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Alerte aux dépenses publiques : la France bat désormais les records des pays du Nord... tout en gardant un niveau de dettes de pays du Sud
©Bernadett Szabo / Reuters

Alerte dette

La France est en tête du classement européen : 56,2% du PIB consacré aux dépenses publiques. Soit plus que le Danemark ou la Finlande.

Agnès  Verdier-Molinié

Agnès Verdier-Molinié

Agnès Verdier-Molinié est directrice de la Fondation IFRAP(Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques).

Son dernier ouvrage est "Ce que doit faire le (prochain) président", paru aux éditions Albin Michel en janvier 2017.

 

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On avait le Danemark et la Finlande pour alibis. Ils permettaient dans tous les débats d’excuser la France qui dépensait trop de deniers publics. Ces alibis ne tiennent plus. La France est bel et bien dernière de la classe.  La nouvelle livraison d’Eurostat montre que désormais, notre pays dépasse la Finlande en matière de dépenses publiques (crédits d’impôts inclus), avec 56,2% du PIB contre 56,1%. 

Et la tendance n’est pas favorable à la France. Il apparaît ainsi que, tandis que la Finlande culmine à 58,1% en 2014, la dépense en France est de 57,1%. La France après 2010 fait donc refluer  ses dépenses publiques beaucoup plus lentement que les pays du Nord pourtant connus pour leurs chers états providence. En trois ans, la Finlande a réduit sa dépense publique de 2 points de PIB, tandis que la France ne parvient à la réduire que de 0,9 point. La dernière livraison du rapport annuel de la Cour des comptes a bien mis d’ailleurs l’accent sur le fait que la France avait 7,5 points d’écart avec les pays de la zone euro en dépenses publiques en 2010 et… 10,7 points d’écart en 2015. 

Côté recettes, la Finlande en 2014 dispose d’un niveau des recettes publiques de 54,9% qui se réduit rapidement en deux ans à 54,2%, réduction forte en un an de 0,7 point suivie d’une stabilisation. Du côté français, le niveau des recettes publiques est significativement plus faible, à 53,2% en 2014. Mais il se réduit de seulement 0,4 point en 2 ans pour atteindre 52,8%.

Au niveau des prélèvements obligatoires (les recettes publiques moins les recettes non fiscales qui peuvent relever du produit des domaines, des redevances et des produits de cessions), ce n’est pas mieux. Le poids de la fiscalité pour la Finlande représente un total de 44,2% du PIB (source AMECO) pour 2016 après 44,1% en 2015 et 43,9% en 2014. 

Pour la France,  le taux de prélèvements obligatoires est plus élevé : 47,6% en 2016 contre 47,8% en 2014. On a donc une fiscalité finlandaise sensiblement en dessous de la fiscalité française avec 3 points d’écart (ce qui équivaut à environ 60 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires en France). La France en 2016 est aussi au-dessus du Danemark qui culmine à 47%, soit 0,6 point d’écart, ou la Suède, avec 44,2 en 2016 ou la Norvège avec 38% du PIB.

Côté dettes, les pays nordiques peuvent nous donner des leçons de bonne gestion, avec 63,6% du PIB pour la Finlande, 41,6% pour la Suède, 37,8% pour le Danemark, quand la France atteint les 96% du PIB. 

Il est donc clair qu’aujourd’hui la France dispose d’une dépense publique supérieure aux pays nordiques, de recettes publiques comparables, et d’une fiscalité beaucoup plus haute que tous les autres pays européens. Et dans le même temps, la dette ne se réduit pas et reste classée plutôt dans la catégorie des pays du Sud, à l’instar de l’Espagne (99,4%), de l’Italie (132,6%) ou du Portugal (130,4%).

Il est clairement temps de se réveiller. De baisser les dépenses publiques et de baisser le taux de prélèvements obligatoires et pas de quelques milliards. D’au moins 80 milliards en baisses de dépenses et 60 milliards en baisses d’impôts, taxes et cotisations.  Le redressement de l’économie française ne pourra se faire qu’à cette condition. Si les pays du Nord l’ont compris après avoir été les chantres de l’état providence et des impôts élevés, pourquoi pas nous ? Nos partenaires européens ne nous attendent pas pour les faire les réformes. Le réveil risque d’être très dur si rien de sérieux n’est fait pendant le prochain quinquennat. 

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