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Avis aux sceptiques des Abenomics : c’est fait, après 20 ans, le Japon sort de la déflation
©REUTERS/Toru Hanai

Nippon ni mauvais

Alors que la zone euro peine toujours à sortir de la grande récession en ce début 2015, le Japon publiait les chiffres de sa croissance pour le quatrième trimestre 2014. Entre sortie de la déflation et forte création d’emplois, les "Abenomics" sont en train de porter leurs fruits.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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C’est dans une ambiance relativement discrète que le gouvernement japonais dévoilait les derniers chiffres de la croissance du pays. Et pour le 4e trimestre 2014, la croissance du Japon atteint 2.2% en termes réels, soit un chiffre plus modéré que les attentes du marché, fixées à 3.6%. Après des débuts en fanfare, le programme économique nommé Abenomics serait-il finalement une déception ?

La première réponse à cette question consiste à s’intéresser à la situation déflationniste que le pays connaît depuis le début des années 90 et plus intensément encore depuis 1997. Et là, la réponse est très nette ; la réussite est totale, car pour la première fois depuis plus de 10 ans, le pays s’est enfin défait de l’étau de la déflation, comme le démontre les chiffres du déflateur du PIB présentés ci-dessous :

Graphique : Déflateur du PIB, Japon

Une situation qui, dans un second temps, conduit à s’intéresser de plus près aux derniers chiffres de la croissance japonaise. Car si le dernier trimestre a bien progressé de 2.2% en termes réels, les chiffres nominaux (tenant compte de l‘inflation) témoignent d’un rythme bien plus élevé, soit 4.4% de croissance au dernier trimestre. De quoi souligner la vigueur de la reprise japonaise suite au ralentissement survenu à la mi 2014, conséquence directe de la hausse de la TVA de 5 à 8% en avril dernier, et qui avait alors profondément impacté le consommateur japonais.

Du côté de l’emploi, les résultats méritent également d’être détaillés. Depuis l’arrivée de Shinzo Abe au pouvoir, soit depuis décembre 2012, le taux de chômage du pays a pu se contracter, passant de 4.3% à 3.4%.

Graphique : Taux de chômage au Japon en % (Source: Cabinet Office)

Une baisse des chiffres du chômage qui pourrait être considérée comme mineure si on ne prenait pas le soin de décomposer l’ensemble des chiffres. D’une part, la baisse du nombre de chômeurs atteint 520 000 personnes :

Graphique : Nombre de chômeurs au Japon (* 10 000)

Et d’autre part, le nombre d’emplois créés est lui beaucoup plus impressionnant, soit plus de 1.310 millions d’emplois créés par l’économie japonise depuis décembre 2012 :

Graphique : Nombre de personnes employées au Japon (* 10 000)

Il existe donc un curieux différentiel de 800 000 emplois, entre d’une part la baisse de 520 000 chômeurs et d’autre part l’arrivée de 1.310 millions de nouveaux employés. Une différence qui ne peut s’expliquer que par la progression de la population active japonaise au cours de la même période. En d’autres termes, l’économie japonaise a attiré une partie de la population qui était alors exclue du monde du travail.

Et la justification de cette curiosité se trouve dans une autre promesse des Abenomics; mieux  insérer les femmes dans le marché de l’emploi. Les résultats sont impressionnants : ce sont 950 000 femmes qui ont rejoint les chiffres de la population active japonaise depuis l’arrivée de Shinzo Abe au pouvoir. Et ce, malgré une population totale en déclin.

Ainsi, sur les 1.310 millions d’emplois créés depuis la fin 2012, 280 000 ont été octroyés à des hommes et 1.030 millions à des femmes. Cette réussite des "womenomics", autre promesse de campagne, a ainsi permis au pays de voir sa population active totale progresser malgré le vieillissement continu de la population.

Sortie de la déflation, croissance à nouveau vigoureuse, forte création d’emplois, baisse du chômage, meilleure insertion des femmes au  sein de l’économie, la réussite du gouvernement Abe est difficilement contestable sur le plan économique. Des résultats qui doivent beaucoup à la nouvelle politique monétaire mise en place par Haruhiko Kuroda, Président de la Banque du Japon depuis le premier trimestre 2013. Et pourtant, la petite musique laissant entendre que les Abenomics sont un échec total continue de faire son chemin. Cela permet sans doute d’éviter de se poser des questions.

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