Cléopâtre, reine d’Egypte : "On m’a traitée de salope, mais j’ai montré qu’une femme aussi pouvait exercer le pouvoir 20 ans et pour le bien de son peuple"<!-- --> | Atlantico.fr
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Cléopâtre, reine d’Egypte : "On m’a traitée de salope, mais j’ai montré qu’une femme aussi pouvait exercer le pouvoir 20 ans et pour le bien de son peuple"
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Les grandes interviews de l'été

Interviews virtuelles mais exclusives accordées par les personnalités ayant le plus influencé le cours de l’histoire de la France et des Français. Nous les avons retrouvées et rencontrées afin de leur demander quel jugement elles portent sur la situation politique et économique actuelle. Dixième interview de cette série de l'été avec Cléopâtre.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Cléopâtre est devenue un personnage de légende, dès son vivant. Pour les historiens, celle qui fut reine d'Egypte pendant 20 ans est la première femme de pouvoir connue et sans doute la femme la plus célèbre de l'Antiquité.

Alors, elle est certes connue pour ses talents d'amoureuse, sa fougue et ses charmes lui permettront de conquérir Jules César puis Marc Antoine.

Pourquoi ? Pour le plaisir et par intérêt, elle ne s'en cache pas, son but est de préserver l'unité de l'Egypte. Plutôt que de tomber dans la colonisation que Rome impose un peu partout en Europe, elle va faire en sorte de nouer des alliances de coopération avec Rome. Des partenariats, pour le bien de son peuple.

Son objectif aura été pendant tout son règne de garder les richesses agricoles de l'Egypte pour les Egyptiens, d'éviter le pillage systématique de la Plaine du Nil, qui est une des plus fertiles de toute la Méditerranée.

Mais l'ambition de Cléopâtre sera aussi de protéger la culture, la langue, les traditions, bref tout ce qui a façonné les valeurs et l'identité de l'Egypte.

Et pour garder cette indépendance en dépit de moyens militaires insuffisants, elle se doit d'être habile pour déjouer les pièges et les trahisons et coquine pour charmer et désarmer l'éventuel prédateur.

Elle connaît les hommes, elle sait, ce qui les fait fondre. Et ce qui les anesthésie. Le charme, la beauté, l'esthétique, la gourmandise et la luxure. Elle va user et abuser de tous les moyens que la nature a mis à sa disposition.

Jean-Marc Sylvestre : Cléopâtre, majesté, Blaise Pascal a écrit que si le nez de Cléopâtre avait été plus court la face du monde en aurait été changée. Quand avez-vous pris conscience que votre beauté pouvait paralyser les hommes et vous aider à prendre le pouvoir ?

Cléopâtre VII : Je ne sais pas. Vous me flattez. Très jeune. Mais je ne voudrais pas que vous perdiez votre temps et moi le mien. A cause de mon nez, de mes seins et de ma chute de reins, on m'a traitée de salope. Certains m'ont même surnommée "la plus grande putain de la vallée du Nil"... Quel honneur ! Alors pour clore ce chapitre, je voudrais vous dire que je suis une femme. Qu'il a fallu que je me batte pour accéder au pouvoir et qu'il a fallu que je me batte encore plus pour le conserver parce qu'à cette époque, 60 ans avant J.-C., la méditerranée était menacée par les ambitions de l'empire romain qui voulait étendre son hégémonie, non seulement sur l'Europe toute entière mais aussi sur le bassin méditerranéen et particulièrement l'Egypte. Et au delà sur tout l'Orient.

Et bien, pour que l'Egypte garde son indépendance, ses richesses et ses valeurs, il m'a fallu déployer des trésors d'imagination et obliger les empereurs romains, Jules César d'abord et Marc Antoine ensuite, à passer une alliance avec nous. Arrêter la guerre contre l'Egypte et cohabiter sans plus.

J'ai passé ces alliances, j'ai séduit César. J'ai pu exercer le contrôle du pays, mais pour qui croyez vous que j'ai fait toute cela ? Et bien je l'ai fait pour le bien du peuple. Il fallait se méfier de Rome. Rome a eu une stratégie de conquête à des fins de colonisation. Rome pillait les ressources du pays conquis pour nourrir les Romains.

