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Agression de Marseille : la France a-t-elle perdu la bataille de la protection de ses citoyens juifs ?
©Reuters

Garder la kippa ou pas

Après l'agression antisémite de Marseille, les juifs ont été invités à "enlever la kippa". Zvi Ammar, le président du Consistoire israélite de Marseille, estime que la communauté juive de la ville doit "se cacher un peu". Pour l'avocat franco-israélien Gilles William Goldnadel, l'Etat a perdu une bataille mais pas encore la guerre. Il faudra en tout cas que le Gouvernement rattrape son retard.

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il a notamment écrit en 2024 "Journal de guerre : C'est l'Occident qu'on assassine" (éditions Fayard) et en 2021 "Manuel de résistance au fascisme d'extrême-gauche" (Les Nouvelles éditions de Passy). 

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Atlantico : Est-ce qu'on peut considérer, au vu de ce qu'il s'est passé à Marseille, que la France a échoué dans son objectif de protéger ses citoyens juifs ?

Gilles William Goldnadel : L'Etat a perdu une bataille mais pas la guerre. On ne peut pas hypothéquer l'avenir à moyen et long terme, mais il est certain qu'à court terme, on a affaire à un déchaînement de violence qui accable les Français en général, et les Juifs en particulier. Je comprends malheureusement la décision de Zvi Ammar, le président du Consistoire de Marseille, qui est un homme de bien et un ami personnel. Mais elle sanctionne de manière extrêmement cruelle, pour les Juifs et pour la République, le prétendu vivre-ensemble, ce mythe total qui éclate devant nous. Il sanctionne également le mythe de cette merveilleuse société multiculturelle qu'on a voulu nous imposer de force en nous en chantant les louanges. Et ceux, qui comme celui qui vous parle, qui se permettaient d'interroger et de questionner cette société étaient voués aux gémonies. Tous ceux qui ne regardaient pas avec extase l'immigration en France, en Pologne ou en Allemagne étaient considérés comme des xénophobes. Aujourd'hui, être juif à Marseille est devenu problématique, alors que Marseille a toujours été une ville accueillante pour les Juifs et les Arméniens (je pense aussi à eux). Ce n'est plus du tout le cas.

Ce qui est très accablant pour la communauté juive, c'est que malgré tout ce qui lui est arrivé depuis maintenant plusieurs années, on continue comme si de rien n'était. Quand je vois ces derniers jours qu'on parle encore d'acte de déséquilibré, j'ai envie de hurler ! Sans doute que ces gens-là ne sont pas un modèle d'équilibre, mais tout cela s'insère dans un contexte de haine antisémite, de détestation d'Israël comme l'a très bien rappelé Manuel Valls dimanche dernier, de détestation de tout ce qui est occidental et français. Il n'y a pas de recette miracle pourendiguer le fléau, mais si on veut se donner les moyens d'enrayer le mal, cela passe à la fois par un renforcement de la sécurité et de l'Etat de droit démocratique en France et par un arrêt de l'immigration et du phénomène immigrationniste. Je n'ai aucun doute là-dessus.

La détestation d'Israël est l'un des facteurs principaux de cette situation. Les mots ne suffisent pas. Ils sont certes importants, et je sais gré au Premier ministre d'avoir enfin reconnu que le vecteur principal était la haine d'Israël. Mais quand on dit cela et qu'on tolère dimanche dernier une manifestation antisémite et antisioniste place de l'Opéra, malgré l'état d'urgence, pour protester contre le fait qu'il y avait un ballet israélien à l'opéra, cela vous montre bien l'écart encore fantastique entre les mots et les actes. Donc il faut savoir ce qu'on veut. Si on veut nous expliquer que la France sans la communauté juive n'est plus la France, dans ce cas-là on applique la tolérance zéro pour les incultes qui se permettent encore de faire cela. La France et le Gouvernement français savent y faire quand ils veulent interdire. Ils interdisent comme par hasard les manifestations identitaires et certaines qui s’opposaient au mariage pour tous, mais au final, il tolère un rassemblement antisémite et antisioniste. Et je trouve cela intolérable.   

Il n’y a pas de recette miracle mais la décision de Zvi Ammar que je comprends malheureusement mais elle est insuffisante. Je connais des jeunes filles juives qui ont été agressées dans le métro parisien à cause de leurs croyances. Et cela même alors qu’elles ne portaient aucun signe ostentatoire. La réaction politique vient très tard après des années d’errements. Et je pointe en premier la responsabilité des islamo-gauchistes.  

Quelle est l’ampleur du phénomène, ces faits sont-ils marginaux ou en réelle progression ?

Ce n’est pas marginal, c’est un phénomène qui va durer et qui va imposer encore une fois une vigilance intellectuelle, légale et étatique complète. Ça passera sans doute aussi par des départs en Israël. Beaucoup de juifs ne vont pas accepter d’enlever leur kipa. Et c’est leur droit aussi. Je comprends à la fois Zvi Ammar et le juif qui part en Israël.  

Cela préfigure-t-il d’autres batailles perdues pour l’Etat qui ne sera plus capable de protéger de nouvelles catégories de populations (femmes, personnes âgées, etc.) ?

L’Etat a reculé. Il a abandonné les fameux territoires perdus de la République. Lorsque je vois par exemple continuer cette manière complètement schizophrène de voir la fameuse garde municipale biterroise qui serait fascisante alors que les gardes musulmanes surveillants les entrées des églises seraient légitimes. Si l’on ne liquide pas l’islamo-gauchisme, c’est lui qui nous liquidera. La révolution doit être culturelle. C’est de l’ordre de la bataille des esprits. Quand vous avez encore une semaine de retard à l’allumage pour dénier la réalité en Allemagne comme en France, c’est grave. Lorsque vous avez un procureur de Valence qui, dans la torpeur intellectuelle et médiatique générale, se permet de dire que n’est pas un attentat terroriste un islamo-tunisien qui jette sa voiture bélier contre des policiers en criant allah akbar et en collectionnant les vidéos de propagande djihadistes, je dis qu’il y a encore au sein même des élites françaises une sorte de prêt à penser stupide. Celui-ci est à l’origine des maux dont nous souffrons.   

Comment s’en sort-on ?    

Il faut aimer les musulmans qui font partie de notre pays et qui sont pour la plupart aimables en dehors d’une minorité non négligeable qui est problématique. Il faut de ce fait refuser davantage de réfugiés ou de prétendus réfugiés islamiques. Je n’ai aucun mal à le demander. C’est la seule façon de bien veiller à la bonne intégration des musulmans de France. 

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