DSK aurait pris François Hollande comme Premier ministre<!-- --> | Atlantico.fr
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DSK avait choisi François Hollande parce qu’il pensait qu’il serait le meilleur et le plus efficace.
DSK avait choisi François Hollande parce qu’il pensait qu’il serait le meilleur et le plus efficace.
©Reuters

Et si...

Qu'apprend-on des proches — communicants, parents, gourous — qui vivent à l'ombre des candidats aux présidentielles ? Beaucoup de choses, à en juger par l'enquête « Les hommes de l’ombre » des journalistes Elisabeth Chavelet et Mariana Grépinet. Interview en exclusivité.

 Elisabeth Chavelet et Mariana Grépinet

Elisabeth Chavelet et Mariana Grépinet

Elisabeth Chavelet est rédactrice en chef adjointe à Paris-Match. Mariana Grepinet est journaliste à Paris-Match.

Voir la bio »

Atlantico : Difficile de résister à votre scoop sur DSK étant donné l’actualité…

Elisabeth Chavelet : C’est Jean-Pierre Elkabbach qui nous l’a livré. Fin avril, la fameuse semaine où il est venu faire le tour des journalistes qui comptent, DSK a annoncé à Elkabbach qu’il avait réglé ses comptes avec Martine Aubry et qu’il se présentait. Elkabbach lui a demandé qui il choisirait comme Premier ministre s’il était élu. A sa grande surprise, le journaliste s’est aperçu au fil de l’entretien que DSK avait choisi François Hollande parce qu’il pensait qu’il serait le meilleur et le plus efficace. Ce que l’on voit aujourd’hui confirme tout cela. Ce n’est pas par hasard si des Strauss-kahniens de choc, Moscovici, Le Guen, ont rallié Hollande. Hier, j’ai eu Jack Lang au téléphone qui m’a laissé entendre qu’il allait suivre le même chemin.

Vous révélez également que le véritable créateur des 35 heures n’est pas Martine Aubry, mais DSK…

EC : Souvenez-vous 1997, la dissolution. Jospin se retrouve en première ligne et se demande quelles mesures proposer aux Français pour pouvoir gagner les législatives. Avec sa grande intuition politique, DSK lui fabrique les 35 heures. Les législatives gagnées, Martine Aubry étant nommée aux Affaires sociales, c’est elle qui met en œuvre en bon petit soldat la mesure inventée par DSK. C’est DSK le libéral qui a inventé ce concept des 35 heures auquel lui-même ne croyait pas.

Elle ne l’a jamais dit…

EC : C’est à la fois la faiblesse et la force de Martine Aubry. Quand elle fait quelque chose, elle le fait à fond. Elle a une culture à la Jacques Delors : on croit à ce qu’on fait, on fait ce qu’on dit, etc… On comprend en même temps pourquoi le livre « La dame des 35 heures » a été pour elle une véritable tragédie. « L’homme des 35 heures », c’est DSK.

Venons-en aux gardes rapprochées. Celle de Nicolas Sarkozy, dites-vous, est de plus en plus clairsemée…

EC : Quand on approche de la fin d’un septennat, beaucoup préfèrent avoir un poste sûr et partent. Certains s’en vont aussi par fatigue, car le pouvoir use. Et puis, il y a l’isolement qui est consubstantiel au pouvoir, surtout quand il est exercé de manière quasi-monarchique.

Vous le soulignez, en cinq ans d’exercice du pouvoir, Nicolas Sarkozy s’est mis à dos les médias, les financiers, les intellectuels, mais aussi les catholiques et les musulmans qui le soutenaient avant son élection…

EC : Nicolas Sarkozy est très énergique, très courageux mais c’est aussi quelqu’un de « clivant ». Au lieu de rassembler, il s’est mis à dos toutes les catégories sociales par des paroles malheureuses. Mais cela ne veut pas dire que, le jour venu, ces gens-là se retrouveront dans celui qui lui fera face.

François Hollande s’est complètement agrégé les médias et les financiers…

Mariana Grépinet : Cela fait 30 ans qu’il construit son réseau. Hollande est très apprécié des médias, à la différence de Martine Aubry. Il suffit de la voir, à la télé, chasser les caméras…

EC : En ce qui concerne les financiers, il ne faut pas oublier que Hollande est des « leurs » de par sa formation d’énarque. Il est issu de la promotion Voltaire, dont sortent Villepin et surtout son copain Jean-Pierre Jouyet, à qui il a d’ailleurs laissé sa place.

MG : Dans la promotion Voltaire, il y avait aussi Jean-Marie Cambacérès qui gère l’association de soutien à Hollande, « Démocratie 2012 », où l’on trouve des chefs d’entreprise, des gens de droite et du centre…

Quelles ressemblances et quelles différences entre « D12 » et le « Premier cercle » de Nicolas Sarkozy ?

MG : Le principe est le même, mais dans son cercle, Sarkozy a quasiment tout le CAC 40. Les comptes de « Démocratie 2012 » sont infimes par rapport à ceux du « Premier cercle »

La popularité d’un candidat se résume-t-elle à la capacité de son équipe à fédérer les « influents » ?

EC : Dominique Paillé le dit : « la force d’un candidat, c’est d’abord ses réseaux ». Le premier de ces réseaux, c’est la presse. La grande faiblesse de Martine Aubry, c’est de se méfier des journalistes. La force de Hollande, c’est d’abreuver depuis 15 ans les journalistes en informations. Si l’équipe autour du candidat fait fructifier le réseau, c’est le candidat qui reste l’initiateur. Mitterrand qui était né avant guerre avait des réseaux multiples…

Justement : Hollande, dites-vous, s’est inspiré de lui pour organiser son cercle... 

MG : C’est une organisation « en toile d’araignée » : les proches évoluent dans des cercles différents, ce qui permet au « chef » de garder la main. François Hollande l’explique très bien : « Ce que je veux, dit-il, c’est que chacun se réfère à moi, pour que rien ne m’échappe ». 

Vous le soulignez aussi, Nicolas Sarkozy a fini par adopter la stratégie de communication de Mitterrand. Mitterrand reste un modèle indépassable ?

EC : Maurice Lévy le dit : Mitterrand a, incontestablement, été le premier à comprendre l’importance du réseau et de la communication – alors qu’il détestait la télévision.

Si vous aviez fait cette enquête il y a trente ans, qu’aurait-elle révélé de différent ?

EC : Il y aurait eu moins de communicants, moins de sondeurs, aussi. C’est l’importance de la com qui a changé. Avant, on travaillait plus au doigt mouillé, au flair, à l’intuition.

Propos recueillis par Barbara Lambert

A lire, les premiers extraits sur Atlantico...

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Élysée 2012, Les hommes de l’ombre, de Mariana Grépinet et Elisabeth Chavelet, Robert Laffont (22 septembre 2011).

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