Avis aux candidats au bac : et le meilleur moment de la journée pour que votre cerveau enregistre vos révisions est…

Atlantico : Comment ont été menées ces recherches ? Que nous apprennent-elles exactement ?

Joëlle Adrien : Au cours de cette expérience, des électrodes implantées dans le cerveau de souris ont accéléré le processus de mémorisation normal de leur cerveau pendant leur sommeil, ce qui fait qu'au lieu de devoir leur apprendre à faire quelque chose plusieurs fois comme on doit le faire quand on dresse un animal, les souris savaient reproduire dès le lendemain ce qu'elles avaient appris la veille en une seule fois seulement.

Cela démontre surtout que, contrairement aux idées reçues, "on n'apprend pas en dormant", mais qu'on mémorise ce qu'on a appris la veille pendant la nuit. C'est une seconde étape, pas la première.

Quelles zones ont été stimulées et quels sont leurs liens avec la capacité du cerveau à apprendre ou à absorber des connaissances ?

La mémorisation de ce qu'on a appris la veille pendant la nuit s'explique par le fait que pendant le sommeil, différentes zones du cerveau vont s'activer automatiquement.

Les informations apprises la veilles vont passer par une structure qui s'appelle l'hippocampe, qui les ressasse et les imprime, un peu comme une partition de musique que l'on rejouerait une deuxième fois, puis sont ensuite transférées au cortex préfrontal, qui gère la mémoire à long terme.

C'est pourquoi une leçon ou tout autre texte lu juste avant de s'endormir sera mieux mémorisé, car c'est la première information que va traiter le cerveau "endormi".

Sera-t-il possible un jour de transposer cette technologie sur un cerveau humain et de mieux absorber les connaissances pendant le sommeil ?

A ma connaissance, pour l'instant, ce type d'expérience a été seulement tenté sur des animaux, car ce sont des techniques invasives qui sont utilisées, c'est-à-dire que les électrodes touchent directement le cerveau, ce qui peut être très dangereux.

Pour que ces expériences soient tentées sur des êtres humains, il faudrait que se soit par le biais de techniques non invasives, avec une sorte de casque par exemple. Je ne sais pas si ce serait une bonne chose sur un cerveau sain, car cela perturberait fortement le sommeil du sujet traité. En revanche, cela pourrait avoir des effets intéressants sur des cerveaux malades, dont le processus de mémorisation ne fonctionne plus.