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Echec interdit : 
la réussite de François Hollande, 
dernier barrage avant le FN ?
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Deux mois pour convaincre

Pour François Hollande s’ouvre une période de deux mois qui sera vraisemblablement examinée à la loupe par l’ensemble des Français, qu’ils aient ou non voté pour lui. Ses premières mesures, s'il les met en œuvre, auront un impact rapide sur la vie quotidienne des Français, et sur l'économie du pays.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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 D’ici au 1er juillet, le nouveau Président doit commencer à gouverner sans majorité parlementaire, et avec une somme de promesses plusieurs fois répétées publiquement. Il s’est notamment engagé à réduire de 30% la rémunération du chef de l’Etat et des membres du gouvernement avant le 30 juin.

Cette mesure symbolique n’est rien par rapport à d’autres décisions qui ont un impact sur la vie quotidienne des Français: blocage par décret du prix des carburants, doublement du plafond du livret A, décret sur la retraite à 60 ans pour les carrières longues, modification de la rémunération des patrons des entreprises publiques. Ces mesures ne sont pas les plus lourdes, mais elles pourraient avoir des conséquences très rapides sur la situation économique. En particulier, les modifications apportées aux règles de l’épargne risquent de changer la donne dans l’allocation actuelle du financement long de l’économie française .

Lors du débat du 2 mai, François Hollande a par ailleurs multiplié les annonces sur sa nouvelle approche des décisions publiques, en particulier sur l’ensemble des postes relevant d’un décret en Conseil des Ministres. Il s’est engagé à éviter toute chasse aux sorcières et à introduire un véritable pluralisme dans les nominations.

De même que le dîner de Nicolas Sarkozy au Fouquet’s a pesé lourd dans la suite du quinquennat, la capacité de François Hollande à tenir dès maintenant les engagements qu’il a pris devant le peuple français risque de se révéler déterminante pour la suite de son mandat.

Or l’exercice risque de se révéler relativement compliqué.

D’une part, François Hollande ne pourra ignorer les revendications de son aile gauche. Même si Mélenchon peut assez rapidement donner des signes d’infléchissement en échange de contreparties fortes pour lui-même et son entourage, il n’en demeure pas moins que le nouveau Président devra bien céder au discours porteur de la relance par la consommation.

On connaît le précédent de 1981, qu’il n’a pu lui-même oublier. François Mitterrand avait alors mis deux ans à opérer une conversion radicale vers la convergence économique avec l’Allemagne. La dette publique ne représentait alors que 20% du PIB. Il faut maintenant réaliser la même expérience de relance, avec une dette publique près de cinq fois supérieure. C’est un pari risqué, au moment où la Grèce, le Portugal, l’Italie, l’Espagne, laissent planer la menace d’une explosion de l’euro.

D’autre part, François Hollande ne peut précisément ignorer sa propre histoire. Il appartient à cette faction du Parti Socialiste qui a porté il y a trente ans le discours d’une modernité de gauche, attachée à la libéralisation et à la compétitivité économique. Comment se détacher aujourd’hui d’une histoire qu’on a patiemment construite? Comment ferrailler de façon crédible contre les certitudes que l’on assénait au début de l’aventure qui a permis la naissance de l’euro?

Il suffit de relire les discours du François Hollande secrétaire du PS à propos de l’Europe et des délocalisations pour comprendre que gouverner en 2012 signifie largement démentir les mots prononcés jusqu’en 2008.

François Hollande est probablement assez solide pour se lancer dans ce grand écart. Mais les Français seront-ils dupes? Ils ont déjà suffisamment dit qu’ils élisaient Hollande sur une feuille de route précise, et sans l’enthousiasme qui avait nimbé l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. Les marchés financiers ont faim et soif. La France est, qu’elle le veuille ou non, engagée dans une concurrence économique difficile à soutenir. La jeunesse française est en proie au doute, engoncée dans un système éducatif obsolète.

La période courte dans laquelle nous entrons suit un quinquennat de déceptions et il est vraisemblable que les Français ne se laisseront pas impunément décevoir à nouveau.

J’en veux pour preuve l’agacement immédiatement manifesté, notamment sur Twitter, par les supporters du nouveau Président face à la médiatisation de son fils. Ce qui a conduit au rejet de Sarkozy - la peoplisation, le népotisme, le favoritisme - sera surveillé à la loupe dans les mois qui viennent. D’autant plus que les promesses de «retour à la normalité» ont été répétées.

En un mot, la France est sur une pente glissante, et elle en prend conscience. Car l’ultime alternative à un système qui ne convient pas s’appelle le Front National. À méditer longuement.

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