Cessez-le-feu : ces quelques jours dont ont encore besoin les Israéliens pour réduire vraiment la puissance de feu du Hamas<!-- --> | Atlantico.fr
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Un bombardement par l'armée israélienne dans le quartier de Rimal à Gaza le 16 mai 2021.
Un bombardement par l'armée israélienne dans le quartier de Rimal à Gaza le 16 mai 2021.
©Bashar TALEB / AFP

Menace terroriste

Alors que les affrontements entre Israël et le Hamas se poursuivent, la France a déposé mardi soir une résolution devant le Conseil de sécurité de l'ONU, en coordination avec l'Egypte et la Jordanie pour réclamer un cessez-le-feu.

Dov Zerah

Dov Zerah

Ancien élève de l’École nationale d’administration (ENA), Dov ZERAH a été directeur des Monnaies et médailles. Ancien directeur général de l'Agence française de développement (AFD), il a également été président de Proparco, filiale de l’AFD spécialisée dans le financement du secteur privé et censeur d'OSEO.

Auteur de sept livres et de très nombreux articles, Dov ZERAH a enseigné à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), à l’ENA, ainsi qu’à l’École des hautes études commerciales de Paris (HEC). Conseiller municipal de Neuilly-sur-Seine de 2008 à 2014, et à nouveau depuis 2020. Administrateur du Consistoire de Paris de 1998 à 2006 et de 2010 à 2018, il en a été le président en 2010.

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Atlantico : Quelle est la stratégie militaire actuellement menée vis-à-vis de la bande de Gaza ? Quel but vise-t-elle ?

Dov Zerah : La stratégie militaire israélienne a deux caractéristiques :

  • « Maintenir un épais brouillard sur les opérations ».

Aucun but de guerre n’est clairement affiché. Hier encore, le Premier ministre Benjamin NETANYAOU déclarait ne pas avoir encore choisi entre la destruction totale du Hamas ou un affaiblissement significatif accordant à Israël un répit de quelques années.

Aucun détail n’est communiqué sur les opérations conduites malgré la diffusion de certains chiffres. Quelle que soit la précision des bombardements israéliens, comment un millier de frappes n’a-t-il entrainé que deux à trois cents morts dont 10 % de civils ?

De nombreuses versions contradictoires ont circulé sur la « ruse des tunnels » organisée la semaine dernière ; Tsahal a laissé entendre que les fantassins allaient entrer dans Gaza (comment croire que les supérieurs ont laissé les soldats prévenir leurs familles de cette éventualité ?) pour pousser les hommes du Hamas dans les tunnels avant de les bombarder.

  • « Poursuivre un agenda précis et détaillé ».

Pour la première fois depuis « la guerre des six jours », le chef d’état-major, Avi KOKHAVI engage chacune de ses opérations dans un ordre très précis et dans le cadre d’une préparation très minutieuse Tout était préparé dans les cartons et Avi KOKHAVI ouvre dossier après dossier avec une grande méticulosité.

Cela explique qu’il se soit attaqué dés le début à la dizaine d’ingénieurs supervisant la fabrication des missiles avant de viser les rampes de lancement et les zones de stockage. Ne croyant pas à une telle éventualité la direction du Hamas ne les avait pas suffisamment protégés.

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Tout cela n’a été possible qu’avec un exceptionnel réseau d’informateurs et une forte coordination entre les différents services militaires de renseignements et avec l’expérience acquise par Avi KOKHAVI en ce domaine.

On est loin de « la guerre du Kippour » au cours de laquelle Israël a été surprise, des guerres du Liban en 1978, 1982 ou 2006 où Israël a réagi pour venger un ambassadeur ou récupérer des otages, ou encore de la dernière opération sur Gaza en 2014, « bordure protectrice », qui n’a pas réglé la situation malgré 49 jours de combats…

Atlantico : Quel est l’état des forces du Hamas ? Ont-ils encore des capacités de nuisance ?

 Dov Zerah : Les capacités de nuisance du Hamas et du Djihad islamique ont été notablement écornées avec :

  • Même si les rampes de missiles à longue portée semblent avoir été détruites, il ne faut pas exclure de nouveaux tirs juste avant le cessez le feu. Le Hamas et le Djihad islamique n’ont pas réussi à bombarder une seule fois Tel Aviv depuis samedi dernier. Seules les localités situées à 30-40 km de Gaza ont été visées ces derniers jours. Pour maintenir la pression sur Israël, les organisations palestiniennes situées au Liban ont lancé des missiles ; il est peu vraisemblable que le front Nord s’enflamme car le Hezbollah n’a pas hésité à condamner ces initiatives et, après onze jours de combat, n’a manifesté aucune solidarité vis-à-vis des Gazaouis.
  • Pour masquer ses pertes humaines et contrairement à son habitude, le Hamas n’a pas mis cette fois-ci en scène ses morts lors de funérailles médiatisées et transformées en manifestations politiques. C’est un indicateur de sa perte de puissance. Le Hamas ne veut pas l’afficher pour ne pas perdre son image auprès des Palestiniens vivant sous l’Autorité palestinienne.
  • Tsahal a réussi à neutraliser toutes les tentatives de pénétration terrestre du territoire israélien ainsi que toutes les opérations marines menées par des mini sous-marins ou embarcations gazaouis.
  • Le Hamas a attaqué plus de 3 000 fois Israël alors que l’État juif a procédé à trois fois moins de bombardements. Mais, grâce au système de défense « dôme de fer », les pertes humaines et dégâts matériels sont relativement circonscrits.

Plus de 700 roquettes ou missiles sont tombés sur place occasionnant plus de vingt morts ou empêchant la livraison de l’aide humanitaire.

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Atlantico : La France a déposé une résolution à l’ONU pour un cessez-le-feu. N’est-ce pas prématuré ? Ne faudrait-il pas attendre que la puissance de feu du Hamas soit réellement neutralisée pour empêcher d'éventuelles représailles à l’avenir ?

Dov Zerah : Comme lors des précédentes confrontations, il faudra s’y reprendre à plusieurs reprises avant avoir un véritable cessez le feu car le Hamas veut avoir le dernier mot, « l’image de la victoire », ce qui permet à Israël de continuer à cibler certains objectifs.

Il n’est pas sûr qu’Israël veuille une défaite totale du Hamas. Par sa radicalité, le Hamas divise le camp palestinien, affaiblit l’Autorité palestinienne et empêche toute perspective de solution définitive du conflit. En cherchant par tous les moyens à arrêter la confrontation et en prenant la défense du Hamas, certains acteurs internationaux ne s’inscrivent pas dans une solution durable.

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