Et croyez-moi le peuple Egyptien sait très bien que je l'ai protégé de ces prédateurs. Le résultat c'est qu'aujourd'hui, ma notoriété, comme vous dites, dépasse les frontières du pays.

Vous êtes fâchée ?

Je ne suis pas fâchée, j'en ai assez qu'on ressorte les mêmes bêtises sur moi. Christine Deviers-jancourt, vous vous souvenez, a bien été baptisée "la putain de la république" sous Mitterrand, mais vous savez sur quel royaume elle régnait. Un ou deux ministres ... Ridicule. Et bien, moi je suis une pharaonne. J'ai régné sur l'Egypte toute entière. Il n'y a pas d'autre exemple dans l'histoire. Catherine II en Russie, peut-être ? Alors j'étais jolie sans doute. Mais pas seulement. La nature m'a gâtée, et mon père m'a fait donner toute l'éducation qu'on ne donnait pas aux femmes. J'ai eu les meilleurs précepteurs de l'époque. J'ai appris la philosophie, l'histoire, la géographie, les mathématiques, l'astrologie, et je parle six langues : l'arabe, le latin, le grec, l'araméen, le syrien, l'arménien. Je sais nager, danser et chanter juste. Alors les critiques et les insultes, vous vous les gardez !!!

Ne vous énervez pas, je ne voulais pas vous froisser. Quand et comment êtes-vous montée sur le trône ?

A la mort de mon père, tout simplement, en mars 51 avant Jésus-Christ. Sauf que le testament de mon père me désignait comme successeur avec mon frère cadet qui avait dix ans de moins. Selon la coutume, je ne pouvais pas régner seule. Et oui, je suis une femme.

Et comment ça se passait avec votre frère ?

Très mal. J'ai essayé de changer la coutume, mon frère et ses amis m'ont accusée de comploter. Ils ont mobilisé les habitants d'Alexandrie et j'ai dû fuir en Syrie où j'ai recruté des mercenaires arabes.

L'arrivée des armées romaines va changer la donne. Jules César a réussi à vaincre Pompée qui était son grand ennemi en Juin 48 avant J.-C. en le poursuivant jusqu'à Alexandrie.

Jules César a prétendu que vous aviez aidé Pompée dans sa fuite.

Oui, Jules César venait surtout avec l'intention de récupérer de l'argent et d'annexer l'Egypte. Il s'est installé au palais des pharaons et je sais qu'il n'avait jamais rien vu d'aussi beau. Je crois qu'il s'est aperçu alors que l'Egypte était immensément riche. Le palais était magnifique avec des fresques, des meubles en ébène, brodés d'or. César a demandé à nous voir, mon frère a refusé. Et César est entré dans une colère noire.

C'est à ce moment là que vous êtes entrée en scène si j'ose dire. César a réquisitionné un appartement dans ce palais, il tourne en rond comme un fou furieux quand on frappe à sa porte. Un Egyptien se présente alors avec un immense tapis. Les gardes se méfient du cadeau, César, un peu calmé, l'accepte. Le coursier déroule le tapis avec précaution et fait apparaître, oh surprise, une très jeune femme quasiment nue. La jeune femme c'est vous... César est stupéfait, et à ce moment là, vous lui dites "Bonjour !"

Ça s'est passé comme cela, oui. Je luis ai dit : "Puisque vous vouliez me voir, me voilà nue et sans défense". Faut savoir que mon frère m'avait poussée à l'exil au fin fond du désert. Je crois que Jules César a été impressionné par cette arrivée très hollywoodienne et assez érotique ma foi !

Sans doute, il vous a décrite comme merveilleusement belle et correspondant aux critères de beauté de la Rome antique ? Vous avez à peine 20 ans et lui en a 52. Jules César à l'époque est l'empereur le plus puissant du monde, il a gagné toutes les batailles, séduit toutes les femmes qu'il voulait et les hommes aussi. C'est le plus courtisé et César consomme beaucoup, il a conclu de multiples unions à des fins stratégiques mais en dehors, il a collectionné les maîtresses, les esclaves comme les princesses, les filles de joie ou les filles de roi, qu'elles soient libres ou mariées et ce jour-là, il découvre Cléopâtre. Malgré votre jeune âge, vous n'étiez pas farouche avec les hommes.

