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Après la pagaille sur les vaccins et le fiasco annoncé sur le plan de relance, l’Union européenne va ressembler au Titanic
Après la pagaille sur les vaccins et le fiasco annoncé sur le plan de relance, l’Union européenne va ressembler au Titanic
©Sebastian Gollnow / dpa / AFP

Atlantico Business

L’Allemagne a donc remis en cause le plan de relance européen anti-Covid la veille du jour J. C’est la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui vient de suspendre la ratification du plan de relance de 750 milliards.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les Européens convaincus en étaient très fiers et ils avaient raison. Ce plan de relance pour financer la sortie de crise en 2021 représentait un progrès notable sur le chemin de la coordination des politiques européennes et de la solidarité au sein des 27. Mais l’espoir de voir l’Union européenne évoluer vers plus d’intelligence géopolitique s’est quand même éloigné. La mise en place du plan de relance européen avait pris déjà beaucoup de retard, voilà que c’est  l’Allemagne qui lui donne un nouveau coup d’arrêt. La Cour constitutionnelle de Karlsruhe a suspendu la ratification du plan de relance par Berlin, à la suite d’une requête du parti souverainiste et libéral allemand. Après l’affaire des vaccins, l’Union européenne subit donc un nouveau coup dur.

Un coup dur, pour les Etats membres qui ont besoin de ce plan de relance coordonné pour sortir de la crise du Covid. Le plan représente 750 milliards d’euros et il a été négocié l’année dernière, pour être payable dès le début 2021 et permettre aux économies de redémarrer.

Ce plan doit être ratifié par les Parlements de tous les États membres pour être débloqué. Alors qu’il y a eu des discussions un peu hard, notamment avec la Hongrie, la Pologne et les Pays-Bas. C’est l’Allemagne qui a tout bloqué, en suspendant cette ratification  à la demande de la Cour de Karlsruhe qui a  le pouvoir d’intervenir sur les comptes publics, au service du contribuable pour faire respecter la Constitution allemande. Et  dans ce cas, c’est le groupe souverainiste et libéral qui a demandé à la Cour de tout revoir, de tout vérifier.

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C’est un coup dur parce que si on ne met pas le paquet très vite, on va encore prendre du retard dans le redressement. Surtout par rapport aux États-Unis qui viennent de lancer un second plan qui est un véritable bulldozer pour remettre l'économie américaine sur les rails. C’est un coup dur enfin pour les institutions européennes qui se retrouvent  fragilisées, d’autant que la Commission n’avait déjà pas fait d'exploits dans la gestion des vaccins.

Les raisons du blocage traduisent toute la méfiance que les Allemands nourrissent à l’encontre de l‘Union européenne. Ce plan de relance était pour la première fois fédéraliste, car une partie était financée par des prêts mutualisés. C’était très nouveau. Ça ressemblait à des eurobonds . C’est l’Europe qui garantissait les prêts... et en dépit de l'accord de Mme Merkel, beaucoup en Allemagne se méfiaient parce que ça revenait à faire peser sur l’Allemagne une grande partie du risque d’impayés. L’Allemagne est la plus riche, donc celle qui contribue le plus à ces prêts. La Cour constitutionnelle va donc vérifier que ce type de prêt est bien légal.

En fait, la réalité est beaucoup plus simple. Elle est politique. Les Allemands ne veulent pas payer pour les autres. Ils n’ont pas confiance. Ils veulent savoir ce qu’on va faire de l’argent. Ils soupçonnent beaucoup de pays européens d’utiliser cet argent à autre chose qu’à de l’investissement. Les Allemands ont un peu raison de se méfier.

Parce que des pays comme l’Italie, l’Espagne, la Grèce et même la France sont déjà très endettés et leur plan d’investissements sont flous.

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Chaque pays devait soumettre un programme. La France a présenté le sien, un programme de financement des grandes mutations en 3 chapitres :

- les mutations digitales

- la mutation énergétique et la lutte pour le climat

- la réindustrialisation en France, avec un accompagnement social.

Bref, tout cela est quand même assez flou. Les programmes ne sont pas encore très bien définis. D’autant que par ailleurs, la France n’a pas encore donné beaucoup d’éléments sur la façon dont elle réduira son déficit budgétaire (9 % du PIB).

La France a déjà dépensé en gros 500 milliards d’euros  l’année dernière dans le « quoi qu’il en coute », pour soutenir les entreprises. Elle devait redépenser encore 130 milliards pour ces investissements après-Covid. On sait que de toute façon, ça ne suffira pas.  Emmanuel Macron a prévenu tout le monde la semaine dernière, lors du somment européen spécialement consacré à la crise du Covid. Cet avertissement sur la nécessité de doubler le montant du plan de relance pour ne pas paraître trop ridicule face à Joe Biden et ses 1900 milliards de dollars a dû effrayer plus d’un banquier du coté de Francfort. 

Entre le fiasco sur les vaccins, et les retards sur le plan de relance, l’Union européenne va avoir besoin d’une refondation totale ou alors, c’est le naufrage. Parler d’un naufrage, la perspective est peut-être un peu osée, l’Union européenne ne ressemble pas au Titanic, du moins pas encore. La force de l’Europe, c’est sa dernière carte pour exister. L’institution de la BCE, la banque centrale européenne, fonctionne très bien et l’euro avec. Tout le monde a besoin de l’euro, qui donne des garanties de stabilité et de crédibilité. Tout le monde et surtout l’Allemagne. Mais à terme, dès qu’on sera sortis de cette crise, l’Europe aura évidemment besoin d’une relance politique.

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