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Comment le tsunami numérique lamine le pouvoir d’un Etat impuissant à épouser son siècle
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Editorial

La guerre sans merci que se livrent UberPop et les taxis n'est que le reflet de la difficulté de la société française à s'adapter à la révolution numérique, qui permet pourtant aux populations de profiter de plus de transparence et de réactivité.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Une grave crise survient souvent au moment où on ne l’attend pas. C’est le cas du conflit des taxis qui embrase soudain la France entière, car ce secteur est partout et joue un rôle essentiel dans l’activité d’un pays. Il couvait depuis longtemps, mais il était masqué par la lancinante crise grecque qui mobilise la presse et secoue les marchés financiers. Il apparaît désormais au grand jour parce qu’il met en relief la difficulté de notre pays à s’adapter au monde d’aujourd’hui.

La révolution numérique, qualifiée de véritable "tsunami" par Maurice Lévy, le président de Publicis, donne un formidable pouvoir aux individus, qui leur permet de passer par-dessus les contraintes, les obligations, les rigidités accumulées au fil des siècles par un système symbolisé par les milliers de pages d’un code du travail sacralisé comme un véritable tabou auquel la représentation nationale parlementaire n’ose pas toucher pour le réformer.

Internet est en train de libérer des populations qui partout dans le monde réclament transparence et réactivité, grâce à des contacts en direct pour obtenir une efficacité face à une société verrouillée, tarifée, ou tout changement paraît interdit à priori. Partout, les initiatives surgissent pour soulever la chape de plomb qui repose sur le pays. Ce qu’on appelle l’économie de partage connait un essor sans limites : que ce soit dans les transports, les achats de biens et services, les locations, et même les produits financiers, des relations en direct surgissent grâce à Internet entre particuliers, mettant à mal les rentes de situation que se partageaient des intermédiaires dont le seul souci était de maintenir leurs privilèges sans changer quoi que ce soit. Dans le monde de l’entreprise, les start-up se multiplient et cassent les codes traditionnels. C’est le grand mouvement des Modernes contre les Anciens. "L'ubérisation de l’économie", comme on l’appelle désormais depuis le conflit des taxis qui n’ont pas su s’adapter à temps, s’apparente à la révolte des Canuts au dix-neuvième siècle, dont on connaît le destin.

Face à cette évolution qui s’accélère, le pouvoir est désemparé. Une fois de plus, il se réfugie dans les rodomontades, les mouvements de menton. Il déploie une agitation stérile, menace de sanctions qu’il ne peut véritablement déployer, car il est victime de l’Etat de droit, avec une justice qui ne vit pas au rythme qu’imposerait l’évolution de la société. L’opinion ressent ce sentiment d’impuissance qui explique, à défaut de justifier, une exaspération qui trouve un exutoire dans la violence.    

Car les discours euphoriques du gouvernement sur le retour de la croissance viennent se fracasser contre les réalités. Le pouvoir affiche pourtant des ambitions bien modestes avec un espoir de progression d’un pour cent cette année, alors qu’au fil des mois le chômage continue de battre des records. La Cour des Comptes vient une fois de plus de tirer la sonnette d’alarme face à la prodigalité des dépenses publiques qui ont diminué légèrement l’an dernier en raison de la baisse des taux d’intérêt, mais qui recommencent à déraper au point que l’objectif de ramener le déficit à 3,8% du produit intérieur brut parait de plus en plus chimérique. Aux critiques qui viennent de tous bords, le pouvoir répond pas des dénégations molles, en se drapant dans son immobilisme, comptant seulement sur les longues vacances d’été pour faire retomber la pression.

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