Non, j'aimais les hommes, je l'avoue. Alors j'avais eu une grande histoire avec Gnaius, le fils de Pompée, mais ça n'avait pas duré. Sinon, les mœurs étaient très libres à cette époque. Le sexe n'est pas immoral, c'est une activité saine et nécessaire à l'équilibre personnel. Bref ça ne choque personne et je peux vous dire qu'au palais de mon père, il y avait toujours un esclave disponible pour participer à des jeux érotiques. Donc, j'ai été initiée très jeune.

J'ai compris très vite que Jules César n'allait pas me reprocher mon audace. Il m'a prise et nous avons passé la nuit ensemble. Le plaisir et l'amour étaient au rendez-vous. C'était plus que bien.

Au petit matin, je savais que j'avais gagné. Mon frère qui apprend que j'ai couché avec César sait, lui, qu'il a perdu.

Ça ne vous sera pas très facile d'éliminer votre frère du jeu.

L'empereur ne veut pas d'histoire. Il aurait pu anéantir le pays, il va nous laisser le gérer. Jules César veut respecter le testament et rétablir mon frère et moi comme co-souverain. Il voulait veiller à l'équilibre de ce pouvoir à deux têtes. Ça pouvait aussi lui rendre service. Moi je m'en moquais un peu, ma liaison avec l'empereur se passait très bien. Il était fou amoureux.

Mon frère n'acceptait pas ce deal. Il a donc essayé de se débarrasser de Jules César qu'il trouvait, disons, encombrant, il a tenté de l'empoisonner, puis de fomenter une révolte du peuple d'Alexandrie. N'importe quoi ! Que des échecs.

Très énervé, jules César a alors lancé ses légions contre les soldats qui avaient été payés par mon frère qui a été obligé de s'enfuir par le fleuve, il est tombé dans l'eau du Nil et a disparu noyé. On a retrouvé son corps quelques jours plus tard. Personne n'a pleuré et moi, je n'ai pas porté le deuil. L'avenir, pour moi, était plus clair. Le trône d'Egypte m'appartenait, Jules César me protégeait.

J'étais enceinte. Les dieux étaient avec moi. L'avenir qui s'offrait à cet enfant qu'on allait appeler Césarion pouvait être glorieux. Je le voyais régner plus tard sur l'Orient et l'Occident, et réaliser le rêve d'Alexandre le Grand. Pourquoi en plus, ne pas imaginer qu'Alexandrie ne devienne pas la capitale de ce monde réunifié. J'y pensais et d'autres aussi.

Le peuple d'Egypte réagissait comment ?

Le peuple n'aimait pas trop les Romains, mais César avait renoncé à ses projets d'annexion ou de colonisation. D'abord parce qu'il passait le plus clair de son temps à Alexandrie avec moi et je faisais en sorte qu'il trouve cela agréable sans beaucoup travailler. Ensuite, je crois qu'il pensait que son armée n'était pas capable d'occuper le pays. Le Nil l'angoissait.

Enfin, mon problème à moi était d'assurer la sécurité économique de l'Egypte et cette sécurité dépendait des récoltes, donc du climat et des crues du fleuve. La principale source de richesse venait du Nil qu'il fallait dompter. Mais il fallait aussi vendre les moissons. L'Egypte était le premier producteur de blé de la région. Et notre premier client, c'était Rome. Donc, si on vendait correctement les récoltes, on pouvait constituer des réserves pour affronter une mauvaise année. J'avais besoin de Rome.

L'essentiel de notre accord avec Jules César portait sur la gestion du blé. Il avait besoin de ce blé pour nourrir les Romains. Ou bien il le volait en pillant la campagne, ou bien il l'achetait. Je lui ai fait comprendre qu'il valait mieux l'acheter. Ça lui coûterait moins cher.

Mais politiquement, l'Egypte avait quel statut ?

L'Egypte était sous protectorat Romain, mais le protocole me réservait la totalité du pouvoir. Je signais tous les actes administratifs et financiers.

Vous alliez à Rome parfois ?

