les Zadistes de Notre-Dame-des-Landes ont fait appel à la démocratie pour légitimer leur opposition et quand le vote leur a été contraire, ils ont choisi la résistance quasi armée et finalement, ils ont gagné.

La pandémie a ouvert dans le monde entier des boulevards à tous ceux qui n’ont jamais cru à la gravité du Covid, ou qui ont pensé qu’elle était une manifestation naturelle. En soi, ils avaient le droit de le penser mais ce faisant, ils ont aussi refusé les contraintes mises en place pour protéger les populations. Ils ont refusé les masques quand les gouvernements en ont eu après les avoir réclamés. Ils ont refusé les tests ou alors n’ont pas accepté de s’isoler en cas de résultat positif. Pas grave, sauf pour les autres. La question des vaccins a aussi clivé la population entre ceux qui l’acceptaient et ceux, les plus nombreux, qui s’inquiétaient de cette innovation, jusqu'au moment où ils ont pris conscience qu’il n’y aurait pas assez de vaccins pour tout le monde. A ce moment-là, ils se sont précipités sur le vaccin.

Dans le débat sur le séparatisme et la place de l’islam dans la société, on retrouve le même clivage. Entre ceux qui défendent les lois de la république contre les radicalismes de l'islam et ceux qui réclament un peu de bienveillance au nom de la protection de liberté individuelle pour les pratiquants de l’islam, c’est une opposition entre le progrès scientifique et sociétal et le conservatisme religieux. Exemple dans le traitement de la femme musulmane. Il y a sans doute encore beaucoup à faire pour assurer l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes (pas certain que l’écriture inclusive y participe mais c’est une autre question), mais on n’a pas beaucoup entendu les opposants à la loi sur le séparatisme réclamer des pratiquants de l‘islam radical de respecter plus qu’ils ne le font la liberté des femmes dans leur vie quotidienne, familiale et sociale.

Bref, si les courants anti progrès existent et s’expliquent par le déficit d’informations ou par l’impossibilité de trouver dans l’offre de la modernité des solutions immédiates et satisfaisantes, ils n’en demeurent pas moins que le blocage des évolutions innovantes met en danger cette évolution de progrès pour le plus grand nombre.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !