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Carlos : pourquoi cet enfant de bonne famille est devenu un terroriste international
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Bonnes feuilles

Démence, passion amoureuse, cupidité, chantage... Tour d'horizon des facteurs qui expliquent les agissements de criminels devenus, le temps d'un procès, de véritables vedettes médiatiques. Extrait de "Les grandes affaires criminelles en France" (1/2).

Éric  Alary

Éric Alary

Spécialiste de l'histoire de l'Occupation en France, de l'histoire de la vie quotidienne dans les années 1940 et de l'histoire de la gendarmerie, Éric Alary travaille également sur le thème de l'histoire des frontières. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont L'histoire de la gendarmerie (2000), 1942, Un procès sous l'Occupation au Palais-Bourbon (2000), La ligne de démarcation (2003).

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L’apprentissage du terrorisme

S’il est un criminel parmi les plus recherchés du xxe siècle, Ilich Ramirez Sanchez, dit « Carlos » ou -encore « Chacal », est de ceux-là. Redoutable terroriste international, il a été recherché par toutes les polices européennes pour les vols et les attentats commis sur le vieux continent. Pourtant, rien dans l’enfance ne destine vraiment Carlos à devenir ce clandestin insaisissable, l’un des plus grands terroristes internationaux, capable de frapper là où il souhaite. Né en 1949, il est le fils d’un riche avocat communiste vénézuelien, mais qui reste dans la légalité et n’emprunte aucunement les chemins de la subversion. Son père lui donne l’un des prénoms de Lénine. Adolescent, le futur Carlos décide pourtant d’apprendre la clandestinité en partant à Cuba.

En 1968, Carlos se rend à Moscou où le KGB lui permet de poursuivre des études à l’université Patrice-Lumumba. Cet établissement sert à former les cadres des pays du tiers-monde. Mais il ne reste pas longtemps car il est considéré comme un étudiant débauché. Sans doute au début des années 1970, il entre au Front populaire de libération de la Palestine. En 1973, à Londres, il commence son parcours de terroriste en tirant sur le frère, juif, du président de la chaîne de grands magasins anglais Marks and Spencer. Peu de temps après, Carlos fait exploser une bombe devant une banque londonienne qu’il juge « sioniste ». L’antisémitisme est au fondement de ses premières actions terroristes.

En 1974, il est l’auteur de plusieurs attentats à Paris : il fait exploser une voiture devant les locaux de plusieurs journaux français, mais surtout, le 15 septembre, il commet un attentat contre le drugstore Publicis Saint-Germain faisant deux morts et trente-quatre blessés. Fin juin 1975, la DST l’a enfin repéré ; deux policiers sont tués par balles au moment de l’arrêter ; un troisième policier du contre-espionnage est gravement blessé. Carlos parvient à s’enfuir.

L’apogée criminel de Carlos

En décembre 1975, il prend en otage et séquestre pendant vingt-quatre heures onze ministres de l’OPEP à Vienne. Il est le cerveau d’une opération de commando qui fait trois morts. La même année, il se convertit à l’islam et part vivre à Beyrouth jusqu’en 1982. Puis, il cavale dans plusieurs pays du Moyen-Orient où il est protégé, essentiellement en Syrie. Les polices du monde occidental le considèrent comme un terroriste sans pitié à arrêter à tout prix. Au début des années 1980, beaucoup le croyaient mort. Il s’est fait oublier jusqu’au jour où il envoie une lettre à l’ambassade de France de La Haye dans laquelle il exige la libération de proches complices, dont sa compagne, Magdalena Kopp. Ils détenaient alors des kilos d’explosifs. Carlos n’est donc pas mort. Les enquêteurs ont identifié l’origine de la lettre grâce à des empreintes digitales. En 1982, Carlos est accusé d’être responsable de l’attentat du train Le Capitole (cinq morts), puis en 1983, de celui de la gare Saint-Charles de Marseille (deux morts). Entre-temps, il aurait fait exploser une voiture piégée devant le journal Al-Watan al-Arabi à Paris (un mort, soixante-trois blessés). Il n’a jamais revendiqué l’attentat.

En 1985, Carlos est vu à Damas avec sa compagne. Mais très vite, le président syrien reçoit des pressions internationales qui le somment de livrer Carlos. Cela permettrait aux Syriens de sortir de leur isolement diplomatique. En 1991, Carlos est jugé indésirable en Syrie et se rend au Soudan. L’année suivante, la France le condamne par contumace à la prison à vie pour la mort des policiers de la DST. En 1994, celle-ci le capture à Khartoum et le fait extrader vers la France où il purge toujours la peine à perpétuité prononcée en 1992.

En 2004, il a publié une autobiographie. Il est alors défendu par Jacques Vergès et Isabelle Coutant- Peyre, qu’il a d’ailleurs épousée. Carlos est donc devenu une véritable « légende » du terrorisme international. Des surnoms nombreux lui ont été donnés dont celui d’« Insaisissable ». Les photographies de lui sont très rares ; les plus connues le montrent avec des lunettes noires. Aujourd’hui, chacun de ses gestes est observé dans sa cellule. Chacun de ses déplacements vers un juge ou le tribunal est l’objet d’une surveillance policière sans précédent en France, à la hauteur de la réputation du «Chacal».

Extrait de "Les grandes affaires criminelles en France", Eric Alary, (Nouveau Monde Editions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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