Clash Mélenchon/Désir : dans quel vide idéologique se trouve le PS pour ne plus avoir que le politiquement correct à la bouche ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Harlem Désir n'a pas apprécié les propos de Jean-Luc Mélenchon contre Pierre Moscovici.
Harlem Désir n'a pas apprécié les propos de Jean-Luc Mélenchon contre Pierre Moscovici.
©Reuters

Presqu'un point Godwin

"C'est un comportement de quelqu'un qui ne pense pas français, qui pense finance internationale". Ces propos de Jean-Luc Mélenchon contre Pierre Moscovici ont donné des "haut-le-coeur" à Harlem Désir. Le leader du Front de gauche a nié toute arrière-pensée antisémite.

Christian Millau

Christian Millau

Grand reporter, critique littéraire notamment pour le journal Service Littéraire, satiriste, Christian Millau est aussi écrivain.

Parmi ses parutions les plus récentes : Au galop des hussards (Grand prix de l'Académie française de la biographie et prix Joseph-Kessel), Bons baisers du goulag et aux éditions du Rocher,  Le Petit Roman du vin, Journal impoli (prix du livre incorrect 2011), Journal d'un mauvais Français (21 avril 2012) et Dictionnaire d'un peu tout et n'importe quoi (Rocher, 2013)

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Atlantico : Jean-Luc Mélenchon a qualifié Pierre Moscovici de "petit intelligent qui a fait l'ENA" et qui "ne pense pas français, qui pense finance internationale". Harlem Désir a aussitôt réagit en dénonçant un "vocabulaire des années 1930" qui lui donne des "hauts le coeur". Il a été rejoins par Manuel Valls et Pierre Assouline, porte-parole du PS. Le PS n'a-t-il plus rien à dire, pour se lancer dans une critique de propos dont l'antisémitisme semble tiré par les cheveux ?

Christian Millau : On peut se demander si tout cela n’est pas lié à la chute spectaculaire de François Hollande dans les sondages. Jean-Luc Mélenchon n’a aucune envie de rester dans un bateau qui coule et on peut comprendre qu’il sorte l’artillerie. En ce qui concerne ses propos soi-disant antisémites, on peut penser qu’il est suffisamment intelligent pour ne pas être tombé dans ce piège.

On sait bien que l’attaque contre la finance internationale était une des obsessions d’Hitler, mais il faut se souvenir que c’était également une obsession de la gauche à l’époque du Front populaire. Et avant même le Front populaire, n’oublions pas le slogan lancé en 1934 par Edouard Daladier sur les « Deux cents familles maîtresses de l'économie française et, en fait, de la politique française ».

C’est un leitmotiv qui revient perpétuellement à gauche.

Hitler, lui, ajoutait « la juiverie internationale » à son propos, ce qui n’était pas le cas de Daladier. Mélenchon quant à lui, dit ce qu’il veut sur Chypre. A-t-il raison ou tort, c’est un autre débat, mais il n’a certainement pas voulu atteindre à l’honneur de Pierre Moscovici. C’est évident. Ca indique seulement qu’il veut de plus en plus marquer sa différence avec un PS qui sent la déroute.

Quant à Harlem Désir, il est beaucoup critiqué par ses propres amis du PS, qui pensent qu’il ne fait rien à la tête du parti. De Mélenchon à Harlem Désir, ils sont surtout tous en train de défendre ce qu’il reste de leur pré carré.

Comment expliquer que leur seule réaction fut ce politiquement correct, le fait de ne pouvoir critiquer la « finance internationale » sans être taxé d’antisémitisme ?

C’est ridicule, car la gauche a toujours critiqué la finance internationale, et Léon Blum, pour ne citer que lui, aurait été mal placé pour critiquer la juiverie !

Tout cela, c’est anecdotique en vérité, on  n’en parlera plus dans trois jours. Mais cela donne une image assez réelle de ce qu’est la gauche depuis quelques temps. On n’a beau ne pas attacher d’importance aux sondages quand on en est victime, la nouvelle chute de François Hollande a dû les frapper.

Pourquoi parler d’antisémitisme ? Parce qu’ils n’avaient rien d’autre à répondre, tout simplement ! Quand on est aux abois, on sort n’importe quoi. Là, ils ont sorti une énormité qui leur retombera sur le nez, car il est bien évident que Mélenchon n’est pas un antisémite. C’est, si on veut, un coupeur de têtes ou un Robespierre, mais certainement pas un antisémite… Et même s’il l’était, il est suffisamment malin pour ne pas sortir un truc pareil. Il faudrait vraiment le prendre pour un idiot.

L’idiot de service, là, c’est Harlem Désir.

N’a-t-il pas oublié qu’il n’est plus le président de SOS Racisme ?

Il est dans une position délicate, attaqué de toute part par ses amis. Alors effectivement, il sort la carte du racisme. Pour n’importe quoi aujourd’hui, vous vous faites traiter de raciste et d’homophobe. Cela ne me choque pas de la part d’un type comme Harlem Désir, car je ne pense pas qu'il soit une grande figure de la 5e République.

Lui-même se sentant attaqué, il a trouvé un argument qui lui semblait naturel et qui est propre à SOS Racisme. Cela montre tout simplement qu’ils sont tous dans un malaise total.

Il sera intéressant de voir la réaction de François Hollande, mais vraisemblablement il ne dira rien, car il n’est pas dans son habitude de relever les propos de son entourage. On l’a vu avec les propos de Victorin Lurel sur Hugo Chavez, qu’il a comparé à De Gaulle et Léon Blum. C’était pas mal non plus, ça !

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