Le monde entier était au courant de notre liaison, le monde entier savait que nous allions avoir un enfant et Jules César passait son temps à Alexandrie, ce qui commençait à poser problème à Rome. En l'an moins 46 avant J.-C., l'empereur va donc décider sur le conseil du sénat, de quitter l'Egypte pour faire la revue de ses troupes d'occupation et rentrer à Rome. C'est à ce moment-là, qu'il va me demander de venir séjourner à Rome. J'y ai séjourné presque deux ans avec, il est vrai, de fréquents retours sur Alexandrie. Mais deux ans, c'est long.

Il y avait des raisons politiques ?

Tout était politique chez Jules César. Je pense, qu'il voulait me montrer à son peuple, je crois qu'il voulait aussi signifier qu'il était personnellement lié au premier fournisseur de céréales de Rome. En clair, avec moi les Romains ne manqueraient jamais de pain. Je leur apportais une assurance alimentaire.

Parce que vous imaginez bien que les Romains ne m'aimaient guère. J'étais la putain de l'empereur, une conquête de César, et en plus, il n'était pas question que j'offre une descendance à César. D'où la rumeur persistante que Césarion n'était sans doute pas de lui. Cicéron par exemple me détestait. Il le disait partout et l'écrivait.

Plus sérieusement, Je crois que les responsables politiques de Rome, les sénateurs par exemple, pensaient que j'étais là pour préparer un déménagement de la capitale de l'empire sur Alexandrie. J'y pensais certes, mais Jules César ne m'en a jamais parlé.

Les circonstances en ont décidé autrement, puisque César a été assassiné ?

Je sais peu de choses sur son assassinat. La mort de l'empereur a été une surprise totale. Je savais que l'exercice du pouvoir à Rome était compliqué mais je n'imaginais pas que le pouvoir de César était si fragile. Je sais que le testament ne mentionnait même pas le nom de notre fils Césarion. Mais seulement les deux héritiers officiels de César, Octave et Marc Antoine qui vont d'ailleurs se partager le pouvoir.

Moi, dans ces conditions, j'ai quitté Rome très vite en pleine confusion pour rentrer à Alexandrie et reprendre les commandes de l'Egypte.

Alors les choses ont été, là encore, un peu compliquées parce que je suis revenue en plein risque de famine, parce que le Nil était resté paresseux comme on disait, il n'était pas sorti de son lit pendant deux ans de suite. Donc pas de crues, pas d'irrigations, pas de récolte.

Faute de blé, je craignais des émeutes, d'autant qu'il y avait des légions romaines qui avaient commencé à piller certains greniers.

La situation a été très très confuse. Je n'avais encore que 29 ans avec dans les bras, le fils de César que personne ne voulait reconnaître.

La rencontre avec Marc Antoine va, une fois de plus, faire basculer le destin.

Je connaissais Marc Antoine depuis longtemps. Marc Antoine était officier dans l'armée romaine et je l'avais rencontré quand j'avais 15 ans. Il nous avait un peu aidés à mettre de l'ordre dans la succession de mon père. Je l'ai revu beaucoup plus tard, lors de mon séjour à Rome et, à ce moment-là, il était général et nos rapports ont été, disons, plus intimes mais sans lendemain.

Après la mort de Jules César, le monde sous influence romaine est partagé en deux. L'Occident et l'Orient. Octave va prendre l'Occident et s'installer à Rome et Antoine sera chargé de gérer l'Orient. On s'est donc retrouvés à Alexandrie.

Et alors, il avait besoin de vous et vous de lui ?

En quelque sorte. Je le connaissais bien, je savais ses faiblesses. A son arrivée, j'ai invité Antoine à dîner sur un bateau que j'avais fait aménager pour la circonstance avec beaucoup de bijoux, de fleurs, et de nymphes. Des mets délicats et des coussins moelleux. Le Nil, le coucher de soleil et la tiédeur de la nuit. C'est merveilleux une croisière sur le Nil.

Ainsi a commencé une liaison torride qui a duré plus de 10 ans. J'avais 29 ans et lui 45 ans.

Pendant ces dix années, nous avons profité l'un de l'autre. D'abord les choses étaient plus faciles que du temps de César. Les Egyptiens avaient plus confiance en Marc Antoine. Ensuite nous avons fait deux enfants, deux jumeaux, un garçon et une fille. Enfin, nous nous protégions mutuellement. Je savais que je pouvais compter sur ses moyens militaires en cas de désordre et lui savait qu'il pouvait compter sur mes approvisionnements en blé.

