David Lisnard s’installe dans l’arène politique avec un vrai programme. Il intrigue la classe politique et intéresse les patrons d’entreprise<!-- --> | Atlantico.fr
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Le maire LR de Cannes et président de l'AMF, David Lisnard, le 3 novembre 2023 à Cannes
Le maire LR de Cannes et président de l'AMF, David Lisnard, le 3 novembre 2023 à Cannes
©Ludovic MARIN / AFP

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Le maire de Cannes, président de l’Association des Maires de France, ouvre le congrès annuel avec un vrai programme d’actions et de réformes . Il s’installe de fait comme un acteur crédible et incontournable de l'opposition au niveau national.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Pendant deux jours, le maire de Cannes va parcourir toutes les allées du Salon des Maires à la Porte de Versailles, mais il sera aussi surveillé par l'ensemble de la classe politique et le monde des affaires. On savait que David Lisnard avait des idées et de l'ambition pour sa ville de Cannes ; on sait maintenant qu'il a un vrai programme de propositions de réformes pour restaurer la capacité de sortir de la crise qui asphyxie ce pays. 

Tout ce qu'il propose aujourd'hui aux adhérents maires de France à l'occasion de leur congrès annuel constitue un programme de réformes incontournable. 

Le diagnostic d’abord : face aux maires, il a bien compris que les élus municipaux étaient sans doute les rouages les plus utiles au fonctionnement paisible d’une démocratie. Mais ces rouages sont découragés et rouillés, d’où un état des lieux très souvent désastreux. De plus en plus de communes sont attaquées par des manifestants, de plus en plus de maires sont menacés physiquement et harcelés au téléphone ou sur les réseaux sociaux, voire même à leur domicile personnel. Les émeutes de ces derniers mois n’ont pas seulement touché le cœur des grandes métropoles, mais elles ont abîmé des villes moyennes, avec comme point de fixation : la mairie, ses bureaux et son personnel, à commencer par le maire et sa famille. Les dégâts matériels provoqués par les manifestations du premier semestre représentent des millions d’euros. Il a fallu certes réparer les dégâts les plus graves et permettre aux administrations de fonctionner. Mais a priori, les assurances et l'État n'ont pas encore payé les indemnisations ; mais comme le dit David Lisnard, quand les communes et les maires sont attaqués, c’est la République qui est visée.

En fait, cette concentration de critiques et de violences contre les communes est le résultat d’un mouvement de recentralisation des pouvoirs et des moyens qui laisse les municipalités sans ressources et sans pouvoirs réels ; David Lisnard ne fera pas le procès de l'exécutif, il n'est pas en campagne, mais il remarque que le mouvement des Gilets Jaunes a bien sûr dénoncé le manque de décentralisation et une suppression de certaines ressources (la taxe d’habitation, par exemple) non compensée. Il se mettra donc à la disposition d’Éric Woerth, chargé par le président de la République de préparer une nouvelle réforme, une de plus, à laquelle les maires ne croient guère bien sûr, puisque tous les projets précédents ont avorté.

Alors que faire pour redresser la barre et permettre aux maires de travailler ? En préalable à l'ouverture du Salon des Maires, David Lisnard n'a pas été avare de projets très simples. 

D'une part, au niveau financier, il rappelle que les mairies ont perdu la taxe professionnelle, puis la taxe d’habitation sur les résidences principales et la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). D'autre part, sur le plan juridique, administratif et normatif, cela passe par un code de l'environnement devenu pléthorique, des procédures d’appels d’offres kafkaïennes, des schémas directeurs compliqués à respecter, le tout chapeauté par une administration préfectorale omniprésente et une paperasserie ingérable. 

La solution est donc simple en théorie : il faut décentraliser, c’est-à-dire déconcentrer les pouvoirs de l'exécutif et jouer, comme tout le monde le réclame au niveau européen, de la subsidiarité, c’est-à-dire faire traiter par le niveau local tout ce qu'il est possible de traiter sans avoir besoin de demander l’imprimatur de la préfecture, de la région...

De telles ambitions passent par une remise à plat de la fiscalité locale, de façon à récupérer des moyens et un pouvoir préempté par l'État central. Mais cette ambition passe aussi par la possibilité de revenir au cumul de mandat entre la fonction de maire et de représentant législatif (députés ou sénateurs), mais c’est un autre problème. 

David Lisnard, au cours de ce congrès, ne devrait pas aborder les questions nationales, encore que certains dossiers concernent directement les maires qui devraient avoir leur mot à dire sur, par exemple, les procédures d’octroi des permis de construire, la réindustrialisation et l'attractivité des pays, sans parler d’un sujet qui fâche tout le monde : l’immigration, ou le poids des prélèvements obligatoires.

Compte tenu de l'état de la classe politique et surtout de sa famille d'origine (LR), David Lisnard est très écouté par les acteurs de la sphère économique, à qui il paraît libéral mais surtout pragmatique et efficace. Il sait, il dit et il répète que nous avons besoin de liberté mais aussi d’ordre, c’est-à-dire de cohérence. C’est pour cette raison qu'il a créé son propre mouvement politique, « Nouvelle Énergie ». Autant dire qu'il agace dans sa propre famille. Mais en politique, c’est plutôt bon signe.

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