Mais votre objectif était de reconstituer un vaste empire de l'Orient sur lequel vous auriez régné ?

C'est terrible parce qu'en politique, vous avez toujours des conseillers ou des amis qui vous suggèrent des ambitions supérieures à celles que vous aviez au départ. J'étais très prudente. Step by step.

Ce que je sais, c'est que Marc Antoine avait des problèmes avec Rome. Octave le soupçonnait d'avoir des intentions hégémoniques ou belliqueuses.

Antoine avait des ambitions, certes, mais vers l'Orient. Certaines initiatives ont tourné au désastre, la guerre en Arménie contre les Parthes par exemple. Il fallait assumer ces échecs et trouver à les financer.

Parce que quand vous gagnez la guerre vous trouvez l'argent dans le pays vaincu, mais quand vous perdez la guerre, vous devez payer la facture.

Je pense que Marc Antoine voyait trop grand, il gagnait des contrées sur lesquelles il n'avait pas les moyens d'organiser un contrôle administratif et militaire. Je me souviens d'un retour triomphal à Alexandrie, je me souviens du jour où il a proclamé Césarion, le roi des rois de l'Orient, pour me faire plaisir, mais tout cela était mal préparé politiquement et finissait par déplaire aux populations. Je sais qu'à Rome, on n'acceptait pas ces démonstrations de puissance.

La guerre entre Octave et Marc Antoine s'est avérée inéluctable ?

Octave craignait le pouvoir de Marc Antoine qui restait très populaire au sénat. Octave n'a pas accepté la nomination de Césarion "roi des rois" parce qu'il savait que Césarion était le seul fils de César. Césarion avait donc une certaine légitimité aux yeux des Romains. Antoine utilisait cette légitimité. Moi je le laissais faire. Donc Octave, à Rome, y voyait une menace. Octave était parano... Il pensait que je voulais, moi aussi, venir prendre tout le pouvoir à Rome. Je n'y avais pas songé, mais je dois dire qu'Octave m'a un peu convaincue que ça devait être possible.

La guerre est, de ce fait, devenue rapidement inévitable. Le conflit a été très confus et très coûteux. Octave ne sait pas faire la guerre et Marc Antoine est très désordonné. Très présomptueux. En plus, il boit et sort la nuit. Il est fatigué et parfois déprimé par sa vie de débauche.

La fin du film est très décevante, vous auriez pu soigner votre sortie.

Comme souvent, les grands films pleins d'ambitions se terminent mal, mais ça n'a pas d'importance. Quand Antoine rentre en Egypte, il ne prend aucune disposition pour retarder les projets d'invasion d'Octave. Quand Octave arrive en vue d'Alexandrie, la rumeur court que je me suis suicidée, du coup Antoine désespéré se donne la mort au Palais. Moi je vais envoyer Césarion à l'abri au Soudan où nous avions quelques amis fidèles.

Sinon, j'ai vu Octave, il a demandé à me voir, on a parlé et je n'ai pas compris ce qu'il voulait faire de moi.

Voulait-il passer un accord pour s'attacher les bonnes grâces du peuple qui m'aimait bien, voulait-il me pousser au suicide. Je pensais qu'il allait m'emprisonner et non. Donc je suis restée calme et sereine.

Mais vous avez fini par vous suicider.

C'est inexact, Octave m'a fait assassiner. Alors je sais que Plutarque a fait un récit incroyable de mon suicide, mais c'est un roman : "Avec ses deux plus fidèles servantes, Iras et Charmion", écrit-il, "Cléopâtre se donne la mort le 12 août 30 av. J.-C. en se faisant porter un panier de figues contenant un ou deux serpents venimeux."

C'est complètement faux, la seule chose intéressante, c'est que ça permet à Plutarque de rappeler une nouvelle preuve de l'attachement de la reine aux traditions égyptiennes. Le cobra pharaonique, c'est vrai, passait pour conférer l'immortalité. Alors il a été gentil dans sa méchanceté. Ce Plutarque avait une langue de vipère.

Mais vous êtes immortelle ?

Moi je ne sais pas. Mais l'Egypte que j'ai protégée est sûrement immortelle, tant que le Nil lui apportera la richesse. L'Egypte immortelle valait bien que je me fasse traiter de salope...

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